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Politique - Décryptage

Après la riposte et la riposte à la riposte, la situation reste sous contrôle

Depuis le 1er avril, date de l’attaque israélienne contre le bâtiment du consulat iranien à Damas, la région a retenu son souffle, attendant la riposte iranienne puis la riposte israélienne... Tout au long de ces dernières semaines, les scénarios les plus catastrophiques ont circulé dans les médias, mais depuis vendredi, l’heure est au soulagement. Surtout que les autorités à Téhéran ont déclaré samedi que, pour elles, ce chapitre est clos. Autrement dit, pour les Iraniens, le message qu’ils ont voulu adresser aux Israéliens et à ceux qui les appuient, en particulier les Américains, a été bien reçu et la réponse israélienne ne mérite pas qu’on plonge la région dans une guerre généralisée...

Justement, la réponse israélienne vendredi matin, qui a visé une cible militaire à Ispahan, est restée assez floue. D’abord, les Israéliens ont mis du temps à la revendiquer, ensuite, son impact réel en Iran a fait l’objet d’informations contradictoires. Certains médias ont affirmé qu’elle a causé d’importants dommages à des installations militaires. D’autres, au contraire, ont dit qu’elle s’est résumée à l’envoi de quelques drones rudimentaires qui ne sont même pas destinés à l’attaque. D’ailleurs, les autorités iraniennes ont dans un premier temps précisé que l’attaque a été menée à partir du territoire iranien et serait ainsi conduite par un groupe opposant interne, et ce pour réduire son importance et se dispenser en quelque sorte d’y répondre. En tout cas, selon ces autorités, elle n’a pas causé des dommages notoires.

Quelle que soit la vérité sur cette attaque, ce qui compte, c’est qu’elle montre une volonté réelle de calmer le jeu. Ce n’est donc pas un hasard si, une fois le choc de l’attaque contre Ispahan passé, le conflit à Gaza et au niveau des « fronts de soutien » (le Hezbollah au Liban-Sud et les houthis au Yémen) a repris son rythme des derniers mois, avec des attaques et des ripostes, des combats féroces dans certains camps à Gaza, des incidents de plus en plus nombreux en Cisjordanie et... des divisions internes en Israël.

Après la secousse provoquée par l’attaque contre le consulat iranien à Damas, la situation est donc de nouveau sous contrôle et les Américains ont marqué un point considérable. Depuis le début, les responsables américains n’ont cessé de clamer leur refus d’une extension du conflit sur n’importe quel autre front, à part celui de Gaza. C’est ainsi que, n’ayant pas pu empêcher le Hezbollah d’ouvrir à partir du 8 octobre le front du sud du Liban en soutien à Gaza, les Américains se sont employés par tous les moyens diplomatiques possibles – et même, selon ce que disent des médias proches du Hezbollah, en poussant les parties libanaises à faire pression sur cette formation – à empêcher toute extension du conflit. Ils ont envoyé à cet effet des messages clairs, tantôt par le biais d’émissaires directs et tantôt en ayant recours à des alliés. Ils ont même essayé de faire miroiter des promesses de retrait israélien de certains points conflictuels le long de la ligne bleue, et le soudain intérêt international pour l’application de la résolution 1701 adoptée en 2006 est lié à la volonté de maintenir le calme sur le front du Sud. Même chose concernant les attaques des houthis contre les navires israéliens ou se rendant en Israël en mer Rouge. Les Américains ont donc là aussi fait en sorte que la situation reste sous contrôle et ne dégénère pas en conflit généralisé. Ils ont même réussi à réfréner l’ardeur des formations pro-iraniennes en Irak regroupées sous la bannière d’al-Hachd ach-Chaabi, qui ont ralenti leurs attaques contre les bases américaines et réduit l’envoi de missiles contre Israël. En Syrie aussi, le front est resté relativement calme, le Hezbollah se contentant de bombarder les forces israéliennes au Golan en réponse à toute attaque contre ses installations à Baalbeck. De la sorte, les Américains avaient pratiquement le contrôle des développements militaires dans cette guerre qui dure depuis plus de six mois.

Pour les Iraniens, le coup de l’attaque contre le consulat était certes dur, et ils ont immédiatement déclaré qu’ils allaient répondre eux-mêmes parce qu’ils ont été visés directement, le bâtiment du consulat étant considéré comme un territoire iranien. En même temps, ils estiment que, depuis le début, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu souhaitait élargir le conflit pour pouvoir entraîner les Américains dans une confrontation directe avec l’Iran. D’une part, pour faire baisser la pression sur ses troupes et, d’autre part, pour obliger les Américains à défaire les Iraniens que Netanyhau considère comme ses véritables ennemis, en étant les chefs d’orchestre de « l’axe de la résistance ». Pour les Iraniens, il fallait donc absolument ne pas faire le jeu de Netanyahu en poussant vers une confrontation plus grande, tout en ripostant d’une façon spectaculaire qui montre la puissance de la République islamique. Ils ont donc envoyé une volée de missiles (on parle de plus de 320), de différents types, dont plus d’une centaine balistiques, sur l’ensemble du territoire israélien, tout en visant en particulier deux bases militaires considérées comme le point de départ des attaques contre le consulat iranien à Damas. Selon les médias iraniens, les autorités iraniennes ne voulaient pas plus que cela, et leur message a été bien reçu. De plus, l’accent a été ainsi mis sur la dépendance presque totale des israéliens à l’égard des Américains qui sont responsables du Dôme de fer qui a intercepté la plus grande partie des missiles iraniens. L’Iran est ainsi revenu à son équation de choix, celle de la force face à un adversaire de poids, les États-Unis. Dans son optique, ce sont les autres membres de son axe qui sont en confrontation avec les Israéliens, et la République islamique reste, elle, face aux Américains. De leur côté, les États-Unis ont bien fait comprendre aux Israéliens que s’ils veulent dépasser les limites acceptables, ils ne pourront pas compter sur leur aide. Ce scénario arrange les États-Unis et l’Iran qui laissent une chance aux négociations directes ou non, alors que les Israéliens, eux, se rabattent sur Gaza, la Cisjordanie et... le sud du Liban.

Depuis le 1er avril, date de l’attaque israélienne contre le bâtiment du consulat iranien à Damas, la région a retenu son souffle, attendant la riposte iranienne puis la riposte israélienne... Tout au long de ces dernières semaines, les scénarios les plus catastrophiques ont circulé dans les médias, mais depuis vendredi, l’heure est au soulagement. Surtout que les...

commentaires (2)

De la grande analyse et une excellente clairvoyance. Vous avez saisit l’essence du role de la diplomatie dans la criminelle actuelle guerre .

nabil samir

20 h 57, le 22 avril 2024

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Commentaires (2)

  • De la grande analyse et une excellente clairvoyance. Vous avez saisit l’essence du role de la diplomatie dans la criminelle actuelle guerre .

    nabil samir

    20 h 57, le 22 avril 2024

  • DU THEATRE... A LA MASCARADE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 03, le 22 avril 2024

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