De la fumée s'élève parmi les bâtiments du camp de réfugiés de Nour Chams en Cisjordanie occupée, lors d'un raid de l'armée israélienne le 19 avril 2024. Photo AFP / Jaafar ASHTIYEH
Dix Palestiniens ont été tués et huit autres arrêtés dans un raid « antiterroriste » sur le camp de Nour-Shams, près de Tulkarem dans le nord de la Cisjordanie occupée, a annoncé samedi l'armée israélienne.
Samedi soir, 48 heures après son incursion dans ce camp cible fréquente de ces raids souvent meurtriers, l'armée s'est retirée, ont constaté des journalistes de l'AFP. Tenus à l'écart, ils ont entendu une bonne partie de la journée des explosions et des tirs et vu bombarder au moins trois maisons, ainsi que des drones survoler le camp, témoignant d'une importante présence militaire sur les lieux.
Des véhicules militaires israéliens roulent dans une rue dévastée du camp de réfugiés de Nour Chams, en Cisjordanie occupée, lors d'un raid le 19 avril 2024. Photo by Jaafar ASHTIYEH
Sur des images de l'AFPTV, on peut voir des véhicules militaires et des soldats parcourir les ruelles du camp, où vivent près de 7.000 personnes.
« Les forces de sécurité ont éliminé dix terroristes pendant des affrontements », a indiqué l'armée dans un communiqué, précisant que huit soldats et un officier de la police aux frontières avaient été blessés. L'armée israélienne affirme que ces opérations visent des groupes armés palestiniens, mais des civils font souvent partie des victimes.
Au départ des militaires samedi après-midi, des secouristes se sont précipités pour venir en aide à un Palestinien menotté, la plante des pieds lacérés, gisant sur un trottoir.
Le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne a fait état de « plusieurs personnes tuées et blessées à l'intérieur du camp, mais l'armée empêche les équipes médicales de porter secours aux blessés ».
Le ministère rapporte que onze personnes ont été blessées, dont sept par balles. Parmi elles, un secouriste a été touché par un tir, a ajouté la même source dans un communiqué.
L'armée a mené des raids de maison en maison dans plusieurs quartiers du camp, a aussi constaté le correspondant.
Raid « sans précédent »
Les habitants joints par l'AFP ont dit avoir été privés d'électricité, et commencé à manquer de nourriture, étant dans l'impossibilité d'entrer ou de sortir du camp.
Les réserves de lait pour enfant s'épuisaient, et des malades chroniques, notamment des patients ayant besoin de dialyses, n'ont pas pu recevoir de soins.
Des soldats israéliens conduisent une famille palestinienne hors de leur maison lors d'un raid dans le camp de réfugiés de Nour Chams en Cisjordanie occupée, le 20 avril 2024. Photo by Zain JAAFAR / AFP
« Cette incursion est sans précédent », assuré à l'AFP Muayad Shaaban, chef de la Commission de résistance à la colonisation et au mur, une entité dépendant de l'Autorité palestinienne, évoquant « des snipers sur les toits et des forces spéciales déployées ».
« Les Israéliens veulent faire taire la résistance palestinienne en Cisjordanie, surtout dans les camps du nord » du territoire, a accusé Hassan Khuraisha, un député palestinien, interrogé par l'AFPTV.
Parmi les victimes, Qais Fathi Nasrallah, 16 ans, est mort après avoir été « touché à la tête par des tirs israéliens », avaient indiqué vendredi le ministère palestinien de la Santé et l'agence de presse palestinienne Wafa. Salim Faisal Ghanem, 30 ans, a été « tué par les troupes israéliennes » vendredi à Nour-Shams, selon Wafa.
Les commerçants se sont mis en grève samedi à Tulkarem pour protester contre ce raid, d'après cette même source.
Le raid de Nour-Shams s'inscrit dans un contexte d'intensification de la violence en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza déclenchée par l'attaque du Hamas du 7 octobre sur le sol israélien.
Au moins 480 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas
Qui sont les terroristes?
19 h 03, le 20 avril 2024