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Économie - Secteur bancaire

La Banque du Liban essaye de relancer les paiements par carte

L’institution et le ministère des Finances veulent permettre aux contribuables de payer leurs taxes par carte.

La Banque du Liban essaye de relancer les paiements par carte

Un distributeur automatique de billets à Jounieh dans le Kesrouan. Photo P.H.B.

La Banque du Liban (BDL) a annoncé jeudi, dans un communiqué, son intention de relancer l’utilisation des cartes bancaires dans le pays grâce à des mesures adoptées en coordination avec les réseaux internationaux de paiement qui se partagent le marché libanais, les banques, les institutions financières concernées et le ministère des Finances.

Cette initiative a été annoncée alors que le gouverneur par intérim de la BDL, Wassim Manssouri, se trouve encore à Washington où se tiennent les réunions de printemps du groupe Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI).

Selon le communiqué, l’objectif des mesures évoquées est de « réduire l'utilisation du cash sur le marché libanais » afin d’aligner le pays sur les normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.

À première vue, l’intérêt pour la BDL serait double. Encourager les paiements par carte lui permettrait d’abord de resserrer son étreinte sur l'argent liquide en circulation, pour continuer de stabiliser le taux de change entre la livre libanaise et le dollar, bloqué aux environs de 89 500 LL depuis 2023. Ce faisant elle serait en mesure de donner davantage de garanties de bonne foi pour que le Groupe d’action financière ne remette pas le Liban sur sa liste grise comme il envisageait de le faire au printemps dernier.

Les paiements en espèces sont devenus archidominants depuis que les banques, à court de liquidités en 2019, ont commencé à restreindre illégalement l’accès des déposants à leurs comptes en dollars, sans être rappelées à l’ordre voire même légalement couvertes par les autorités. Selon la Banque mondiale, l’économie du cash atteignait 10 milliards de dollars en 2023, soit plus ou moins la moitié du PIB. Fin 2022, le pays avait déjà perdu un quart de ses distributeurs de billets et plus d’un cinquième des cartes bancaires en circulation, en attendant les chiffres de l’ensemble de 2023.

Pour mémoire

Le secteur financier libanais « partiellement conforme » aux yeux du GAFI

Baisse des frais

Pour relancer les paiements par carte, la BDL a annoncé avoir demandé à Visa et Mastercard de réduire les frais d'utilisation des cartes de paiement au niveau local, « en particulier les cartes émises en dehors du Liban et utilisées sur le marché libanais ». La Banque centrale n’a pas communiqué les proportions de cette baisse, que Visa et Mastercard semblent avoir accepté de concéder, à en croire la formulation du communiqué. La BDL a en effet remercié les deux sociétés pour leur contribution « au succès » de son initiative.

La BDL a aussi appelé les banques et les institutions financières à faciliter l’accès aux services de paiement par carte « au coût le plus bas possible » et demandé aux commerçants à ne pas imposer de frais supplémentaires aux personnes qui payent par carte, une pratique répandue depuis le début de la crise qui a éclaté en 2019.

La banque centrale a aussi annoncé être en train de travailler avec le ministère des Finances pour permettre aux contribuables de payer leurs impôts et des taxes par cartes bancaires. Un projet qui passe par le déploiement de terminaux de paiement dans toutes les antennes du ministère à travers le pays.

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Promotion de la circulaire n° 165

La BDL a indirectement légitimé les restrictions mises en place dès 2019 en permettant aux banques de décaisser des dollars déposés sur des comptes bloqués en livres libanaises à un taux inférieur de celui du marché. Elle a aussi consacré la distinction entre ces « dollars bancaires » bloqués par les banques et dépréciés et les « dollars frais », terme imposé par la pratique pour désigner l’argent circulant hors du secteur bancaire.

Ces choix ont contribué à aggraver la dégringolade de la monnaie nationale sur le marché, que la banque centrale avait arrêté de soutenir et favoriser une coexistence des taux de change qui a complètement parasité le fonctionnement de l’économie. Le dollar en espèces est rapidement devenu le moyen de paiement privilégié et les commerçants ont commencé à imposer d’importants frais sur les paiements par cartes.

En 2022, les paiements par carte bancaire en dollars bancaires ont été définitivement arrêtés, tandis que les chèques ne servaient plus que de médium à des transactions sur un marché illégal réunissant des déposants à la recherche de liquidités et d’autres ayant besoin de solder des engagements vis-à-vis de leurs banques en dollars bancaires.

En avril 2023 et les derniers mois de l’ultime mandat de l’ancien gouverneur de la BDL, Riad Salamé, en place depuis 1993, l’institution a adopté une circulaire (principale n° 165) qui admet directement la distinction entre les dollars bancaires et les dollars frais, et met en place des mécanismes de compensations propres. Dans son communiqué, la BDL a assuré que ce texte, qui suscite la méfiance de certains banquiers, garantit que les chèques « sont devenus un moyen de paiement essentiel, sûr et alternatif à l'argent liquide ».

L’institution a enfin rappelé qu’elle avait également modifié en 2023 sa circulaire n° 69 relative aux paiements électroniques et a délivré des licences à un certain nombre de sociétés proposant des portefeuilles de porte-monnaies numériques. Le secteur bancaire libanais doit être, lui, restructuré, en réglant au préalable la question des près de 90 milliards de dollars de dépôts qu’il détient encore. Dans des propos relayés dans la presse jeudi, le gouverneur p.i. a indiqué que la BDL étudiait une nouvelle répartition entre les dépôts qui seront garantis et ceux dont le remboursement pourrait être étalé dans le temps, voire aménagé. 

La Banque du Liban (BDL) a annoncé jeudi, dans un communiqué, son intention de relancer l’utilisation des cartes bancaires dans le pays grâce à des mesures adoptées en coordination avec les réseaux internationaux de paiement qui se partagent le marché libanais, les banques, les institutions financières concernées et le ministère des Finances.Cette initiative a été annoncée alors...

commentaires (2)

Les cretins de Visa et Mastercard devraient avant tout se pencher sur toutes les cartes emises en leur nom et qui ont ete arbitrairement "desactivees" par les crapules bancaires apres octobre 2019, alors que les comptes afferents etaient largement provisionnes. Il y a la matiere a proces pour complicite de fraude. M. Mansouri revele son vrai visage, au service des crapules bancaires, en voulant activer des cartes reservees aux seuls comptes en "fresh", alors que la notion meme de "fresh" reste a ce jour illegale. Gibiers de potence....... Tfeeeeeeh.

Michel Trad

02 h 12, le 19 avril 2024

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Commentaires (2)

  • Les cretins de Visa et Mastercard devraient avant tout se pencher sur toutes les cartes emises en leur nom et qui ont ete arbitrairement "desactivees" par les crapules bancaires apres octobre 2019, alors que les comptes afferents etaient largement provisionnes. Il y a la matiere a proces pour complicite de fraude. M. Mansouri revele son vrai visage, au service des crapules bancaires, en voulant activer des cartes reservees aux seuls comptes en "fresh", alors que la notion meme de "fresh" reste a ce jour illegale. Gibiers de potence....... Tfeeeeeeh.

    Michel Trad

    02 h 12, le 19 avril 2024

  • "… La Banque du Liban essaye de relancer les paiements par carte …" - ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha !!! Trop fort. Je vais la ressortir celle là…

    Gros Gnon

    21 h 54, le 18 avril 2024

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