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Lifestyle - Patrimoine

L’église de Deddé révèle dans ses fresques l’unique représentation de saint Onuphre au Liban

La restauration des peintures murales, dans la chapelle nord, a également mis en évidence les figures des saints Serge et Bacchus, et celle de saint Georges.

L’église de Deddé révèle dans ses fresques l’unique représentation de saint Onuphre au Liban

L’unique représentation de saint Onuphre l’Anachorète découverte à ce jour au Liban. Photo DR

L’église Mar Antonios, dans le Koura, l'une des douze églises du Liban avec un plan architectural à double nef et double abside, est dans sa dernière phase de restauration.

Avec le soutien de la Direction générale des antiquités (DGA), Isabelle Doumit Skaff, experte en restauration et conservation des œuvres d’art, a sollicité des fonds auprès de la Fondation Aliph (Alliance internationale pour la protection du patrimoine en zone de conflit) et L’Œuvre d’Orient pour financer la restauration des fresques de l’église Saint-Antoine. « La date de sa construction est inconnue, mais ses peintures murales représentant une croix ainsi que des figures de saints dont celle de saint Onuphre l’Anachorète, remontent à la seconde moitié du XIIIe siècle », affirme Isabelle Doumit, également coordinatrice du projet, à L’Orient-Le Jour, mettant l’accent sur Onuphre l’Anachorète, dont « c’est l’unique représentation découverte à ce jour au Liban ». Sur ce point, l’artiste peintre et écrivain Mahmoud Zibawi, qui a à son actif huit essais consacrés aux arts de l’Orient chrétien, confirme que saint Onuphre, qu’on retrouve à Chypre et en Égypte, n’est représenté dans aucune des anciennes églises grecques orthodoxes qui ont survécu au Liban. L’architecture de Mar Antonios a une caractéristique particulière. « Elle est l'une des douze églises du Liban conçues comme un ensemble avec deux nefs voûtées et deux absides séparées par deux arcs brisés. Un certain nombre de suggestions ont été faites quant à la raison de leur existence, principalement au Liban, et bien que de nombreuses théories aient été développées, la question de leur utilisation n'est toujours pas résolue », déclare Mme Doumit Skaff qui,rappelons-le, s’est attelée à la rénovation des fresques de l'église Saint-Théodore-de-Behdaidat dans le caza de Jbeil . 

L'église sans toit Saint-Théodore-de-Behdaidat dans le caza de Jbeil. Photo DR

Église sans clocher

Située dans le village de Deddé (Deddeh), dans le caza du Koura, à 87 km au nord de Beyrouth et 7 km de Tripoli, l’église se dresse dans le vieux quartier dit « Ayubbi » au bord d’un plateau surplombant la mer et la grotte où a vécu sainte Marina. En 2019, sous la supervision de la DGA, l’architecte Roland Haddad a entrepris la restauration du bâtiment et le traitement des problèmes d’humidité avec les fonds de L'Œuvre d’Orient. Le plan au sol de l’église est un rectangle prolongé par deux absides saillantes traversées par « une iconostase en pierre, ajoutée vraisemblablement, à une date ultérieure », précise Mme Doumit Skaff. Les murs du bâtiment sont en pierre taillée de calcaire et son parterre est en hajar fourni (pierre cuite). La paroi occidentale présente un oculus en croix grecque. On accède à l’église par deux entrées latérales (sud et nord) : la porte de la première a un encadrement de pierre et la seconde un arc brisé. Quant à l’entrée principale située sur la façade ouest, elle est murée.

L’église, qui se distingue par son absence de clocher, a préservé en son sein un proskynétaire en bois finement ajouré, une cuve baptismale taillée dans un bloc de calcaire et des vestiges de fresques médiévales sur les parois de la chapelle nord. À l’extérieur, des gros blocs taillés, une citerne, une stèle funéraire et une tabula ansata (ou cartouche contenant un texte liturgique en grec).

Pour mémoire

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Le patron des tisserands se présente nu

La première étude des peintures murales a été effectuée par Giorgio Capriotti, spécialiste des techniques de restauration de fresques, qui a réalisé de nombreux travaux, notamment sur les tombeaux de Néfertari et d'Aménophis III (Louxor, Égypte), le Tombeau de Tyr (Musée national de Beyrouth), l'église Saint-Théodore (Byblos, Liban) ; la mosquée d'el Ashraf (Taiz, Yémen) et la nécropole de la basilique Saint-Pierre (Cité du Vatican – Rome). Dès 2022, débutent les travaux de restauration des fresques. Ils sont menés par une équipe française sous la direction de Pauline Lascourreges, titulaire d’un master de restauratrice délivré par l’Institut national du patrimoine (Inp), qui a réalisé la conservation des fresques et des peintures murales en Turquie, en Syrie, à Monaco et à Paris.

Après avoir procédé au dégagement des enduits qui recouvraient les fresques ainsi que leur consolidation pour empêcher leur effritement et leur décollement des murs, l’équipe travaille depuis 2023 à la restauration des peintures murales, dans la chapelle nord, où s’étalent les figures des saints Serge et Bacchus, et celle de saint Georges et saint Theodore. Un programme iconographique plus complet et de grande qualité  a révélé le portrait en pied de saint Onuphre. Moine puis ermite en Égypte, Onuphre l'anachorète ou Le Grand est représenté, selon la tradition, avec une longue barbe, nu et couvert de poil, ne portant autour des reins qu’un pagne fait de branches d’arbres. Selon la Revue politique et parlementaire, la biographie du saint éponyme est aussi édifiante qu’incertaine.

Né au quatrième siècle de notre ère, saint Onuphre l’Anachorète aurait été le fils, peut-être illégitime, d’un roi de Perse qui le fit baptiser et l’envoya dans un monastère d’Égypte afin qu’il consacre son existence à Dieu. Attiré par la vie en Thébaïde, après sa rencontre avec Hermias, un vieil ermite d’origine juive, l’homme partît un jour dans le désert, pour y demeurer une soixantaine d’années dans la solitude et le renoncement, « près d’une source avec la seule ombre d’un palmier ». Plus volontiers célébré au sein de la chrétienté orthodoxe, le culte de celui qui est aujourd’hui le patron des tisserands ne s’est vraiment développé en Occident qu’après les croisades.

L’église Mar Antonios, dans le Koura, l'une des douze églises du Liban avec un plan architectural à double nef et double abside, est dans sa dernière phase de restauration. Avec le soutien de la Direction générale des antiquités (DGA), Isabelle Doumit Skaff, experte en restauration et conservation des œuvres d’art, a sollicité des fonds auprès de la Fondation Aliph (Alliance...

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