Rechercher
Rechercher

Une mappemonde pour Gaza

Psitt, nous rappliquons, et on va voir ce qu’on va voir ! N’était l’extrême gravité de la situation, on serait bien tenté de légender de la sorte l’attaque menée dans la nuit de samedi à dimanche par l’Iran contre Israël.

À la décharge des généraux de Téhéran claironnant l’envol de leurs engins téléguidés, on ne manquera pas de faire valoir qu’avec les fabuleux prodiges de la technologie en matière de détection, il est devenu impossible à tout assaillant de bénéficier de cet avantage souvent décisif qu’est l’élément de surprise. Et encore plus quand près de 2 000 kilomètres vous séparent de votre adversaire et que vous n’avez cessé, ces deux dernières semaines, de le menacer de représailles suite au raid israélien du 1er avril contre les bureaux consulaires de l’Iran à Damas. Si bien qu’en attendant ces drones et missiles en longue et laborieuse croisière, l’État hébreu et ses alliés auront eu tout le temps de tendre leurs filets protecteurs...

Non moins remarquable est cependant cet autre paradoxe où l’on voit les deux protagonistes crier victoire avec la même conviction. Si Israël affiche un score de 99 pour cent d’interceptions réussies au prix de dégâts minimes, l’Iran dit avoir amplement lavé l’affront en se livrant à une double et fracassante première. Car c’est au territoire israélien qu’il s’en prend ; et c’est à visage découvert – non plus par Hezbollah ou houthis interposés – qu’il le fait, se promettant même une riposte encore plus dure si Tel-Aviv s’avisait de relancer la périlleuse partie de ping-pong guerrier.

Mais alimenter la spirale, ne serait-ce pas faire objectivement le jeu de Benjamin Netanyahu ? Dès le lendemain de l’opération Déluge d’al-Aqsa, le Premier ministre d’Israël, en sérieuse difficulté chez lui, a misé sa survie politique, sinon sa liberté personnelle, sur une guerre longue contre le Hamas palestinien. Il n’a eu aucun mal à obtenir de son allié américain les munitions et le coût matériel d’une telle guerre. Mais ce n’était pas encore assez, puisqu’il lui fallait ratisser plus large, donner une dimension régionale au conflit : un vœu que sont inopportunément venus combler le front de diversion ouvert par le Hezbollah au Liban-Sud et l’irruption sur la scène des houthis yéménites.

Ne restait plus alors qu’à passer du régional à l’international ; c’est précisément ce qui vient d’être fait avec la contribution active (militaire et non plus seulement diplomatique, logistique ou financière) des puissances occidentales à la défense de l’État hébreu. Chacun dans la mesure de ses moyens, chacun avec ses motivations propres. Américains, Britanniques et Français ont ainsi pris part à la chasse aux projectiles iraniens, alors qu’était fermé à la navigation civile l’espace aérien du Proche et du Moyen-Orient. Autre et fort significative première : même le royaume arabe de Jordanie n’aura pas craint de se jeter dans la mêlée, invoquant quant à lui la sécurité de son territoire. C’est néanmoins à la désescalade qu’appellent maintenant les Occidentaux qui redoutent, en cas d’explosion, une fermeture du détroit d’Hormuz, laquelle serait catastrophique au plan de l’approvisionnement en pétrole. Très attendues sont, à cet égard, les positions de la Russie et de la Chine, qui se bornent pour le moment à prêcher la retenue.

Il faut l’admettre, c’est au centre de la carte du monde que figure bel et bien désormais le minuscule réduit de Gaza cuit et recuit par les bombes.  Pour le Liban, embarqué bien malgré lui dans la périlleuse aventure, reste à espérer que la compétition se limitera aux majors. Que les milices d’appoint, par miséricorde pour ce pays dont elles se réclament, omettront pour une fois de se montrer plus royalistes que le roi.

Psitt, nous rappliquons, et on va voir ce qu’on va voir ! N’était l’extrême gravité de la situation, on serait bien tenté de légender de la sorte l’attaque menée dans la nuit de samedi à dimanche par l’Iran contre Israël.À la décharge des généraux de Téhéran claironnant l’envol de leurs engins téléguidés, on ne manquera pas de faire valoir qu’avec les fabuleux...