Ils ne sont pas nombreux et même les plus extrémistes des responsables israéliens ne soutiennent pas leur revendication, mais ça ne les a pas empêchés de se faire entendre cette semaine : il s'agit des « (très rares) Israéliens qui rêvent de coloniser le Liban-Sud », et auxquels le quotidien Haaretz a consacré un article jeudi.
« Même les colons les plus purs et durs comme le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, n'ont pas proposé » un tel projet, précise le journal israélien, qui qualifie ce groupe «d'extrémiste parmi les extrémistes». Une vingtaine d'entre eux se sont rassemblés mercredi près de Haïfa (Nord) dans le parking d’un petit centre commercial, munis de panneaux orange vif - couleur signifiant l'opposition au retrait de Gaza en 2005 sur lesquels étaient écrits des slogans comme « Les habitants du Nord méritent la sécurité. Pour des colonies dans le sud du Liban ». Sur les véhicules, on pouvait voir des affiches et des aimants représentant ce que le Haaretz décrit comme un « cyprès », mais qui ressemble à s'y méprendre à un cèdre, l’emblème du Liban, à l'intérieur d'une étoile de David juive avec le texte « Le mouvement pour la colonisation du Liban-Sud ».
Selon l'article, ce mouvement ne compte qu'une dizaine d'adhérents.
« L'idée d'une implantation juive dans le sud du Liban est une croyance marginale, même parmi les colons de Cisjordanie », poursuit le Haaretz, selon lequel la guerre à Gaza a suscité un engouement pour le retour du « Gush Katif », le bloc de colonies de l'enclave. « Et certains de ses partisans espèrent que cela permettra également d'engager une discussion sur la frontière septentrionale ».
De même source, on précise que l’initiative de coloniser une partie du Liban a été lancée en octobre avec le début de la guerre de Gaza, qui a déplacé des dizaines de milliers d'Israéliens des communautés frontalières, aussi bien autour de l'enclave palestinienne que de la frontière-nord, « en raison des attaques incessantes de roquettes et de missiles du Hezbollah et du Hamas ».
Le mouvement de colonisation du Liban-Sud est nommé après Israël Socol, un réserviste de 24 ans de la colonie de Karnei Shomron en Cisjordanie, qui a été tué à Gaza en janvier dernier. Son père, Yehoshua Socol, faisait partie des manifestants mercredi. « Israël, mon fils, rêvait de vivre au Liban depuis des années », a-t-il dit tout « en notant que ce n'était pas la genèse du mouvement ». L'homme évoque des références aux textes religieux qui estiment que le Liban fait partie de la « terre d'Israël ». M. Socol a déclaré qu'il appréciait les messages de condoléances pour la mort de son fils pendant la guerre, mais que « la consolation viendra lorsque nous aurons des colonies au Liban, à Gaza, de l'autre côté du Jourdain et le troisième temple » à Jérusalem.
Une idée « pas encore très populaire »
Selon Leah, l’une des organisatrices du mouvement, l'absence de l'armée israélienne au Liban-Sud, après son retrait en 2000, fait que « le pays est engagé dans un cycle dans lequel il doit encore faire face à des batailles sporadiques avec le Hezbollah tous les deux ou trois ans ». « Regardez le nombre de civils qui sont maintenant évacués de leurs maisons parce qu'ils ne peuvent pas vivre [en sécurité] dans le Nord. L'appel que nous lançons à nos ennemis - à Gaza comme au Liban-Sud pour le Hezbollah - est le suivant : Quiconque s'en prend à Israël perdra le territoire à partir duquel il nous attaque. Nous conquerrons ce territoire, nous le coloniserons et nous protégerons nos civils. S'ils osent nous attaquer, nous en prendrons d'autres. Nous cesserons de conquérir lorsque vous cesserez de nous attaquer », avance Leah, qui admet au micro du Haaretz que l’idée n’est « pas encore très populaire ».
« Il est clair pour moi que le Liban fait partie d'Eretz Yisrael [Terre d'Israël] », selon Yonatan, un autre manifestant, colon de Cisjordanie occupée. Selon lui, « une grande partie des anciennes terres tribales d'Asher et de Naftali se trouvent au Liban-Sud, ce qui en fait une partie d'Israël ». Pour l'Ancien Testament, Naftali est le sixième fils de Jacob, lui-même petit-fils d'Abraham, et Asher le huitième. Le manifestant soutient que les missiles du Hezbollah justifient l'occupation et la colonisation de la région, et l'idée n'a pas fait son chemin parce que « personne n'y avait vraiment pensé », y compris les hommes politiques.
Interrogée par le Haaretz à la fin de la manifestation sur la possibilité selon elle d'une occupation du Liban-Sud, une femme la rejette. « C'est impossible, tout comme c'est impossible à Gaza ». « Nous avons suffisamment de problèmes comme cela, sans vouloir en plus entrer dans d'autres zones ».
commentaires (14)
Les Palestiniens aussi et en grande majorité voulaient usurper notre pays tout comme les syriens et le régime iranien, par le biais du HB. Cela relève du domaine du fantasme de tous ces hurluberlus tant que les libanais se rendent à l’évidence qu’un peuple uni, même désarmé peut faire toute la différence et doucher les rêves de tous les usurpateurs. Encore faut il qu’ils s’impliquent pour défendre leur pays afin de rendre irréalisable les rêves les plus fous de ces fossoyeurs. Ça n’est pas en se divisant que cela serait possible.
Sissi zayyat
10 h 39, le 13 avril 2024