Camille Jourdy : Pépin et Olivia, une douceur qui fait du bien

Dans la famille des personnages de bande dessinée pour la jeunesse dont on suit le quotidien à travers des historiettes d’une dizaine de pages, un frère et une sœur font leur entrée depuis l’automne dernier : Pépin et Olivia. Nous avons échangé avec l’autrice, Camille Jourdy, que nous connaissions pour des albums pour adultes tels que Rosalie Blum ou Juliette ou pour la jeunesse, tel que le remarqué Les Vermeilles.

« Au départ, le projet Pépin et Olivia était prévu pour la presse, avec une parution mensuelle : le format d’une dizaine de pages par histoire en découle. Mais je ressentais ce rythme comme une pression et je préférais réaliser, en une fois, un album complet. L’occasion s’est présentée lorsque Thomas Gabison, d’abord éditeur indépendant chez Actes-Sud, a monté aux éditions Dupuis une nouvelle collection jeunesse : Les Ondines. Le projet Pépin et Olivia a alors trouvé sa maison. »

L’album propose une plongée dans la vie familiale et amicale de ces deux enfants. D’abord fidèle à une certaine tradition de récits racontant facéties et bêtises d’enfants, les histoires prennent, au fil de l’album, une réelle densité émotionnelle : « Au fil des histoires, les personnages prennent chaire. C’est le principe de ce type de série : plus je ferai d’histoires, plus les personnages existeront et auront de la consistance. Mais je souhaitais que ces récits forment un tout, un album qui se lit dans son ensemble : l’idée est donc venue de doubles-pages qui viendraient lier les histoires entre elles. »

L’univers de Pépin et Olivia est celui du quotidien. Tout peut alors être, pour l’autrice, un prétexte à développer une histoire : « Je prends beaucoup de notes. Parfois ça part de pas grand-chose, de ma fille qui a perdu sa dent, d’une envie de dessiner une fête foraine. Le format des histoires courtes permet d’aller puiser dans des envies qui se renouvellent. »

Si Camille Jourdy jongle entre des projets catégorisés jeunesse et d’autres catégorisés adulte, elle a à cœur de ne pas exclure les grands de ses récits pour les enfants : « Je souhaite faire des histoires qui touchent un public large et qui parlent aux petits comme aux grands. C’est vraiment un souhait conscient de ma part : que les adultes puissent s’y retrouver, que ce ne soit pas une lecture ennuyeuse pour eux. Certaines histoires sont donc plutôt racontées comme si je me mettais à la place des enfants, et d’autres plutôt avec le regard de leurs parents. »

Camille Jourdy propose souvent, dans des projets d’albums, d’illustrations ou d’affiches, de grands dessins qui mettent en scène des moments en suspension, paisibles et qui respirent. Qu’en est-il lorsqu’il s’agit de dessiner dans les petites cases des bandes dessinées ? « Dessiner pour la bande dessinée est bien sûr différent. Il faut que ça avance. Je suis alors dans un état d’impatience dans lequel la priorité va à la narration : dès lors que je considère que la page raconte ce qu’elle a à raconter, j’avance sans m’appesantir sur chaque image. »

Apparus en octobre 2023, les deux personnages ont d’ores et déjà trouvé leur place dans le cœur des lecteurs : « Je suis très contente de la réception de l’album. Les libraires l’ont beaucoup mis en avant lors des fêtes de fin d’année. L’album plaît aux enfants, mais en séances de signature, il y a aussi beaucoup d’adultes. Beaucoup de lecteurs m’ont exprimé le fait que l’album leur a fait du bien. On me reproche parfois ce ton léger, doux et ces histoires dans lesquelles rien de grave ne se produit. J’assume cette envie d’humour et de tendresse. Ça ne veut pas dire que je suis naïve sur ce qui peut se passer dans la vie, mais la douceur fait du bien. »

Pépin et Olivia, tome 1 : La Grande fête de rien du tout de Camille Jourdy, Dupuis, 2023, 128 p.