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Dernières Infos - Conflit

Un nouveau gouvernement palestinien investi, accueilli avec scepticisme

Mahmoud Abbas est sous pression de la communauté internationale qui lui demande « des réformes administratives » susceptibles de « bénéficier au peuple », alors que la guerre se poursuit à Gaza.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lors de la cérémonie de prestation de serment des nouveaux ministres de son gouvernement, le 31 mars 2024, à Ramallah. JAAFAR ASHTIYEH/AFP

Un nouveau gouvernement palestinien comprenant des Gazaouis, quatre femmes, et des diplômés aux Etats-Unis a été investi dimanche soir à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, mais suscite déjà le scepticisme au sein de la population.

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, est sous pression de la communauté internationale, et notamment des Etats-Unis qui lui demandent "des réformes administratives" susceptibles de "bénéficier au peuple".

Après avoir été nommé Premier ministre à la mi-mars, l'économiste Mohammed Mustafa, 69 ans, ancien fonctionnaire à la Banque mondiale à Washington et proche conseiller de M. Abbas, a présenté jeudi un gouvernement de 23 ministres aux profils variés.  Tous ont prêté serment un par un dimanche soir à Ramallah, en Cisjordanie occupée.

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La priorité du gouvernement sera d'oeuvrer à "réunifier les institutions, y compris en assumant la responsabilité de Gaza", avait déclaré jeudi M. Mustafa dans une lettre exposant sa feuille de route.

Le chef du gouvernement, également ministre des Affaires étrangères, avait insisté sur la "reconstruction" des Territoires palestiniens, principalement la bande de Gaza, dévastée par la guerre, pour laquelle il nommera un coordinateur dédié. Le mouvement islamiste Hamas, rival du Fatah de Mahmoud Abbas, s'est emparé du pouvoir dans ce territoire en 2007.

L'armée israélienne y mène depuis bientôt six mois une offensive en représailles à une attaque sans précédent du Hamas qui a fait plus de 1.160 morts en Israël le 7 octobre, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles. La guerre a fait à Gaza près de 33.000 morts, d'après le ministère de la Santé du Hamas.

Entre autres chantiers majeurs, M. Mustafa a aussi évoqué l'enjeu politique de Jérusalem-Est, secteur de la ville sainte occupé et annexé par Israël depuis 1967, et il a promis des mesures pour assainir les finances publiques et réformer les institutions, avec un volet spécifique sur la "lutte contre la corruption".

Parmi ses nouveaux ministres figurent quatre femmes et six personnes originaires de la bande de Gaza, notamment un ancien maire de la ville de Gaza, Majed Abou Ramadan, chargé de la Santé.

"Besoin d'horizon politique"

Au fil des années, la crédibilité de l'Autorité palestinienne a été entamée dans l'opinion palestinienne par plusieurs affaires de corruption et la dérive autoritaire de son président, âgé de 88 ans, élu pour la dernière fois en 2005.

Mais ce nouveau gouvernement pourra-t-il changer la donne? Pour Ali Jarbawi, professeur de sciences politiques à l'université Birzeit, "pour que ce gouvernement puisse travailler, il a besoin de plusieurs choses": "parmi elles, la plus +facile+, c'est être financé, ce qui est faisable si la communauté internationale le veut".

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Il lui faudrait ensuite "un horizon politique, avec un engagement international à l'égard d'une solution à deux Etats", et puis "le gouvernement israélien, son armée, les colons, doivent relâcher la pression".

Enfin, il lui faut "une acceptation en interne" de la part des autres mouvements politiques palestiniens, y compris le Hamas, "sinon le gouvernement ne pourra pas fonctionner à Gaza", ajoute-t-il. "Et après seulement on pourra parler de ce que ce gouvernement fera et s'il en est capable", ajoute l'universitaire et ancien ministre.

A la nomination de M. Mustafa, Hamas, Jihad Islamique et Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, marxiste) avaient fustigé dans un communiqué conjoint une décision "sans consensus national". Que Mahmoud Abbas "monopolise la décision est une des choses les plus dangereuses pour notre cause aujourd'hui", a dit dimanche à l'AFP Bassem Naïm, membre de la direction du Hamas.

Dans la rue, l'heure était en tout cas à un certain scepticisme. "Changer le gouvernement ne résoudra pas la situation actuelle, parce que le changement ne viendra que de l'extérieur", estimait Souleiman Nassar, 56 ans, des environs de Ramallah. Youssef Odeh, un boucher de 46 ans, de Ramallah, "attend que ce gouvernement agisse pour améliorer la situation économique. Mais arrêter ou poursuivre la guerre n'est pas entre ses mains".


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