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Moyen-Orient - Reportage

Après un long silence, des citoyens palestiniens d'Israël manifestent pour Gaza

« Notre humanité commune ne peut accepter la crise humanitaire à Gaza, et les massacres à Gaza. Et bien sûr n'oublions pas les otages toujours captifs à Gaza », plaide une manifestante.

Une manifestation contre la guerre de Gaza dans la ville israélienne d'Umm el-Fahm, le 9 mars 2024. Photo d'archives AFP / AHMAD GHARABLI

On les appelle « Arabes israéliens », mais eux se définissent comme « Israéliens palestiniens » : Ibrahim Abou Ahmad et Shahd Bishara ont enfin pu manifester vendredi contre la guerre à Gaza, dans la petite ville arabe de Shefa-Amr, dans le nord d'Israël. 

Depuis quelques semaines, pour la première fois depuis l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre en Israël, des manifestations ont été autorisées dans la région, où vit une grande partie de la minorité arabe d'Israël (21% de la population). Les manifestants n'étaient cependant pas nombreux vendredi, maximum 150. Le petit cortège, composé aussi de juifs de mouvements de la paix, a défilé sous la banderole « Seule la paix apportera la sécurité » en renvoyant dos à dos les extrémistes des deux camps.

« Paix, liberté, justice sociale », mais aussi « Liberté, liberté pour la Palestine », ont-ils chanté en descendent la grande rue de la ville plantée sur une colline de Galilée. Ouvert par une voiture de police, le défilé a longé le cimetière chrétien, accueilli par les sourires d'habitants visiblement étonnés.

La semaine dernière, ils étaient plusieurs centaines à Majd al-Krum, à l'initiative d'une organisation arabe pour dire « Stop à la guerre ! », selon une vidéaste de l'AFP. En novembre en revanche, les manifestants avaient dû renoncer à défiler dans une de ces communes, faute d'accord de la police, confirmé par la justice. Sur TikTok, le chef de la police avait prévenu, dans un message sous-titré en arabe : « Si vous voulez vous identifier à Gaza, je vous mets dans un bus » pour cette destination.

Vendredi, depuis Shefa-Amr, à 160 kilomètres du territoire assiégé par Israël en représailles à l'attaque du 7 octobre, Shahd Bishara a pu exprimer sa « solidarité avec le peuple de Gaza ».

« Humanité commune » 
« Notre humanité commune ne peut accepter la crise humanitaire à Gaza, et les massacres à Gaza. Et bien sûr n'oublions pas les otages toujours captifs à Gaza », a plaidé cette médecin de 30 ans. « Depuis le 7 octobre, la société palestinienne en Israël a été très, très opprimée par les autorités, nous n'avons pas pu exprimer notre solidarité avec le peuple de Gaza, avec le peuple palestinien de Gaza. Et dernièrement, nous avons fait beaucoup d'efforts pour obtenir l'autorisation de la police d'organiser de telles manifestations », a souligné Mme Bishara.

L'attaque du 7 octobre a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes du côté israélien, majoritairement des civils. Et 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Les représailles militaires sur la bande de Gaza ont fait à ce jour plus de 32.600 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.

« Nous comprenons la douleur de notre peuple, les Palestiniens, et la douleur de nos amis israéliens, et l'avenir des deux peuples nous préoccupe », a lu Hyam Tannous, dans un message en hébreu. Ici « nous nous rappelons de ce qui s'est passé le 7 octobre. Et nous disons aussi que notre communauté a été affectée », a dit Ibrahim Abou Ahmad, 31 ans, militant « politique et pour la paix ». Il se dit « Israélien palestinien », et refuse l'expression « Arabe israélien » consacrée en Israël : « Cela nie tant d'éléments de ce que nous sommes. Le problème est que le terme +Palestinien+ est présenté (en Israël) comme une revendication politique, pas comme un peuple. Or nous sommes ce peuple. » Pour lui, « il faut arrêter ce conflit entièrement pour de bon ». Et « nous sommes la solution au conflit ! Les seuls qui vivons les deux réalités, qui parlons les deux langues ! », dit-il, appelant une autodétermination et un changement de gouvernement des deux côtés, et puis côté israélien, un vrai parti judéo-arabe avec des buts communs.

« Moins de cas » 
Jusqu'ici « nous avions été empêchés d'exprimer notre solidarité », dit Mme Bishara.

L'ONG « Mossawa » ( « Egalité » en arabe) a documenté une hausse des « discriminations systémiques » à l'égard des citoyens arabes d'Israël depuis la guerre: arrestations après publication de versets du Coran ou de messages de solidarité sur les réseaux sociaux, agressions à l'université, discriminations au travail, manifestations interdites dans les localités arabes-palestiniennes...
Depuis quelques semaines, « il y a moins de cas », aussi parce que l'association a saisi la justice pour nombre d'entre eux, explique à l'AFP son directeur, Jaafar Farah, qui a obtenu que la police ne traite plus des investigations en matière de liberté d'expression sans supervision judiciaire.

Selon lui, sur 350 arrestations, 140 font encore l'objet de procédure. Au début, l'ONG recensait une vingtaine d'arrestations quotidiennes, contre quelques-unes par semaine actuellement. Aujourd'hui, « des Arabes et des Juifs étaient ensemble dans une ville arabe, c'est une déclaration très forte », souligne M. Abou Ahmad.

On les appelle « Arabes israéliens », mais eux se définissent comme « Israéliens palestiniens » : Ibrahim Abou Ahmad et Shahd Bishara ont enfin pu manifester vendredi contre la guerre à Gaza, dans la petite ville arabe de Shefa-Amr, dans le nord d'Israël. Depuis quelques semaines, pour la première fois depuis l'attaque sanglante du mouvement islamiste...

commentaires (3)

Les arabes de l'entité sioniste "ont compris le message du 7/10 " contrairement à leurs députés. Quand il y aura de nouvelles élections, on verra si il y a de nouvelles têtes comme députés. 40 morts, encore 5 prisonniers dans les geôles du hamas

Dorfler lazare

23 h 46, le 30 mars 2024

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Commentaires (3)

  • Les arabes de l'entité sioniste "ont compris le message du 7/10 " contrairement à leurs députés. Quand il y aura de nouvelles élections, on verra si il y a de nouvelles têtes comme députés. 40 morts, encore 5 prisonniers dans les geôles du hamas

    Dorfler lazare

    23 h 46, le 30 mars 2024

  • On se demande pourquoi Les libanais ne descendent pas tous ensemble, tant que c’est encore possible, du sud au Nord, dans la rue pour crier leur colère contre ce parti vendu, le HB, financé par l’Iran pour détruire leur pays pour une cause qui ne les concerne pas? Il se sent tout puissant et se croit tout permis à cause de notre silence et de notre lâcheté. Nous avons été dépouillés, humiliés et notre pays est usurpé et continuons à survivre en comptant les morts et les destructions espérant qu’un autre pays nous sauve alors que nous savons que personne à part nous ne le fera.

    Sissi zayyat

    12 h 15, le 30 mars 2024

  • BRAVO.

    Mohamed Melhem

    05 h 15, le 30 mars 2024

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