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Moyen-Orient - FOCUS

Au Royaume-Uni, un Palestinien citoyen d’Israël obtient pour la première fois l’asile

Dans un revirement inattendu, la Grande-Bretagne a accédé lundi à la demande du vingtenaire après l’avoir initialement rejetée en 2022.

Au Royaume-Uni, un Palestinien citoyen d’Israël obtient pour la première fois l’asile

Une manifestation propalestinienne dans le centre de Londres, le 13 janvier 2024. Henry Nicholls/AFP

 Pour la première fois de son histoire, le Royaume-Uni a accordé, lundi, l’asile à un Palestinien citoyen d’Israël. Hassan (le prénom a été modifié dans les documents juridiques pour des raisons de sécurité) a vécu en Grande-Bretagne la majeure partie de sa vie. Cinq ans se seront écoulés depuis la première fois que le jeune homme de 24 ans a demandé l’asile au Royaume-Uni. Sa requête avait été rejetée en 2022 avant que ses avocats ne fassent appel de la décision. Puis, dans un revirement inattendu, le ministère de l’Intérieur a annulé en début de semaine son verdict antérieur après avoir réexaminé le dossier du vingtenaire, à la veille d’une audience prévue devant le tribunal pour trancher son cas et depuis annulée.

S’il est courant que des Palestiniens obtiennent l’asile au Royaume-Uni, le caractère historique de la décision tient au fait qu’un Palestinien détenteur d’un passeport israélien se voit accorder une protection juridique en raison de craintes d’être persécuté. « Cette affaire reflète une contradiction stupéfiante au cœur de la politique étrangère britannique », a souligné dans The Guardian l’avocat Franck Magennis, qui représente Hassan. « Ce qui est choquant dans cette affaire, c'est qu'Israël est normalement considéré comme un allié fidèle du gouvernement britannique, et que le Royaume-Uni considère qu'il s'agit de la seule démocratie au Moyen-Orient et en aucun cas d'un régime d'apartheid », observe-t-il. Début février, le ministère britannique des Affaires étrangères avait annoncé des sanctions contre quatre « colons extrémistes » israéliens ayant « violemment attaqué » des Palestiniens en Cisjordanie, appelant également l’État hébreu à prendre des « mesures plus fermes » contre les colons.

7 octobre

Pour justifier sa demande, Hassan a dû prouver qu’il courait un danger en cas de retour vers son pays d’origine. Selon ses avocats, ce jeune militant actif pour la cause palestinienne en Grande-Bretagne a expliqué qu’un « risque accru de persécution » pesait sur lui en Israël « compte tenu de son appartenance ethnique palestinienne, de sa foi musulmane, de ses convictions antisionistes et de son passé d'activiste propalestinien au Royaume-Uni ». Hassan a ajouté que le gouvernement israélien maintenait un système « d'apartheid » de domination raciale sur ses citoyens palestiniens, systématiquement opprimés. Un terme employé dès 2022 par plusieurs organisations internationales des droits humains comme Amnesty International. Le jeune homme fait partie de ces près de deux millions d’Arabes citoyens de l’État hébreu, soit plus de 20 % de la population du pays, victimes de politiques publiques différenciées dans de nombreux domaines comme l’éducation, le logement ou encore l’accès à l’emploi.

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Afin de plaider son cas devant le tribunal, ses avocats ont en outre soumis une demande supplémentaire soulignant l’aggravation de la situation vécue par les Palestiniens d’Israël depuis les attaques du Hamas le 7 octobre 2023. Depuis près de six mois, plusieurs d’entre eux ont notamment été licenciés de leurs emplois pour des propos louant prétendument le mouvement islamiste. À cela s’est ajoutée l’adoption, par la Knesset en novembre, d’un amendement pour le moins vague faisant de la « consommation de contenu à caractère terroriste » une nouvelle infraction pénale dans le cadre de la loi antiterroriste du pays. Pour justifier la détérioration du climat pesant sur les Palestiniens d’Israël, les avocats de Hassan ont fait référence à l’ordonnance de mesures provisoires par la Cour internationale de justice le 26 janvier, exhortant Tel-Aviv à tout faire pour prévenir un génocide. Joint par plusieurs médias, le ministère de l’Intérieur britannique n’a pas donné d’indications sur les raisons de sa volte-face, ni précisé si les documents joints après le 7 octobre ont eu un quelconque effet sur la décision rendue.

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Cité par al-Jazeera, Hassan s’est dit rassuré d'avoir obtenu l'asile, soulignant toutefois qu’il s’inquiète pour ses proches en Israël. Au-delà de son cas, le verdict rendu pourrait créer un précédent pour de nombreux autres Palestiniens d’Israël qui demanderaient l’asile au Royaume-Uni ou dans d’autres pays. « C’est tout à fait inédit, a déclaré à al-Jazeera Franck Magennis. En principe désormais, tout Palestinien se trouvant dans l’un de ces 46 États (signataires de la Convention européenne des droits de l’homme, garantissant des droits et des libertés individuelles) peut dire : “Si vous me renvoyez dans un territoire sous la juridiction d’Israël, il y a un risque réel que mes droits de l’homme soient violés”. »

 Pour la première fois de son histoire, le Royaume-Uni a accordé, lundi, l’asile à un Palestinien citoyen d’Israël. Hassan (le prénom a été modifié dans les documents juridiques pour des raisons de sécurité) a vécu en Grande-Bretagne la majeure partie de sa vie. Cinq ans se seront écoulés depuis la première fois que le jeune homme de 24 ans a demandé l’asile au...

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