« Ce scénario d’horreur n’est pas une réponse austère écrite après le massacre israélien du 7 octobre. » C’est ainsi que le quotidien économique israélien Calcalist résume l’étude qui évalue la bataille que pourraient se livrer Israël et le Hezbollah. Dans un article paru le 8 février dernier, le média révèle l’existence d’un rapport alarmiste émanant de l’Institut international pour le contre-terrorisme de l’Université Reichman à Herzliya, auquel 100 hauts responsables militaires et gouvernementaux israéliens ont contribué. Le document, qui n’a toujours pas été rendu public, décrit en détail à quoi ressemblerait une attaque de grande envergure du Hezbollah, à laquelle se joindraient d’autres milices affiliées à Téhéran, contre le territoire israélien. Même dans ce scénario, dont les conséquences s’avéreraient des dizaines de fois plus graves que ce qui s’est passé le 7 octobre, l’État hébreu « ne sera pas vaincu », estime toutefois Boaz Ganor, l’un des chercheurs qui ont participé à l’étude, cité par Calcalist. « Ce n’est absolument pas une guerre qui représente une menace existentielle pour Israël. La guerre nous causera des dommages stratégiques, mais Israël ne sera pas effacé et saura faire face », affirme-t-il.
Depuis le 8 octobre, les deux belligérants sont au bord d’une guerre plus large. Si pour l’heure le parti chiite fait tout pour l’éviter, ne fermant pas la porte à un accord diplomatique, Israël semble considérer pour sa part qu’il est face à une opportunité unique pour porter un coup à son ennemi. Un an avant l’attaque du 7 octobre dernier, un article d’opinion du quotidien de droite Israel Hayom appelait déjà à frapper le Liban, estimant qu’attaquer l’Iran uniquement sur le sol syrien permet au Hezbollah de construire des armes de précision. Si son arsenal de roquettes et de missiles ne dépassait pas les 15 000 en 2006, il est aujourd’hui estimé entre 150 000 et 200 000. De quoi mettre en difficulté l’État hébreu bien plus fortement que durant la guerre de 2006, selon le rapport susmentionné.
Fruit d’un travail de près de trois ans et achevé plusieurs mois avant l’attaque du Hamas le 7 octobre, l’exercice de simulation de guerre estime que les tirs du Hezbollah, « presque partout dans le pays, seront massifs, avec entre 2 500 et 3 000 tirs par jour ». Ce scénario prévoit également la saturation du Dôme de fer, en raison du rythme intense des attaques, et le Hezbollah tentera de « perturber les activités de l’armée et de limiter sa capacité à opérer depuis ses bases ». Les infrastructures de distribution d’eau et d’électricité seront coupées, et les ports maritimes de Haïfa et d’Ashdod seront bloqués, mettant fin au commerce international. Dans un article paru jeudi et intitulé « Personne ne dit aux Israéliens à quoi ressemblerait réellement une guerre avec le Hezbollah », le Haaretz cite un analyste libanais basé à Dubaï, sous condition d’anonymat, qui estime que le Hezbollah a la capacité de frapper bien plus profondément en Israël, peut-être n’importe où dans le pays. « Il a envoyé des signaux en utilisant des missiles de précision, note l’analyste, dans l’espoir de faire comprendre qu’il peut submerger le système de défense Dôme de fer. »
Contrôle des colonies
Toujours selon le rapport cité par Calcalist, Israël subira « des dégâts massifs, avec des milliers de pertes à l’avant et à l’arrière qui causeront une panique publique ». Car l’étude évalue également les répercussions sur la scène interne, estimant que le public israélien « aura du mal à obtenir des informations à jour et fiables sur la situation » et « perdra confiance en celles provenant des responsables officiels ». L’anxiété et la panique augmenteront en raison « du grand nombre de victimes, des énormes dégâts, des perturbations de l’approvisionnement en électricité et en eau, des retards dans l’arrivée des secours sur les lieux de destructions et de la difficulté d’obtenir des services essentiels tels que la nourriture ou des médicaments ».
« Ceux qui veulent fuir pour sauver leur vie à l’étranger découvriront que la liaison aérienne d’Israël avec le monde a été coupée », prévoit l’étude qui se base majoritairement sur des informations publiques diffusées par le Hezbollah. En janvier 2023, son secrétaire général Hassan Nasrallah avait avancé le chiffre de 9 000 nouveaux éléments qui auraient rejoint la « résistance » chiite, un nombre qu’il faut ajouter aux 90 000 éléments déjà existants relevant des scouts al-Mahdi en plus des « 100 000 » combattants aguerris dont il avait affirmé disposer en 2021.
Même si les chiffres avancés paraissent surestimés, une invasion terrestre n’est pas à exclure dans le scénario mentionné dans le rapport qui table sur le fait que des centaines de combattants des forces al-Radwane, l’unité spécialisée du parti, puissent essayer de prendre le contrôle des colonies le long de la frontière et également dans le Golan. D’autant que le Hezbollah pourrait avoir le soutien des milices pro-Téhéran (Syrie, Irak, Gaza et Yémen) dès les premiers stades de la bataille.
« Après environ trois semaines de feu et de sang, l’ampleur sans précédent des dégâts au Liban et en Israël entraînera la fin de la campagne dans un sentiment frustrant de ni vainqueur ni vaincu, sous la pression de la communauté internationale », conclut le rapport.
Really...!?? Sûrement Abdellatif ou abou el Mich ont déniché cette analyse complètement inattendue... choucran et je vais ajouter une 10zaines de toits sur ma tente pour prévenir les coups israeoliens...
15 h 39, le 02 mars 2024