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Politique - Décryptage

Entre le CPL et le Hezbollah, la raison plus forte que le cœur...

Entre le CPL et le Hezbollah, le malaise est désormais profond et les déçus sont de plus en plus nombreux dans les deux camps. Il est vrai que les frictions ont commencé il y a plus d’un an et demi, lorsque le dossier de la présidentielle a commencé à être évoqué et que le Hezbollah a suivi le président de la Chambre dans l’appui à la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, mais ce n’est que récemment que le parti chiite a commencé à évoquer ouvertement son éloignement de son allié chrétien. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est probablement l’interview accordée récemment par l’ancien président de la République Michel Aoun à la chaîne OTV, dans laquelle il a ouvertement critiqué le principe de « l’unité des fronts », cher au Hezbollah, et le fait donc d’ouvrir le front du sud du Liban en guise de soutien à Gaza. Jusqu’à cette interview, les divergences étaient certes nombreuses entre les deux camps, mais elles portaient essentiellement sur des questions internes, comme par exemple ce que le CPL appelle « le partenariat entre les différentes communautés » composant le tissu social libanais ou la lutte contre la corruption et l’édification de l’État. C’est en effet la première fois que le CPL en la personne de l’ancien président de la République critique les options stratégiques du Hezbollah, et pour celui-ci, c’est un pas important qui est ainsi franchi dans le processus d’éloignement. D’ailleurs, le lendemain, le chef du CPL Gebran Bassil a essayé d’atténuer l’impact de ces critiques dans une conférence de presse, mais les propos de Michel Aoun ont quand même laissé des traces profondes au sein du Hezbollah.

Si les responsables du CPL expliquent en long et en large les raisons de leur déception, les cadres de cette formation, eux, restent plus discrets. Mais des deux côtés, il y a toujours une volonté de préserver, malgré tout, les chances d’une reprise des relations avec le Hezbollah. Il est ainsi clair qu’une sorte de retenue continue de mettre un plafond aux déclarations de part et d’autre, pour justement ne pas couper totalement les ponts.

En effet, sans le dire clairement, le CPL et le Hezbollah continuent à vouloir laisser la place à de possibles ententes ponctuelles, même si l’élan du début de leur alliance en février 2006 a été brisé. Désormais, c’est la raison, non le cœur, qui mène le jeu, et elle dit aux deux formations qu’elles sont condamnées à s’entendre. Le Hezbollah peut essayer de chercher d’autres partenaires chrétiens, mais il sait parfaitement qu’aucun ne pourra lui assurer la couverture chrétienne que lui donnait le CPL. De leur côté, les partis chrétiens dits traditionnels, comme les Forces libanaises et les Kataëb, ne sont pas dans une logique qui leur permettrait de nouer une alliance avec le Hezbollah, ni même de couvrir le moindre de ses actes. Le Hezbollah peut bien établir des relations avec d’autres composantes ayant une certaine audience au sein de la base chrétienne, comme le PSNS, ou des groupes dits indépendants, ou encore des personnalités proches de la mouvance de la « résistance », mais cette démarche restera insuffisante pour le faire réellement accepter dans les milieux chrétiens. Pour cette raison, il devrait se résigner à supporter les critiques du CPL, tout en essayant de ne pas leur donner trop d’importance, ni leur permettre d’empêcher une reprise éventuelle des relations entre les deux formations.

Du côté du CPL, les griefs à l’égard du Hezbollah sont aussi très grands. Le parti avait pris soin de mettre dans l’accord écrit qui a donné naissance à l’entente de Mar Mikhaël (couronnée le 6 février 2006 par Michel Aoun et Hassan Nasrallah) un point sur l’édification de l’État. Lors de l’élection de Michel Aoun à la présidence de la République, le CPL comptait d’ailleurs sur l’appui du Hezbollah pour faire réussir le candidat qu’il avait appuyé envers et contre tous, dans sa mission qui consistait, entre autres, en l’édification d’institutions publiques crédibles. Aux yeux du CPL, le Hezbollah a toutefois montré les limites de son appui à « son propre candidat », en lui préférant son autre allié, le président de la Chambre. De même, vers la fin du mandat présidentiel, il a choisi de suivre Nabih Berry dans le soutien à la candidature de Sleiman Frangié. Pour le CPL, « le coup » était fort et il ne s’est pas privé d’exprimer sa colère à ce sujet au cours des mois précédents. Malgré cela, il reste conscient qu’il peut difficilement trouver un autre allié comme le Hezbollah. Avec les FL, ses relations restent chaotiques, il peut y avoir des rapprochements et des convergences d’intérêts ponctuels, mais depuis « l’entente de Meerab » conclue en janvier 2016 et abandonnée dès les premiers mois du mandat Aoun, les deux partis ne croient pas à une véritable alliance entre eux. Avec les Kataëb, les relations sont moins tendues, mais les divergences sur de nombreux points internes et stratégiques restent profondes. C’est aussi le cas avec d’autres composantes chrétiennes et avec le PSP, tout comme avec le mouvement Amal : les conflits restent aussi profonds même s’il y a de temps en temps des tentatives de rapprochement qui se heurtent à chaque fois à des conceptions différentes de la gestion des affaires publiques. Pour cette raison, le CPL reste malgré tout convaincu de la nécessité de ne pas couper tous les ponts avec le Hezbollah pour pouvoir nouer avec lui des ententes « à la carte ». Il n’est certes plus question d’« un menu commun », mais les deux partis peuvent s’entendre sur des points précis, comme peut-être les prochaines législatives. C’est d’ailleurs pour cette raison que leurs directions respectives ont donné des instructions précises à leurs partisans de ne pas trop élever le ton.

L’heure n’est donc pas à la rupture totale, même si le cœur n’y est plus.

Entre le CPL et le Hezbollah, le malaise est désormais profond et les déçus sont de plus en plus nombreux dans les deux camps. Il est vrai que les frictions ont commencé il y a plus d’un an et demi, lorsque le dossier de la présidentielle a commencé à être évoqué et que le Hezbollah a suivi le président de la Chambre dans l’appui à la candidature du chef des Marada, Sleiman...

commentaires (9)

Apporter une légitimité au Hezbollah sans rien obtenir en retour est la grande faute politique du cpl. Se poser la question d une alliance potentielle entre les FL ou Kataeb avec le CPL est ridicule. Franchement, votre article ne nous apprend rien du tout. Il serait plus intéressant de vous poser la question du grand gâchis créé par un parti, le CPL, qui envisage - quand même - de reconduire une alliance électorale avec le Hezbollah . Triste

Farandole

02 h 21, le 29 février 2024

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Apporter une légitimité au Hezbollah sans rien obtenir en retour est la grande faute politique du cpl. Se poser la question d une alliance potentielle entre les FL ou Kataeb avec le CPL est ridicule. Franchement, votre article ne nous apprend rien du tout. Il serait plus intéressant de vous poser la question du grand gâchis créé par un parti, le CPL, qui envisage - quand même - de reconduire une alliance électorale avec le Hezbollah . Triste

    Farandole

    02 h 21, le 29 février 2024

  • LE TITRE CA FAIT RIRE. COMME S,IL S,AGISSAIT DES AMANTS DE VENISE, ICI *LES AMANTS DE MAR MKHAEL* QUI DIVORCENT... MAIS LE COEUR EST LA... DANS LA POCHE DE CHACUN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 57, le 28 février 2024

  • Cpl, hezbôla... c'est koi tout ça?? !l On s'en fout de tout ce charabia !! Lebnèn wou bass!!!

    Wlek Sanferlou

    13 h 56, le 28 février 2024

  • C’est le moindre mal sous les actuelles circumstances. A refléchir comment ils ont fait disparaître les images des gens tués lors de l’éxplosion du Port du Beyrouth, ou comment on ne trouve que de silence sous les assasinats de L. Slim et autres opposants, c’est difficil à imaginer pour quoi les chrétiens

    Maria Ofelia Ronco

    13 h 19, le 28 février 2024

  • Comment expliquer à des gens qui pensent comme madame Haddad que toute alliance où rapprochement politique entre des sociétés politiques chrétiennes libanaises et le Hezbollah est de l'ordre du mariage de la carpe et du lapin .. Rien à part les intérêts financiers des dirigeants de ces partis ne peut justifier ni maintenir ces accords qui ont fini par couler irrémédiablement les sociétés qui les ont suivis... Ne serait-ce que l'intitulé du parti de Dieu ou la Résistance Islamique au Liban est un repoussoir pour tout chrétien libre du Liban ....

    Oscar

    13 h 15, le 28 février 2024

  • L’entente avec le parti de Dieu a coûté cher au CPL qui a payé de sa popularité, sa réputation et ses relations internationales. Sans parler des sanctions américaines imposées sur Gebran Bassil suite à cette même entente. . En politique, aucun parti ne fait de concessions ou de cadeaux aux dépens de ses propres intérêts.

    Hitti arlette

    12 h 08, le 28 février 2024

  • Cet article ressemble étrangement à une conversation de salon de personnes oisives n’ayant aucun souci. Si Madame Haddad savait que le majorité des libanais indépendants se foutent totalement des relations du Hezbollah et du CPL qui sont le dernier des derniers de leurs soucis. Mme Haddad vit sur une autre planète en oubliant que le premier souci de 95% des libanais est de pouvoir acheter la nourriture, se chauffer, se soigner et scolariser leurs enfants. Bien sûr les politiciens et leurs proches ayant volé l’argent public n’ont pas ces problèmes PS: un artiste vient de décéder faute de soins

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 58, le 28 février 2024

  • Scarlett est dans le déni. Il est vrai que voir ses parents divorcer n'est pas chose facile. Pour oublier, rien de tel qu'une balade en mer pour humer la bonne odeur du gaz naturel.

    Renno Toufic / LYON UNICANCER

    09 h 20, le 28 février 2024

  • On ne peut pas échouer aussi lamentablement dans la gestion des affaires et s’acharner ainsi à vouloir rester au pouvoir.

    Otayek Joe

    03 h 06, le 28 février 2024

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