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Militaires européens en Ukraine : Macron brise un tabou

Militaires européens en Ukraine : Macron brise un tabou

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse à l'issue de la conférence internationale visant à renforcer le soutien occidental à l'Ukraine, au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 26 février 2024. Photo AFP/GONZALO FUENTES

Le président français Emmanuel Macron a brisé un tabou en n'excluant pas l'envoi de militaires européens en Ukraine, et voulu adresser un signal stratégique à Vladimir Poutine au moment où Kiev est en grande difficulté, mais il ne s'agit pas d'envoyer des hommes au combat.

Que propose Macron ? 

« Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu », a lancé lundi soir Emmanuel Macron à l'issue d'une réunion sur l'Ukraine.

Cet hypothétique envoi de troupes, sur une base bilatérale, serait lié à des actions identifiées comme prioritaires pour les Européens : cyberdéfense, coproduction d'armement en Ukraine, déminage...

« Certaines de ces actions pourraient nécessiter une présence sur le territoire ukrainien, sans franchir le seuil de belligérance », a assuré mardi le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné. « Il est clair qu'il n'est pas question de faire la guerre à la Russie », a de son côté souligné le ministre français des Armées. Mais « dire que l'on n'exclut rien, ce n'est ni être faible, ni être escalatoire (...) ou alors à considérer que la Russie doit gagner », a encore commenté Sébastien Lecornu.

« On est dans l'ambiguïté stratégique, il s'agit d'envoyer un signal clair à la Russie: s'il y a une intensification, que l'Ukraine risque d'être anéantie, rien n'est exclu », même s' »il n'est pas question d'envoyer des troupes au sol aujourd'hui », observe Romain Le Quiniou, spécialiste des pays d'Europe centrale et orientale. « Cela représente incontestablement une escalade verbale. Mais dans ce bras de fer avec la Russie, il ne faut rien s'interdire, on est dans une partie de poker », estime l'historien militaire français Michel Goya.

Des Occidentaux sont déjà déployés en Ukraine « en petit nombre, des volontaires ou des forces spéciales », relève pour l'AFP Alexander Gabuev, directeur du Carnegie Russia Eurasia Center. Mais leur présence est limitée et le plus souvent non officielle.

L'envoi de troupes occidentales au sol, qui n'a jamais été publiquement réclamé par Kiev, constitue jusqu'à présent un tabou absolu, les pays membres de l'OTAN étant soucieux d'éviter l'escalade avec une Russie dotée de l'arme nucléaire.

Mais de fait, plusieurs lignes rouges sont tombées au fil du conflit, avec une montée en gamme progressive des armements fournis à l'Ukraine, notamment l'envoi de missiles de croisière de longue portée français et britanniques capables de frapper en Russie, ce qui était jugé impensable il y a deux ans.

Contexte d'urgence

Cette proposition intervient alors que l'Ukraine se trouve dans une « situation extrêmement difficile », selon le président Volodymyr Zelensky. Kiev accumule les revers sur le front oriental face à l'armée russe, dans l'attente des armes occidentales et alors que le Congrès américain bloque toujours une aide de 60 milliards de dollars.

Dans ce contexte, les déclarations du président Macron constituent « un signal politique majeur. Le message est triple: aux Ukrainiens, nous disons que nous sommes prêts à prendre des risques à leurs côtés. A la Russie, cette guerre est très importante pour nous. A l'opinion publique, les enjeux sont tels qu'on ne peut pas exclure cette possibilité », commente pour l'AFP l'ancien secrétaire général adjoint de l'OTAN, le Français Camille Grand.

Accueil frileux 

De source militaire européenne, les Etats-Unis se sont montrés plutôt favorables à cette proposition, étudiée par les alliés européens depuis plusieurs semaines.

Le Premier ministre slovaque Robert Fico a confirmé l'existence d'un vif débat entre Européens. « Il y a des pays qui sont prêts à envoyer leurs propres soldats en Ukraine, d'autres disent +jamais+ - la Slovaquie en fait partie - et d'autres encore estiment que cette proposition devrait être étudiée », a-t-il déclaré lundi soir. De fait, la plupart des intéressés se sont empressés mardi de prendre leurs distances avec ce scénario.

« Il n'y aura aucune troupe au sol, aucun soldat envoyé ni par les Etats européens, ni par les Etats de l'OTAN sur le sol ukrainien », a réagi le chancelier allemand Olaf Scholz. Madrid, Prague et Varsovie ont également rejeté cette perspective. L'OTAN n'a « aucun projet » d'envoi de troupes de combat en Ukraine, a renchéri mardi un responsable de l'Alliance.

L'envoi de troupes en Ukraine n'est « pas d'actualité », a quant à lui déclaré le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, dont le pays va devenir le 32e membre de l'OTAN. Plus ambigu, le Royaume-Uni a affirmé ne pas prévoir de « déploiement à grande échelle » de troupes en Ukraine en plus du « petit nombre » de personnes déjà sur place « pour soutenir les forces armées ukrainiennes, notamment en termes de formation médicale ».

Interrogé sur le risque d'un conflit direct entre l'OTAN et la Russie en cas de déploiement occidental en Ukraine, le porte-parole du Kremlin a répondu que « dans ce cas, nous ne devrions pas parler de probabilité, mais d'inévitabilité ».

Le président français Emmanuel Macron a brisé un tabou en n'excluant pas l'envoi de militaires européens en Ukraine, et voulu adresser un signal stratégique à Vladimir Poutine au moment où Kiev est en grande difficulté, mais il ne s'agit pas d'envoyer des hommes au combat.Que propose Macron ? « Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière...