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Culture - Musée

À New York, l’art moderne afro-américain sort de la marginalité

L’exposition « The Harlem Renaissance and Transatlantic Modernism » est « une ouverture et un élargissement de l’histoire de l’art et de ses récits », a expliqué le directeur du Met, l’Autrichien Max Hollein.

À New York, l’art moderne afro-américain sort de la marginalité

Une sculpture en bronze de Richmond Barthe intitulée « Feral Benga » (1935-1936) exposée au Met de New York. Mike Segar/Reuters

Peintures, sculptures et œuvres littéraires afro-américaines : le Metropolitan Museum of Art (Met) de New York fait sortir de la marginalité le mouvement artistique « Harlem Renaissance » né de la « grande migration » de millions de personnes noires du sud vers le nord des États-Unis au début du XXe siècle.

L’un des musées les plus prestigieux du monde présente 160 pièces d’art moderne provenant d’universités afro-américaines, centres d’art et fondations, pour l’exposition « The Harlem Renaissance and Transatlantic Modernism », déjà annoncée par le Met l’été dernier par simple communiqué.

Ce musée grandiose adossé à Central Park a présenté à la presse un panorama complet du premier mouvement international d’art moderne fondé par des artistes afro-américains, censé représenter « la vie quotidienne moderne de nouveaux quartiers noirs comme Harlem à New York et South Side à Chicago dans les années 1920-1940 ».

« The Harlem Renaissance and Transatlantic Modernism » est « une ouverture et un élargissement de l’histoire de l’art et de ses récits », a expliqué le directeur du Met, l’Autrichien Max Hollein.

L’entre-deux-guerres aux États-Unis a marqué les premières décennies de la « grande migration » afro-américaine (qui s’étend de 1910 à 1970 selon des historiens), où quelque six millions de personnes ont quitté des États du Sud soumis à la ségrégation raciale vers des métropoles du Nord – New York, Chicago, Philadelphie – du centre et de l’Ouest censées offrir liberté, égalité et de meilleures conditions de vie.

« Sujet noir moderne »

« Grâce à des portraits, des scènes de la vie urbaine et nocturne, par des artistes majeurs de l’époque, cette exposition met en exergue le rôle central du mouvement « Harlem Renaissance » pour façonner le sujet noir moderne et même l’art moderne du début du XXe siècle », avait expliqué M. Hollein en août.

Parmi les artistes mis à l’honneur figurent Charles Alston, Miguel Covarrubias, Aaron Douglas, Meta Warrick Fuller, William H. Johnson, Archibald Motley, Winold Reiss, Augusta Savage, James Van Der Zee et Laura Wheeler Waring.

Une partie de l’exposition met en regard des peintures d’artistes afro-américains expatriés un temps en Europe avec des portraits d’Africains réalisés par les Européens Henri Matisse, Edvard Munch, Pablo Picasso, Germaine Casse, Kees van Dongen, Jacob Epstein et Ronald Moody.

M. Hollein espère ainsi démarginaliser et rehausser le statut de « Harlem Renaissance », un mouvement ni structuré dans le temps ni cantonné à Harlem, quartier multiculturel et populaire du nord de Manhattan.

« Cette exposition est un des moyens de changer cela », pense l’historien de l’art.

Au-delà de New York et de l’entre-deux-guerres, le Met honore le peintre Motley (1891-1981) de Chicago, le poète Langston Hughes (1901-1967) qui écrivit jusqu’à sa mort, ou le peintre Jacob Lawrence, réputé à l’étranger et qui travailla jusqu’à son décès en 2000.

Descendants afro-américains

Le mécène de l’exposition, Darren Walker, président de la Fondation Ford, s’est aussi réjoui que des descendants d’artistes afro-américains « aient préservé des œuvres dont ils connaissaient la valeur à une époque où elles n’en avaient pas » encore.

À l’instar de Madeline Murphy Rabb, qui a eu du mal à réprimer ses larmes en admirant la toile Girl with Pomegranate (1940) de sa grand-tante Laura Wheeler Waring.

« J’ai œuvré durant des décennies pour que ma grand-tante soit reconnue comme elle le méritait », témoigne-t-elle auprès de l’AFP.

Elle confie avoir « toujours eu pour objectif qu’un public plus large voie ce travail important » aux États-Unis souvent meurtris par les discriminations et le racisme, et où « tant de personnes blanches et quelques noires ont des stéréotypes sur ce que les artistes noirs peignent ».

« Harlem Renaissance » est aussi associé à des penseurs, écrivains, sociologues afro-américains comme William Edward Burghardt « W.E.B. » Du Bois (1868-1963) et Alain Locke (1885-1954).

Dans son livre The New Negro (1925), Locke s’intéressait au potentiel de la « jeune génération » noire susceptible de conduire la société vers « quelque chose de proche de l’émancipation spirituelle » plutôt que des problématiques politiques classiques.

L’essayiste exhortait ainsi des peintres afro-américains à s’ouvrir aux arts visuels d’Afrique et à l’art moderne européen, rappelle la conservatrice du musée Denise Murrell.

Ainsi, William H. Johnson (1901-1970) avait émigré de sa Caroline du Sud natale vers New York avant de vivre en Tunisie, France et au Danemark.

John BIERS / AFP

Peintures, sculptures et œuvres littéraires afro-américaines : le Metropolitan Museum of Art (Met) de New York fait sortir de la marginalité le mouvement artistique « Harlem Renaissance » né de la « grande migration » de millions de personnes noires du sud vers le nord des États-Unis au début du XXe siècle.L’un des musées les plus prestigieux du...

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