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Politique - Décryptage

Pourquoi le Hezbollah doute de l’élargissement de la guerre


Même s’il est de plus en plus question de la conclusion d’une trêve entre les Israéliens et le Hamas pour le mois de ramadan, au Liban, la question qui revient le plus souvent est celle qui porte sur les possibilités d’extension de la guerre qui se déroule à la frontière sud. Dans les médias, les informations sur l’augmentation des risques d’aller vers un tel scénario sont de plus en plus précises, ainsi que les menaces proférées par des responsables, anciens ou actuels, israéliens. De leur côté, les experts militaires ou stratégiques qui sont devenus légion répètent sur les réseaux sociaux que la guerre totale entre le Liban et Israël est inévitable.

Premier concerné par ces développements, le Hezbollah continue officiellement de dire que les risques d’extension de la guerre restent de 50 %, mais il est vrai que la tension est à la hausse. Toutefois, dans ses réunions internes, l’approche est différente. Pour le Hezbollah, les risques d’élargissement de la guerre sont réels, parce que le Premier ministre israélien et une partie de la population le souhaitent et croient qu’un tel scénario sert leurs intérêts, surtout que dans le contexte de mobilisation actuelle occidentale aux côtés d’Israël les États-Unis et leurs alliés ne laisseront pas l’armée israélienne s’enfoncer dans le bourbier libanais. Mais, en même temps, la formation estime que trois facteurs au moins rendent ce scénario difficile.

D’abord, il y a le fait que les Israéliens ne peuvent pas, selon les estimations du Hezbollah, mener une guerre totale sur deux fronts à la fois. Ils ont commencé vers le 25 octobre une opération terrestre contre Gaza, qui les oblige à engager de nombreuses unités combattantes. Ces unités sont rappelées et remplacées toutes les quelques semaines en raison de la difficulté des combats sur le terrain. Ce qui fait, toujours selon les estimations du Hezbollah, qu’il est difficile pour l’armée israélienne d’engager des unités d’élite de combat dans une guerre totale contre le Liban. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle depuis l’ouverture du front avec le Liban, le 8 octobre, l’armée israélienne n’a utilisé que son aviation et ses drones, sans engager des militaires sur le terrain. Tant que les combats se poursuivent dans tous les secteurs de Gaza, l’armée israélienne ne peut donc pas, selon le Hezbollah, mener une offensive terrestre contre le Liban, et tout élargissement de la confrontation passe par une telle opération.

Le second facteur, c’est que les Israéliens savent parfaitement que le Hezbollah dispose d’une grande capacité de destruction. C’est vrai qu’en cas d’élargissement de la guerre, de nombreuses installations seraient détruites au Liban, mais il y a aura aussi d’importants dégâts du côté ennemi. Par exemple, si l’aéroport de Beyrouth est bombardé, celui de Tel-Aviv le sera aussi, assure le Hezbollah, et ainsi de suite. Autrement dit, tout élargissement de la guerre serait terrible pour le Liban mais aussi pour Israël qui traverse déjà une crise économique depuis le début du Déluge d’al-Aqsa, au point que les agences internationales de notation ont déjà réduit son classement.

Le troisième facteur, c’est le refus américain de l’élargissement de la guerre sur le front libanais. Depuis le mois d’octobre, tous les émissaires étrangers qui se sont succédé à Beyrouth ont transmis aux parties libanaises concernées le même message, sous des formes différentes, selon lequel il est impératif d’empêcher toute guerre généralisée. Certains ont utilisé les menaces, concernant notamment la gravité de ce qui pourrait attendre le Liban si la guerre devait s’élargir, et d’autres ont exprimé leur souci de permettre aux Libanais qui ont quitté leurs villages dans la zone frontalière de rentrer chez eux. De plus, les responsables américains ne ratent pas une occasion de rappeler dans leurs déclarations qu’ils ne veulent pas d’un élargissement de la guerre sur le front du Liban. Pour le Hezbollah, ce dernier point n’est pas le plus déterminant, puisque en principe, il ne fait pas confiance à l’administration américaine et il continue de croire que si les Américains le voulaient, ils auraient pu arrêter depuis le début l’attaque israélienne contre Gaza. Ils pourraient, selon le Hezbollah, le faire aujourd’hui encore en arrêtant d’envoyer des munitions aux Israéliens. D’ailleurs, dans son dernier discours, le secrétaire général de la formation a clairement fait assumer aux Américains la responsabilité de la guerre qui se déroule à Gaza.

Enfin, il y aurait encore un facteur propre au Hezbollah qui consiste dans le fait que depuis le début, il considère que cette guerre n’est pas la sienne. Elle a été décidée et lancée par le Hamas, sans tenir compte des autres membres de « l’axe de la résistance ». C’est pourquoi, depuis le début, le Hezbollah a considéré que son rôle se limitait au soutien. Il n’est donc pas (et ne veut pas être) un acteur à part entière dans ce conflit.

À travers ces éléments, il apparaît que le Hezbollah n’est donc pas convaincu de l’inéluctabilité de l’élargissement de la guerre, même si les risques existent toujours. Mais, selon des sources qui lui sont proches, le parti ne peut pas le dire clairement, parce que, d’une part, cela rassurerait les Israéliens et, d’autre part, cela les pousserait à multiplier leurs attaques contre les civils et les combattants, convaincus que le Hezbollah ne répondra pas de façon qui risque d’élargir la guerre. Le Hezbollah joue donc, dans ce contexte, une partie serrée et il élude les questions en rappelant qu’au final, la parole reste au terrain, comme l’a répété à plusieurs reprises Hassan Nasrallah.

Même s’il est de plus en plus question de la conclusion d’une trêve entre les Israéliens et le Hamas pour le mois de ramadan, au Liban, la question qui revient le plus souvent est celle qui porte sur les possibilités d’extension de la guerre qui se déroule à la frontière sud. Dans les médias, les informations sur l’augmentation des risques d’aller vers un tel scénario sont de...

commentaires (3)

Si le Liban veut la paix il faut démanteler la milice. Malheureusement cela n’est pas possible pour le Libanais car l’Iran la contrôle. Dans toute négociation imminente il faut prendre cela en considération et ne pas livrer le Liban définitivement à l’Iran comme il fut livré à la Syrie en 1990..conséquence la mainmise du Hezbollah qui fut nourri pendant l’occupation syrienne pour prendre le relais au cas où , toute lâcheté et manque de fermeté à cet égard ne fera que reporter le problème si le fruit est pourri de l’intérieur

Liban Libre

11 h 59, le 25 février 2024

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Commentaires (3)

  • Si le Liban veut la paix il faut démanteler la milice. Malheureusement cela n’est pas possible pour le Libanais car l’Iran la contrôle. Dans toute négociation imminente il faut prendre cela en considération et ne pas livrer le Liban définitivement à l’Iran comme il fut livré à la Syrie en 1990..conséquence la mainmise du Hezbollah qui fut nourri pendant l’occupation syrienne pour prendre le relais au cas où , toute lâcheté et manque de fermeté à cet égard ne fera que reporter le problème si le fruit est pourri de l’intérieur

    Liban Libre

    11 h 59, le 25 février 2024

  • IL NE DOUTE PAS. IL CRAINT ET IL PRIE, MIKO ET LE PERCHE EN SERVICE, POUR QUE CA N,ARRIVE PAS, CAR ADIEU LA PRESIDENCE PRISE ET LA MAINMISE SUR LE PAYS. ADIEU L,ARSENAL ET LES ARSENAUTES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 02, le 24 février 2024

  • OLJ/SH: Porte parole francophone du hezbollah. Surtout pour écrire du n’importe quoi

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 14, le 24 février 2024

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