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Politique - Décryptage

Hariri prépare le terrain : premiers signes d’ouverture saoudienne


Saad Hariri a amorcé le processus, mais la date de son retour sur la scène politique libanaise n’a pas encore été fixée. Elle dépend en fait des développements régionaux, mais le leader sunnite veut être prêt le moment venu. C’est ce qui ressort au quatrième jour du séjour de l’ancien président du Conseil à Beyrouth. Depuis son arrivée, il multiplie les rencontres populaires, politiques et diplomatiques à son domicile au cœur de la ville. Devant le mausolée dédié à son père Rafic ou dans la cour de son domicile, l’émotion était tout le temps présente, dans ses propos et dans l’accueil que lui ont réservé ses interlocuteurs, mais le véritable message, il l’a réservé à l’interview qu’il a accordée à la chaîne saoudienne al-Hadath, qui a été retransmise par la chaîne, elle aussi saoudienne, al-Arabiya. D’ailleurs, le fait que ces chaînes décident de l’interviewer est en soi un signe positif. C’est l’indice qu’un certain changement commence à se faire dans l’attitude saoudienne à son égard. En effet, même si les proches de l’ancien Premier ministre affirment que la décision annoncée il y a plus de deux ans de suspendre ses activités politiques est due à des facteurs principalement internes, nul n’ignore que l’Arabie saoudite a joué un rôle prépondérant dans le départ de Saad Hariri du Liban et son installation à Abou Dhabi.

La traversée du désert de Saad Hariri a commencé en novembre 2017, lors de l’annonce de sa démission à partir de Riyad, mais elle est devenue encore plus précise à partir d’octobre 2019 avec le déclenchement de la révolte populaire. Dans son entretien avec la chaîne saoudienne, Saad Hariri parle succinctement du fait que « la communauté internationale voulait un changement politique au Liban ». Il a d’ailleurs présenté sa démission du poste de Premier ministre en octobre 2019, tout en essayant dans un premier temps de former un nouveau gouvernement, avant de renoncer totalement à ses activités politiques au Liban à partir de 2022. Dès lors, il s’est même abstenu de participer officiellement aux élections législatives de cette année-là, même si certains de ses proches ont été élus en profitant de son assise populaire. L’an dernier, pour la commémoration du 18e anniversaire de l’assassinat de son père, il a fait un court passage de quelques heures au Liban, le temps de participer à la cérémonie puis de repartir. Cette année, il est clair que Saad Hariri a fait un pas en avant dans le processus de son retour. D’abord, il reste pratiquement une semaine au Liban et, ensuite, son séjour a été soigneusement préparé pour mobiliser le plus grand nombre possible de partisans, sous le slogan « Venez pour qu’il vienne ». De même, depuis son arrivée, Saad Hariri multiplie les rencontres diplomatiques, politiques et populaires, tout en cherchant à resserrer les rangs du courant du Futur qui s’étaient un peu relâchés ces derniers temps. Mais il a quand même déclaré que l’heure de son retour n’a pas encore sonné, donnant toutefois des signaux qu’un tel scénario est envisagé et même probable. Sinon, pourquoi mobiliser tous ses partisans et mener des discussions avec toutes ces parties politiques et diplomatiques ?

Des sources proches du Courant du Futur affirment que le véritable message de Saad Hariri est de montrer à tous ceux qui croyaient pouvoir l’éliminer de la scène politique qu’il est encore le véritable leader de la communauté sunnite au Liban et qu’il est même un acteur indispensable de la vie politique locale lorsque l’heure sera venue de la « normaliser ». Pourquoi le dire maintenant ? Les mêmes sources estiment que la situation de la région est en train de changer et Hariri voudrait être prêt pour jouer un rôle le moment venu. Saad Hariri a lui-même déclaré dans son entretien à al-Hadath que les pays arabes et musulmans sont en train de normaliser leurs relations et de mettre un terme à leurs conflits, notamment les États arabes et l’Iran, estimant que c’est un pas très positif. Selon les sources précitées, il s’agit là d’une perspective dont il faudrait profiter pour faire avancer la solution au Liban, dans ce pays qui reste tiraillé entre des influences contradictoires. C’est pourquoi toute perspective de rapprochement arabo-iranien ne peut qu’être bénéfique pour Saad Hariri. Ce dernier s’est d’ailleurs étendu sur le fait que Rafic Hariri est le symbole de la modération et c’est pour cela qu’il a été assassiné en 2005. « Mais il est clair, a-t-il ajouté, que l’extrémisme ne mène nulle part et que la modération reste la solution. » Elle est donc, selon lui, valable pour la région, pour le monde arabo-musulman et pour l’intérieur libanais. Au sujet du Hezbollah, Saad Hariri a aussi été nuancé, tout en reconnaissant que ce sont des membres de cette formation qui ont tué son père, il a déclaré croire en la justice divine « qui d’ailleurs commence à se réaliser puisque certains d’entre eux ont trouvé la mort en Syrie », ajoutant qu’il a conclu à l’époque un modus vivendi tacite avec cette formation. Saad Hariri a donc tenu un discours « modéré » essayant ainsi de se réserver une place dans ce qu’il considère être la nouvelle orientation dans la région. Ce que ses proches ne disent pas clairement mais plutôt par allusions, c’est que le rapprochement irano-saoudien est sérieux et que l’Arabie est appelée à jouer un rôle de plus en plus important dans le monde arabe et dans la région, ayant été sollicitée pour se charger de la reconstruction de Gaza, le jour où une solution à la guerre qui se déroule actuellement sera trouvée. De même, dans le contexte actuel, après avoir initié un rapprochement avec l’Iran, le royaume est le mieux placé pour mener un dialogue avec ce pays qui aurait des répercussions positives sur le Liban.

Pour toutes ces raisons, Saad Hariri a tenu à ce que la commémoration de l’assassinat de son père soit cette année différente des précédentes, pour accompagner les changements qui se profilent dans la région.

Saad Hariri a amorcé le processus, mais la date de son retour sur la scène politique libanaise n’a pas encore été fixée. Elle dépend en fait des développements régionaux, mais le leader sunnite veut être prêt le moment venu. C’est ce qui ressort au quatrième jour du séjour de l’ancien président du Conseil à Beyrouth. Depuis son arrivée, il multiplie les rencontres populaires,...

commentaires (4)

C’est pourtant pas lui qui a refusé l’argent des Saoudiens pour renforcer l’armée ! Son père et lui le Liban ne les méritent pas ! Les lâches et les ingrats ne pointeront jamais les vrais responsables toujours les plus faibles!

PROFIL BAS

15 h 36, le 18 février 2024

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Commentaires (4)

  • C’est pourtant pas lui qui a refusé l’argent des Saoudiens pour renforcer l’armée ! Son père et lui le Liban ne les méritent pas ! Les lâches et les ingrats ne pointeront jamais les vrais responsables toujours les plus faibles!

    PROFIL BAS

    15 h 36, le 18 février 2024

  • Chère Mme Haddad. Saad Harriri a tout raté: dans le business il a eu des deboirs avec les Seoudiens, et dans la politique il s'est compromis avec le hezbollah, son gouvernement a allumé l'etincelle á la thawra du fait de la decision whatsapp, et durant ses mandats il n'a ni alerté ni mis un frein á la corruption. Il cumule des echecs. Le vide actuel ne justifie d'aucune manière de le ramener au pouvoir. La communauté sunnite mérite mieux que lui.

    Moi

    19 h 51, le 17 février 2024

  • Les Saoudiens ont dû recevoir des consignes de jeter du lest concernant leur décision arbitraire d’empêcher Saad Hariri de reprendre la vie politique au Liban. Au royaume de Mikati Saad Hariri est roi.

    Hitti arlette

    13 h 02, le 16 février 2024

  • Il est parti une fois avoir rencontré des difficultés et lorsque le pays avait besoin qu'il se ressaisisse et change les choses, et va revenir une fois tout terminé, réglé, organisé. Franchement a quoi sert-il ou servira-t-il pour le pays?

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    10 h 49, le 16 février 2024

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