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Hariri : Il peut y avoir un président demain, mais personne ne veut faire de sacrifice

L’ancien Premier ministre, qui a suspendu ses activités politiques depuis 2022, a réaffirmé que son retour n’est pas encore au programme, en déplorant que « la boussole nationale soit cassée ».

Hariri : Il peut y avoir un président demain, mais personne ne veut faire de sacrifice

L'ancien Premier ministre Saad Hariri reçu par le président du Parlement, Nabih Berry. Photo Ani

C’est un sombre tableau qu’a dressé jeudi l’ancien Premier ministre Saad Hariri, en visite au Liban pour la 19e commémoration de l’assassinat de son père Rafic Hariri le 14 février 2005, devant des journalistes lors d’une discussion à bâtons rompus à la Maison du centre, à laquelle a participé notre correspondante Hoda Chedid.

« Le Liban souffre de multiples crises, de l’effondrement économique à celui des institutions », a déclaré M. Hariri. « La solution, pour le pays, commence par l’élection d’un président de la République », a-t-il dit, ajoutant : « Si les différentes parties voulaient réellement élire un président, il y en aurait un demain, mais personne ne veut faire de sacrifice ».

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Le Liban est sans président depuis la fin du mandat de Michel Aoun, en octobre 2022. « Le pays passe par une phase très délicate, qui pourrait s’aggraver, a-t-il poursuivi. La vacance présidentielle au Liban est honteuse. Il est vrai que j’ai suspendu mon activité politique, mais j’ai toujours un avis là-dessus ».

M. Hariri s'était mis en retrait de la politique libanaise en janvier 2022 et réside désormais aux Émirats arabes unis. Mais son retour à Beyrouth cette année est scruté de près, autant par les figures politiques que par les partisans du Courant du Futur, le parti qu'il dirigeait. Certains espèrent en effet qu'il réintégrera la scène politique libanaise, alors que la communauté sunnite ne parvient pas à s'unir autour d'un leader depuis son départ.

L’ancien Premier ministre a justement abordé ce sujet lors de sa conversation avec les journalistes, assurant une fois de plus que son retour n’est pas encore au programme. « Je ne vois pas qu’il est temps pour moi de rentrer », a-t-il lancé. À ce sujet, il a abordé sa relation avec l’Arabie saoudite, qui, selon les observateurs, est derrière sa mise à l’écart. « Tout ce qui s’écrit sur ma relation avec l’Arabie saoudite est sans fondement. La décision de suspendre mes activités politiques est la mienne, un point c’est tout ! »

Saad Hariri a cependant évoqué une exception pour son éventuel retour sur la scène politique. « Si je sens que les sunnites au Liban se dirigent vers l’extrémisme, j’interviendrai ».

L’ancien Premier ministre s’est en outre attardé sur ses relations avec les autres dirigeants politiques du pays. Du chef des Marada, Sleimane Frangié, l’un des candidats les plus en vue pour la présidentielle, il a dit qu’il était « un ami, et je préserve mes amitiés ». Du leader druze Walid Joumblatt, auquel l’oppose actuellement une brouille sur fond d’arrestation d’une fonctionnaire proche du Courant du Futur au ministère de l’Education (dirigé par un proche du Parti socialiste progressiste), il a prononcé une phrase énigmatique : « Walid est Walid ». Abordant le compromis présidentiel de 2016 qui a amené le fondateur du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, au pouvoir, et auquel il avait participé, Saad Hariri a estimé que « si cette expérience était un échec, cela ne signifie pas que toutes les expériences le seront ».

L’homme politique en exil a longuement évoqué le malaise libanais, estimant que « le pays n’est pas pauvre mais mal géré ». Il a déploré que « la boussole nationale soit cassée, et qu’il n’y ait pas de solidarité entre les uns et les autres », soulignant que « si une communauté est mal à l’aise, tout le pays a un problème ».

Sur la guerre en cours au Liban-Sud depuis le 8 octobre 2023 entre le Hezbollah et Israël, il a dit laconiquement : « Je me solidarise avec les habitants du Sud, et (le Premier ministre israélien, Benyamin) Netanyahu est un criminel. »

Chez Berry

M. Hariri a par ailleurs été reçu en soirée par le président du Parlement Nabih Berry, qui l’a retenu à dîner en sa résidence à Aïn el Tiné.

L’ancien Premier ministre, qui passe une semaine au Liban contrairement à ses visites-éclair des années passées, a déjà rencontré de nombreux hommes politiques et diplomates. Sa première visite a été au Premier ministre sortant Nagib Mikati au Grand sérail, lundi.  

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