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Politique - Décryptage

Des législatives anticipées ? Peut-être, mais...

Face à l’impasse actuelle, l’idée d’élections législatives anticipées refait (de nouveau) surface... La nouvelle est mauvaise pour une partie des Libanais. Le groupe des Cinq (États-Unis, Égypte, France, Arabie saoudite et Qatar) ne compte pas pour l’instant aborder les noms des présidentiables au Liban. Tous ceux qui attendaient une solution venue de l’extérieur pour le casse-tête qu’est devenue cette échéance en ont été ainsi pour leurs frais. Car tant qu’il n’y a pas un forcing de l’étranger en faveur d’un candidat au détriment des autres, comme cela a été le cas en 2008 dans le cadre de la conférence de Doha, il y a peu de chances que les parties libanaises puissent s’entendre sur un candidat, alors qu’en raison de la composition actuelle du Parlement, aucun camp ne détient la majorité des voix et encore moins le nombre requis pour assurer le quorum des deux tiers des députés.

La satisfaction du président de la Chambre Nabih Berry de voir les membres du quintette revenir à sa proposition de mener des concertations préalables afin d’aboutir à un candidat d’entente est donc éphémère, puisque même si l’idée d’un candidat de défi n’est plus privilégiée, les possibilités d’une entente interne sur un candidat restent minimes. C’est ce qui est ressorti de la dernière rencontre, la semaine dernière, entre les ambassadeurs des pays membres du quintette et M. Berry. Selon des sources concordantes, il y a été ainsi question de l’importance de doter le Liban d’un président de la République ayant le plus grand appui possible de la part des partis politiques, qui soit en mesure de dialoguer avec tout le monde, qui soit rassembleur et qui ne constitue donc un défi pour personne. En même temps, toujours selon les mêmes sources, les ambassadeurs ont affirmé que leurs pays respectifs ne posent aucun veto sur un candidat. Pour les parties libanaises qui croyaient que la candidature du chef des Marada Sleiman Frangié faisait l’objet d’un veto saoudien et américain, le coup est dur. Mais cela ne signifie pas pour autant que celui-ci correspond désormais au profil requis. Selon les milieux de Aïn el-Tiné, un petit pas a été ainsi accompli, mais la voie vers l’élection présidentielle n’est toujours pas praticable.

Si les parties libanaises ne veulent pas essayer de s’entendre, il leur faudra alors attendre que les membres du quintette, en plus de l’Iran, parviennent à un accord sur ce sujet. Pourtant, il est clair désormais que la priorité absolue est donnée à la guerre qui se déroule à Gaza et sur d’autres fronts, dont celui du sud du Liban. Les émissaires étrangers qui viennent dans la région (et dont certains font une escale au Liban) le disent clairement : il faut d’abord régler la question du front du sud du Liban et du nord d’Israël, et il sera ensuite question de la relance des institutions libanaises, en premier lieu l’élection présidentielle.

Toutefois, la question qui se pose est la suivante : pourquoi l’élection présidentielle vient-elle désormais après la conclusion d’un accord sur le front sud ? Des sources diplomatiques qui suivent ce dossier répondent que le Hezbollah a été clair sur le sujet en déclarant à plusieurs reprises qu’il ne compte pas évoquer de possibles arrangements, ni l’application de la résolution 1701, avant qu’une solution soit trouvée à la guerre qui se déroule à Gaza. C’est pourquoi toute l’idée de faciliter l’élection d’un nouveau président dans les plus brefs délais pour qu’il puisse négocier, au nom du Liban, de nouveaux arrangements à la frontière sud du pays n’est plus valable. Selon les mêmes sources, il y a certes une chance minime de parvenir à une solution relativement durable avant le mois de juin, date à laquelle les États-Unis entrent officiellement en campagne électorale présidentielle. Mais il est encore plus probable que les négociations traînent et que le dossier présidentiel soit relégué ainsi au second plan. Certains pensent même qu’il pourrait être reporté à l’après-élection présidentielle américaine (prévue en novembre), parce qu’il ne constitue plus une nécessité pour les parties impliquées dans le conflit qui se déroule dans la région.

Dans ce tableau sombre, l’idée de procéder à des élections législatives anticipées revient sur le tapis. Le vice-président de la Chambre Élias Bou Saab en avait parlé il y a quelque temps avant d’être critiqué par les médias, et il a été contraint à dire que c’était son idée et non celle de Nabih Berry. Aujourd’hui, il en est de nouveau question dans les coulisses politiques, pour la simple raison que le Parlement actuel, formé de petits groupes, est incapable de s’entendre sur un candidat. Les partisans de cette idée affirment que, dans les circonstances difficiles que traverse le pays, les Libanais ont plus que jamais besoin d’un président qui ait un large soutien parmi les principaux blocs parlementaires. Mais pour cela, ces blocs devraient mettre de côté leur souci de popularité auprès de leurs bases populaires et ne tenir compte que de l’intérêt national. Les élections anticipées constituent donc une option qui est sérieusement étudiée actuellement, pour permettre la conclusion d’ententes internes. Mais elle soulève de nombreuses questions : d’abord, le Liban peut-il supporter des campagnes électorales, qui reposent en général sur des thèses extrêmes, alors que le peuple ploie sous le poids des crises et s’inquiète pour l’avenir ? Ensuite, qu’est-ce qui prouve que si les élections ont lieu sur la base de la loi électorale en vigueur (qu’il est difficile d’amender sans un accord des blocs parlementaires), elles ne produiront pas un Parlement identique à l’actuel ? Enfin, comment le gouvernement sortant pourrait-il organiser des législatives anticipées alors qu’il songe sérieusement à reporter une nouvelle fois les élections municipales ? Dans un tel contexte, toutes les solutions semblent mauvaises...

Face à l’impasse actuelle, l’idée d’élections législatives anticipées refait (de nouveau) surface... La nouvelle est mauvaise pour une partie des Libanais. Le groupe des Cinq (États-Unis, Égypte, France, Arabie saoudite et Qatar) ne compte pas pour l’instant aborder les noms des présidentiables au Liban. Tous ceux qui attendaient une solution venue de l’extérieur pour le...

commentaires (3)

Pourquoi tous ces émissaires s’agitent autant et font toute une montagne pour la vacance à la plus haute fonction de l’Etat sachant qu’après l’accord de Taef les prérogatives du président de la république ont rétréci comme peau de chagrin ? Pas de panique .Le pays est entre les bonnes mains de Berry et Mikati

Hitti arlette

16 h 36, le 07 février 2024

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Commentaires (3)

  • Pourquoi tous ces émissaires s’agitent autant et font toute une montagne pour la vacance à la plus haute fonction de l’Etat sachant qu’après l’accord de Taef les prérogatives du président de la république ont rétréci comme peau de chagrin ? Pas de panique .Le pays est entre les bonnes mains de Berry et Mikati

    Hitti arlette

    16 h 36, le 07 février 2024

  • Mais on s’en fout complètement qu’il y ait un président ou pas puisqu’il n’y a plus de république. La structure actuelle de l’Etat est complètement obsolète et tant qu’on n’aura pas trouvé une nouvelle solution géographique et politique du Liban actuel, aucune gouvernance n’est possible. Le vivre ensemble avec les armes du Hezbollah appartient au passé, on ne veut plus vivre dans un même État qu’eux. Est ce bien clair Madame?

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 49, le 07 février 2024

  • Malgré la Constitution, et tant que Nabih Berri décide seul quand convoquer le parlement pour voter un Président en jouant sur le chorum requis pour la seconde session il n’y aura pas de président. Pour lui c’est frangieh ou personne. A une période donnée c’était aoun ou personnne…et on connaît le résultat.

    Goraieb Nada

    07 h 42, le 07 février 2024

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