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Culture - Initiative

Al-Ula s’offre son premier récital lyrique, avec l’Opéra de Paris et Farah el-Dibany

Dans la soirée du 17 janvier, la ville saoudienne d’al-Ula a accueilli des artistes de l’Opéra national de Paris dans la salle de spectacle Maraya pour lancer une collaboration de longue haleine entre le palais Garnier et la villa Hegra, future villa Médicis du royaume wahhabite.

Al-Ula s’offre son premier récital lyrique, avec l’Opéra de Paris et Farah el-Dibany

Farah el-Dibany et des artistes de l’Opéra national de Paris dans la salle de spectacle Maraya à al-Ula, en Arabie saoudite. Photo Julien Mignot – Cheeese/OnP

C’est au cœur d’un site plurimillénaire et majestueux en Arabie saoudite que l’agence franco-saoudienne a choisi d’établir la future villa Hegra, un centre culturel d’envergure dédié aux arts vivants notamment, dont le partenariat avec l’Opéra de Paris a été lancé lors d’un concert le 17 janvier à al-Ula. Myriam Mazouzi, qui dirige l’Académie de l’Opéra de Paris, précise les objectifs d’un projet ambitieux. « Notre département est dédié à la transmission, avec un pôle d’éducation artistique et culturelle (programmes pédagogiques, ou pour jeune public) et un pôle de formation professionnelle pour artistes. On forme aussi des musiciens d’orchestre, des metteurs en scène, des chefs d’orchestre. Cela concerne également les métiers d’art : couture, perruque, maquillage, tapisseries… L’agence franco-saoudienne a sollicité le savoir-faire de l’Opéra de Paris pour accompagner la transmission et le développement de spectacles vivants à al-Ula. »

La directrice de l’Académie souhaitait que le partenariat soit amorcé par un acte artistique qui a eu lieu dans la salle de spectacle Maraya, le plus grand bâtiment formé de miroirs au monde, au cœur de cette nouvelle destination culturelle.

Un premier concert d’opéra en Arabie saoudite en collaboration avec l’Opéra national de Paris. Julien Mignot – Cheeese/OnP

Des extraits lyriques de Massenet, Bizet, Saint-Saëns, Offenbach, Weill ou Lehar ont été proposés au public par des solistes de renommée internationale : Marianne Croux, Farah el-Dibany, Yu Shao et Vladimir Kapshuk. Le pianiste Benjamin Laurent et la danseuse étoile Alice Renavand ont interprété la Sonate au clair de lune de Beethoven. « Outre les quatre chanteurs lyriques formés à l’Opéra de Paris, qui ont terminé leur formation, les autorités saoudiennes nous ont demandé d’intégrer dans notre programmation une jeune soprano débutante, Sawsan Albahiti. Nous avons souhaité mettre à l’honneur plusieurs savoir-faire pour ce premier concert d’opéra en Arabie saoudite : le chant lyrique, la danse et une exposition de douze costumes de l’Opéra de Paris dans le hall, dont ceux de La Belle au bois dormant de Noureïev ou du Soulier de satin », ajoute Myriam Mazouzi, qui insiste sur la dimension inédite de l’événement. « J’ai appris récemment que jusqu’en septembre 2022, on n’avait pas le droit de prononcer le mot “opéra” en Arabie saoudite. Or jeudi soir, en dehors des délégations officielles, le public local était nombreux, avec beaucoup de femmes, venues seules ou à plusieurs. En Occident, nous avons une manière d’écouter la musique qui nous est culturellement propre, en restant assis. Certains Saoudiens nous avaient mis en garde sur des allées et venues fréquentes pendant le concert, mais il y en a eu très peu, et l’écoute du public était très concentrée, les gens avaient l’air heureux », se réjouit la directrice.

Après le concert, une rencontre entre les artistes et de jeunes musiciens était prévue dans une école de musique, le Music Hub d’al-Ula. « Le pays se transforme très vite et est en train de construire un réseau de conservatoires à travers le pays. Au Music Hub, les élèves apprennent le chant ou un instrument, et leur curiosité est remarquable, cela nous a permis de déconstruire beaucoup de nos stéréotypes », conclut Myriam Mazouzi.

La salle Maraya a porté l’habit de l’Opéra national de Paris le temps d’un concert. Photo al-Ula.com

« Le public libanais m’a transmis une énergie que je porte encore »

La cantatrice égyptienne Farah el-Dibany a interprété jeudi soir des extraits de Samson et Dalila, de Carmen et des Contes d’Hoffmann. Celle qui a reçu le prix lyrique de l’AROP (Association pour le rayonnement de l’Opéra national de Paris, NDLR) en 2019 s’est rendue doublement célèbre en 2022, en France et dans le monde, en interprétant la Marseillaise le soir de l’élection d’Emmanuel Macron, sur le Champ-de-Mars, puis lors de la finale de la Coupe du monde de football à Doha. « Je connaissais déjà le public d’al-Ula car j’avais participé à un concert de variétés pour TV5Monde, avec une chanson de Feyrouz en duo avec Enrico Macias… Le public d’al-Ula se compose essentiellement des résidents de la ville, ainsi que des habitants de Djeddah ou Riyad. Je sens le public attentif et silencieux, il exprime une grande curiosité », confie la cantatrice qui a été en résidence à l’Académie de l’opéra de Paris entre 2016 et 2019. « La rencontre avec les jeunes musiciens du Music Hub a été intéressante, l’agence franco-saoudienne nous a demandé de partager notre expertise aussi bien théorique, technique que professionnelle. Au-delà du transfert de compétences, qui va se développer aussi avec les futurs opéras de Riyad et de Djeddah, il s’agit de créer des ponts culturels entre l’Opéra de Paris et d’autres cultures, et c’est dans cette dynamique que j’ai intégré l’Académie. Quand je suis arrivée, je ne parlais pas français. Aujourd’hui, je participe au projet en tant qu’Égyptienne, tout en représentant l’Opéra de Paris », souligne la jeune femme d’une voix sonore et enthousiaste.

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De son concert au Liban l’été dernier au Festival de Beiteddine, Farah el-Dibany garde un souvenir vibrant. « J’ai vécu un moment magique : le public m’a transmis une énergie que je porte encore. J’ai ressenti beaucoup de chaleur et surtout une liberté profonde, qui m’a permis de donner tout ce que j’avais en moi. Je rêve d’y retourner », prévoit la chanteuse lyrique, dont le programme est déjà bien chargé. Un concert à Djeddah est prévu en février avec l’ambassade de France, dans le cadre de la semaine de la francophonie, au sein duquel elle souhaite intégrer des musiciens saoudiens. Ensuite, ce sera un récital à Berlin, dans la fameuse « église cassée » (Gedächtnis-Kirche). Adepte des changements de registre, elle interprétera aussi prochainement des airs d’Édith Piaf dans l’émission Le Grand Échiquier.

La villa Hegra, qui doit ouvrir ses portes en 2026 à al-Ula, est une « institution franco-saoudienne dédiée aux arts et à la culture, née d’un accord bilatéral de coopération ». Elle « abritera des résidences d’artistes et un centre culturel ».

Les deux États ont signé en avril 2018 un accord pour le développement touristique et culturel de la région d’al-Ula, particulièrement riche en ruines nabatéennes et en paysages exceptionnels. Le Centre Pompidou a signé en mars 2023 un accord avec le pays pour la création, à al-Ula, d’un futur musée d’art contemporain consacré aux artistes du monde arabe.

C’est au cœur d’un site plurimillénaire et majestueux en Arabie saoudite que l’agence franco-saoudienne a choisi d’établir la future villa Hegra, un centre culturel d’envergure dédié aux arts vivants notamment, dont le partenariat avec l’Opéra de Paris a été lancé lors d’un concert le 17 janvier à al-Ula. Myriam Mazouzi, qui dirige l’Académie de l’Opéra de...

commentaires (1)

Bravo M Le Drian. Au moins, a Al Ula, vous enregistrez des succes. Contrairement au Liban ....

Michel Trad

11 h 45, le 24 janvier 2024

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Commentaires (1)

  • Bravo M Le Drian. Au moins, a Al Ula, vous enregistrez des succes. Contrairement au Liban ....

    Michel Trad

    11 h 45, le 24 janvier 2024

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