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Dernières Infos - Législatives

A Taïwan, une population chinoise prise en étau par les tensions

Des partisans de Lai Ching-te, le candidat à la présidence du Parti démocrate progressiste (DPP), assistent à un meeting de campagne avant les élections présidentielles à Taipei, le 11 janvier 2024. Photo ALASTAIR PIKE / AFP

Li Zhen-xiu fait campagne pour les élections législatives de Taïwan samedi, avec une particularité: elle est l'une des deux seuls candidats d'origine chinoise parmi 505, avec l'espoir d'"apaiser les malentendus" des deux côtés du détroit.

Lors du scrutin de samedi, 113 sièges sont à pourvoir. Elle défend les droits des quelque 360.000 conjoints de citoyens taïwanais qui, comme elle, sont d'origine chinoise et se sentent pris en étau par les tensions croissantes. Toute la semaine, Pékin a accentué sa pression diplomatique et militaire sur Taïwan, qu'elle considère comme l'une de ses provinces qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste du pays depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Li Zhen-xiu, 50 ans, est candidate pour le Parti populaire de Taïwan (TPP), un petit parti qui cherche à mettre fin au règne des deux grandes formations traditionnelles, le Parti démocratique progressiste (DPP) et le Kuomintang (KMT).

Elle estime avoir un rôle à jouer pour "apporter sa modeste contribution et apaiser les malentendus" entre la Chine et Taïwan. Sur 23 millions d'habitants à Taïwan, moins d'un demi-million sont d'origine chinoise. "Je suis très malheureuse quand je vois des nationalistes de Chine continentale critiquer Taïwan, mais je ne suis pas non plus à l'aise lorsque des hommes politiques et des médias taïwanais critiquent la Chine continentale", dit-elle à l'AFP. 

"Cela ne nous regarde pas"

Quand on lui demande si elle espère que la Chine soit un jour une démocratie, comme Taïwan, elle répond que cela dépend seulement de ce que veulent les Chinois. "Si les habitants de Chine continentale aiment leur mode de vie actuel, on ne devrait pas intervenir, mais si les gens changent d'avis et veulent la démocratie, alors nous en serons heureux", commente-t-elle. "Cela ne nous regarde pas si les gens mangent avec des baguettes ou avec des fourchettes. On devrait juste faire de notre mieux".

Les Taïwanais choisiront samedi leur nouveau président et renouvelleront leur Parlement, lors d'un scrutin sous la pression croissante de Pékin, qui revendique la souveraineté de l'île, et le regard attentif de Washington.

Depuis 2016, la Chine a coupé toute communication de haut niveau avec Taïwan pour protester contre l'élection de la présidente actuelle, Tsai Ing-wen, issue du DPP. Le Parti démocratique progressiste a toujours penché pour l'indépendance en refusant le principe, défendu par Pékin, de l'unité de Taïwan et de la Chine au sein d'un même pays.

Et pour les citoyens d'origine chinoise vivant à Taïwan, les choses ne sont pas simples: les conjoints de citoyens taïwanais doivent attendre six ans pour pouvoir demander la nationalité taïwanaise, deux fois plus que ceux originaires d'autres pays. "On voudrait juste être traités de manière équitable", plaide la candidate.

La situation est plus compliquée encore pour les étudiants chinois à Taïwan: ils ne peuvent pas bénéficier de bourses du gouvernement central ni chercher un travail sur l'île après avoir décroché leur diplôme.

"Injuste"

Wooper est venu de Chine pour étudier à Taïwan: "On n'est pas traités pareil. C'est injuste (...) et basé sur des considérations politiques", ajoute-t-il, s'exprimant sous un pseudonyme par crainte de représailles. Les étudiants en provenance de Chine avaient été autorisés à s'inscrire dans les universités taïwanaises en 2011, quand le KMT - favorable à un rapprochement avec Pékin - était au pouvoir et leur nombre a grimpé à plus de 40.000 inscrits en 2016, un pic.

Mais en 2020, les autorités chinoises leur ont interdit de postuler. En octobre 2023, il ne restait plus que 2.000 étudiants chinois à Taïwan.

Arrivé en 2016, Wooper pensait s'adapter facilement. Huit ans plus tard, il se sent encore comme un "observateur" car "les étudiants chinois sont exclus de la vie à Taïwan, surtout de la vie politique". Il espère que le nouveau gouvernement améliorera les conditions pour les étudiants comme lui, en lui permettant de rester vivre et travailler sur l'île après son diplôme.

Outre les échanges universitaires, le tourisme est est aussi frappé par des restrictions. Depuis août 2019, les touristes chinois ne peuvent plus obtenir l'autorisation de voyager à Taïwan. Seuls les Chinois vivant à l'étranger peuvent aller faire du tourisme sur l'île.

En Chine, Jenny Feng, propriétaire d'un restaurant dans la province chinoise du Hunan (sud), se languit de pouvoir voyager à Taïwan dont elle adore la musique et où elle aimerait visiter les lieux mentionnés dans les chansons. "J'espère que les relations entre les deux côtés (du détroit) peuvent revenir à l'époque où on pouvait voyager à Taïwan", confie-t-elle à l'AFP.



Li Zhen-xiu fait campagne pour les élections législatives de Taïwan samedi, avec une particularité: elle est l'une des deux seuls candidats d'origine chinoise parmi 505, avec l'espoir d'"apaiser les malentendus" des deux côtés du détroit.

Lors du scrutin de samedi, 113 sièges sont à pourvoir. Elle défend les droits des quelque 360.000...