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Politique - Focus

Présidentielle : l’éventualité d’un deal en faveur du Hezbollah inquiète l’opposition

Le camp opposé au parti chiite mais aussi le CPL redoutent un troc entre un accord à la frontière et l’élection de Sleiman Frangié à la tête de l’État.

Présidentielle : l’éventualité d’un deal en faveur du Hezbollah inquiète l’opposition

Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, s’entretenant avec l’ambassadeur de France à Beyrouth, Hervé Magro, à Bickfaya, le 10 janvier 2023. Photo tirée du compte X de M. Gemayel

Les protestations de Nabih Berry – « Nous n’abandonnerons pas un mètre du territoire du Liban-Sud, même en contrepartie des plus hauts postes de la hiérarchie officielle », avait affirmé le président de la Chambre il y a dix jours – n’ont pas suffi pour rassurer l’opposition. Cela transparaît dans l’insistance du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, à prendre la même position à deux reprises en 24 heures : « La présidence de la République ne sera pas un lot de consolation. C’est un dossier en soi. » À l’heure où les négociations pour mettre fin à la guerre Hamas-Israël, dans laquelle est impliqué le Hezbollah à partir du Liban-Sud, battent leur plein dans les coulisses politiques et diplomatiques, l’opposition au camp de la moumanaa semble s’inquiéter des répercussions d’un éventuel accord (avec le parti chiite) sur les échéances internes, notamment la présidentielle. Ce camp craint une sorte de troc qui pourrait mener une figure proche du camp du 8 Mars à la magistrature suprême. Une éventualité que les anti-Hezbollah, rejoints par le leader du Courant patriotique libre Gebran Bassil, disent vouloir affronter, sans toutefois définir clairement les moyens pour y parvenir, du moins à ce stade.

Ce qui a été refusé au Hezbollah avant le 7 octobre ne lui sera pas accordé après le 7 octobre. C’est dans cet état d’esprit que les protagonistes de l’opposition abordent la question. « Pour lancer une guerre contre le Liban, Israël n’a pas besoin du Hezbollah et ne l’attendra pas », déclare à L’Orient-Le Jour le porte-parole des FL, Charles Jabbour, comme pour minimiser le poids du parti chiite dans le processus de négociation en cours, et ses retombées sur le dossier de la présidentielle. Mais si tel est vraiment le cas, comment expliquer le matraquage de Samir Geagea ? « Nous mettons simplement en lumière la logique de la moumanaa et ce qu’elle pense pouvoir obtenir à la faveur d’une logique de donnant-donnant », dit-il, faisant savoir que cette tendance transparaît dans les réunions avec certains émissaires internationaux. C’est également ce qui ressort d’un communiqué publié mardi dernier par M. Geagea. « Dans les négociations en cours entre la moumanaa et les émissaires occidentaux, notamment américains, sur la frontière sud et sur un redéploiement du Hezbollah (au nord du Litani, NDLR), la moumanaa affirme que cela requiert une certaine situation interne, liée à la présidence de la République et au gouvernement. Cet axe tente de monnayer ces deux dossiers et nous rejetons catégoriquement une telle démarche. Parce que la présidence ne sera pas un lot de consolation à la résistance », a martelé le leader de Meerab. « Nous sommes reconnaissants pour les efforts déployés par les émissaires internationaux. Mais nous ne permettrons pas au Hezbollah de mettre la main sur le pays ou de le mener vers des aventures inopportunes », commente de son côté à notre journal Pierre Bou Assi, député FL, affirmant toutefois « ne pas avoir entendu parler de troc » entre la présidentielle et la question du Liban-Sud.

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La mise en garde de Gemayel
Les  craintes de Samir Geagea se font également sentir à Saïfi. Contacté par L’OLJ, Salim Sayegh, député Kataëb, fait état de « tentatives de tâter le pouls des opposants quant à un éventuel lien entre la présidentielle et le retour au calme à la frontière ». « Mais nous n’allons pas accepter l’élection du candidat du Hezbollah à la tête de l’État », assure le parlementaire, précisant que, « contrairement à ce que l’on serait tenté de croire, une telle démarche ne fera qu’aggraver l’instabilité politique du pays ». Comprendre : l’arrivée du candidat du Hezbollah à la magistrature suprême serait, aux yeux de l’opposition, une concession qui ne serait pas payante. « Cela d’autant plus que le Hezbollah n’a jamais respecté ses engagements politiques », renchérit Pierre Bou Assi. Les opposants reviennent donc à la rhétorique qu’ils avaient employée il y a quelques mois pour enterrer un troc dont la France était, à un moment donné, accusée de faire la promotion et qui prévoyait l’élection de Sleiman Frangié, candidat du Hezbollah, en contrepartie de la nomination d’un Premier ministre proche de l’opposition. « La page de cette formule est tournée. Et à l’heure actuelle, il n’est question d’aucun autre troc entre la frontière et la présidence de la République », tranche une source diplomatique française, disant « comprendre » les appréhensions exprimées par le chef des Kataëb à l’issue de son entretien, mercredi, avec l’ambassadeur de France à Beyrouth, Hervé Magro. « Non à tout compromis aux dépens du Liban et de sa souveraineté, a tonné Samy Gemayel. Beyrouth ne sera pas un cadeau en contrepartie (du dossier) des frontières. »

Les ténors de l’opposition convergent sur ce plan avec le chef du CPL, pourtant allié (ou pas ?) au Hezbollah. Dans une interview accordée mercredi soir à la chaîne de son parti OTV, Gebran Bassil a rejeté toute éventualité de troc. « La guerre ne devrait pas être perçue comme un moyen de marquer des points sur le plan politique. Ce n’est pas avec cette logique qu’on devrait aborder la présidentielle », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Le sang des martyrs n’a pas été versé pour en tirer des profits politiques. » Un message clair au Hezbollah avec lequel les mésententes se font de plus en plus audibles, surtout après la prorogation du mandat du commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, le 15 décembre dernier. Une démarche qui n’a été rendue possible que grâce à un feu orange du parti chiite, malgré l’opposition féroce de son allié chrétien.

Neemat Frem ?
Les propos de Gebran Bassil dénotent une certaine volonté aouniste de ne pas lâcher les anti-Hezbollah – avec lesquels il a dans un premier temps convergé sur le soutien à la candidature de l’ancien ministre Jihad Azour contre celle de Sleiman Frangié – dans cette bataille. Il a dans ce cadre réitéré son appel à une entente élargie autour d’une figure consensuelle, d’autant que le principe de la troisième voie était acquis (avant la guerre d’octobre) après la conclusion que ni M. Frangié ni M. Azour ne pourrait être élu sur fond de polarisation aussi aiguë. « On espère que la nouvelle année sera celle de l’élection d’un président, la préservation de l’accord de Taëf et le respect de la Constitution et des résolutions internationales », a souligné jeudi Michel Pharaon, ancien ministre proche du 14 Mars. Mais ce ne sera pas chose facile. Car en attendant le retour de l’émissaire français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, prévu pendant le mois de janvier en principe, les anti-Hezbollah peinent toujours à définir clairement les contours de leur action pour la prochaine phase. Alors que des députés centristes poursuivent leurs efforts pour mettre en place un bloc de 20 parlementaires, la Modération nationale (rassemblant des députés majoritairement sunnites ex-haririens) entendrait présenter une initiative à même de réactiver le dossier. « Il s’agit de proposer la relance des séances électorales parallèlement à un dialogue bilatéral qui pourrait déboucher sur une entente », explique Sajih Attié, membre de ce bloc, estimant que Neemat Frem, député du Kesrouan, « serait un candidat qui a des chances d’être élu ». L’opposition s’oriente-t-elle donc vers ce choix ?

Les protestations de Nabih Berry – « Nous n’abandonnerons pas un mètre du territoire du Liban-Sud, même en contrepartie des plus hauts postes de la hiérarchie officielle », avait affirmé le président de la Chambre il y a dix jours – n’ont pas suffi pour rassurer l’opposition. Cela transparaît dans l’insistance du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, à prendre la même...

commentaires (13)

Pour la Présidentielle, il faut un homme de poigne , aux mains très propres , intransigeant sur le fond et diplomate sur les bords , à égale distance de tous et apprécié par tous , ayant démontré , au cours de son exercice au sein des pouvoirs publics, de la constance et de la fermeté et de la discrétion . Un vrai homme d'État , comme entre autres l'ancien Ministre Jean-Louis Cordahi . Des hommes pareils, ça ne court pas les rues .

Chucri Abboud

14 h 02, le 12 janvier 2024

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • Pour la Présidentielle, il faut un homme de poigne , aux mains très propres , intransigeant sur le fond et diplomate sur les bords , à égale distance de tous et apprécié par tous , ayant démontré , au cours de son exercice au sein des pouvoirs publics, de la constance et de la fermeté et de la discrétion . Un vrai homme d'État , comme entre autres l'ancien Ministre Jean-Louis Cordahi . Des hommes pareils, ça ne court pas les rues .

    Chucri Abboud

    14 h 02, le 12 janvier 2024

  • N’est ce pas ces mêmes libanais, sunnites comme druzes, chiites et les autres qui s’étaient morfondus après la guerre de 75 en nous disant qu’ils s’étaient trompés de camp et qu’ils ne recommenceraient plus après avoir compris que les seuls gagnants étaient les tyrans qui voulaient leur peau? Ils ont la mémoire courte puisqu’ils renouvellent l’expérience en donnant le bâton aux usurpateurs qui les remercieraient comme en 80 pour leurs services rendus en les asservissant et tuant si par malheur ils oseraient demander de partager les fruits de leur victoire contre la mort de leur pays.

    Sissi zayyat

    11 h 39, le 12 janvier 2024

  • Les seuls qui n'ont rien compris depuis 1989 a ce jour sont justement le Tayyar et ses semblables qui se désintègrent jour après jour. Ils ont toujours eu la vu courte et nous nos en étonnons pas vu le spécimen qu'ils adulent: Fuite en Pyjama, Trahison par trois fois de ses allies, etc... etc,.,.. etc... laq liste est longue!

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    11 h 21, le 12 janvier 2024

  • Cette opposition qualifiée de pleurnicharde, incapable et ayant perdu le soutient du peuple est entrain de gagner toutes les élections estudiantines, celles des métiers, etc... et va surement remporter les prochaines élections municipales et parlementaires. Les faits parlent d'eux même malgré les tentatives de désinformation. La jeunesse a voté et votera, a sa grande majorité, pour le courant souverainiste n'en déplaise au Hezbollah et ses ouailles sous des pseudos A, B ou C ... Les FL ont dit non au troc en 1975, 1994, 2005 et encore non en 2024, c'est que c'est non ! Point Barre !

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    11 h 18, le 12 janvier 2024

  • Le seul perdant dans cette histoire est notre pays. Pendant que les opposants se crêpent la barbe, les usurpateurs eux profitent de chaque événement pour imposer leurs conditions comme s’ils avaient gagné la guerre. Un seul message devrait être dit et répété par tous, à tous les occidentaux. Le désarment du HB qui est au service d’un pays étranger. Le HB est on ne peut plus affaibli, il faut sauter sur l’occasion pour en finir avec lui et ses armes. Ceux qui croient qu’en l’éloignant du front sud cela réglerait le problème se mettent le doigt dans l’œil et la région ne sera que plus menacée.

    Sissi zayyat

    10 h 41, le 12 janvier 2024

  • Ce n'est pas étonnant. Les loyalistes libanais devraient apprendre de leurs erreurs : Combien de fois ont -ils été lachés par l'Occident?. Les seuls qui ont compris qu'il y a plus à gagner de l'Occident en étant contre lui qu'avec lui sont au Liban le Tayyar et dans la région l'Iran et Hezballah L'Occident se torche le c. si on partage ses valeurs, ce qui importe aux pays occidentaux c'est de minimiser leurs pertes

    Moi

    08 h 57, le 12 janvier 2024

  • CEUX QUI VEULENT VRAIMENT ANÉANTIR LE DANGEREUX HIZBOLLAH ET CHERCHENT UN LIBAN LIBRE, IL N’ONT QU’À FUSIONNER AVEC LES FORCES LIBANAISES POUR FORMER UN SEUL PARTI. SINON ON VOIT BIEN QUE VOUS N’ÊTES QUE DES OPPORTUNISTES VOUAIENT À L’ÉCHECS.

    Gebran Eid

    08 h 23, le 12 janvier 2024

  • Il est simplement impensable et pas de l'intérêt du Hizb d'imposer un président contre le gré de la communauté Chrétienne du Liban. On assiste actuellement à un jeu de poker entre les différents partis. Le Hizb, et N.Berri, (je crois) savent très bien jusqu'où ils peuvent aller. Pression contre pression, seul un accord est capable d'aboutir. Il est grand temps, le pays coule chaque jour. Un effort authentique de toutes les parties est requis, urgence oblige.

    Raed Habib

    08 h 08, le 12 janvier 2024

  • "On ne dîne pas avec le diable, même avec une longue cuillère". Il est vain de chercher un accord avec le Hezbollah. A discuter avec lui, on est toujours perdant, d’autant plus que, comme le remarque, fort justement Pierre Bou Assi, "le Hezbollah n’a jamais respecté ses engagements politiques" (1701, accord de Baabda …). Même Bassil  commence à s’en rendre compte!

    Yves Prevost

    07 h 35, le 12 janvier 2024

  • L’opposition a pour l’instant le mérite … d’exister. Au temps de la soi-disant gloire du soi-disant « 14 mars » haririens et joumblattistes figures de proue de ce « soi-disant » se seraient concurrencés pour offrir le compromis le plus bénéfique au Hezbollah.. Comme ils se sont concurrencés pour soutenir le même Frangié en 2015.. Au moins maintenant on a une opposition qui est une vraie opposition c’est à dire qui refuse tout compromis malgré toutes les pressions internationales. Ils ne sont qu’une trentaine, mais sont purifiés des haririens joumblattistes aounistes et autres kellon.

    Citoyen libanais

    06 h 32, le 12 janvier 2024

  • Les députés de l'opposition se réveillent seulement maintenant touchés qu'ils sont par l'atrophie de leurs lobes cérébraux, le dernier des quidams savait qu'un tel troc, la présidence contre certains arrangements, était en gestation et maintenant ils poussent des cris de vierges effarouchées, notre "Hakim national" qui fulmine et tempête que la présidence ne sera pas un lot de consolation à la résistance, nasrallah doit trembler !!!, le jour des élections il eût mieux valu se casser la jambe plutôt que d'avoir voté pour eux, quelle déception !!!

    C…

    03 h 58, le 12 janvier 2024

  • L'opposition est un rassemblement de pleurnichards , d'incompétents et de paresseux...ils ont perdu la confiance du peuple Libanais

    Emile G

    00 h 21, le 12 janvier 2024

  • A la fin c’est le Hezbollah qui va gagner, malheureusement

    Eleni Caridopoulou

    21 h 11, le 11 janvier 2024

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