Nabih Berry a dû personnellement intervenir pour mettre les points sur les i. Il n’y aura pas de troc entre la présidentielle et la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies (2006), a affirmé le président de la Chambre dans des propos publiés lundi par le quotidien panarabe al-Charq al-Awsat, démentant des fuites allant dans ce sens dans la presse locale. Selon ces informations, le troc 1701-présidentielle aurait été au centre d’un message du Hezbollah au quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte et Qatar) via M. Berry.
« Pas de troc entre la présidentielle et la 1701. Nous n’abandonnerons pas un mètre du territoire du Liban-Sud même en contrepartie des plus hauts postes de la hiérarchie officielle », a affirmé le chef du législatif, ajoutant être « plus que jamais attaché à la présence de la Force intérimaire des Nations unies au Liban-Sud ».
Ces propos interviennent au lendemain de plusieurs incidents inquiétants qui ont touché la Finul ces derniers jours, suscitant des questions quant à leur timing et au message qu’ils véhiculent à l’heure où la guerre fait rage à la frontière libano-israélienne et où le respect (en pratique et non en théorie) de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui prévoit un retrait du Hezbollah du sud du fleuve Litani, devient un passage obligé pour une sortie du tunnel. D’où la pression internationale visant à en imposer le respect, afin d’épargner au Liban le scénario du pire. Est-on donc devant un jeu de rôle entre Nabih Berry et le Hezbollah ? Les milieux de Aïn el-Tiné ne répondent pas à la question, se contentant de réitérer la position du chef du législatif. « Il n’y a aucun lien entre la présidentielle et la mise en application de la 1701. Cela n’est pas logique », déclare un proche de M. Berry, précisant qu’il est « dans notre intérêt de voir cette résolution concrétisée parce ce qu’elle préserve la stabilité du Liban et sa souveraineté ». Selon lui, « le seul but de ce genre de rumeurs est le parasitage des bons rapports entre les Casques bleus et les habitants du Liban-Sud. D’autant qu’on veut imputer au Hezbollah la responsabilité des récents incidents ayant ciblé la force onusienne ».
De même, le parti de Dieu dément toute volonté de tourner la page de la 1701, comme le souligne à L’Orient-Le Jour Mohammad Khansa, responsable des relations avec les instances et partis chrétiens au sein du Hezbollah, appelant à attendre le discours prévu mercredi du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, à l’occasion de la quatrième commémoration de l’assassinat de Kassem Soleimani, ancien chef de la brigade al-Qods au sein des pasdaran. De son côté, Nabih Berry entendrait faire comprendre la position du tandem chiite au commandant de la Finul, Aroldo Lazaro Saenz, attendu à Aïn el-Tiné cette semaine.
« Pas un lot de consolation »
Le démenti médiatique de Nabih Berry semble être une réponse au chef des Forces libanaises, Samir Geagea, qui a rejeté tout troc entre la 1701 et l’élection du futur chef de l’État. « La présidentielle n’est pas un lot de consolation (…) », a-t-il dit lors d’un dîner partisan vendredi soir, plaidant pour l’élection d’un « président dans le vrai sens du terme ». « Nous voulons un président capable d’imposer le respect de la 1701, et de garder le Liban à l’abri de la guerre actuellement en cours dans la région », commente Ghayath Yazbeck, député FL. « Nous voulons aussi que Nabih Berry ouvre les portes du Parlement afin d’élire le nouveau président, comme le veut la Constitution », affirme-t-il. M. Yazbeck rejoint ainsi le patriarche maronite Béchara Raï qui a exhorté, une nouvelle fois, le Parlement à s’acquitter de ses responsabilités. « Il est du devoir du Parlement, s’il est maître de lui-même, de se réunir et d’élire un chef de l’État », a martelé le prélat dans son homélie lors d’une messe célébrée à l’occasion du Nouvel An, faisant valoir que « les candidats sont connus et excellents ». Une référence au chef des Marada, Sleiman Frangié, appuyé par le tandem chiite, et à Jihad Azour, ancien ministre soutenu par l’opposition et le Courant patriotique libre. Sauf que tout le monde en convient : aucun des deux ne pourra remporter la course, il faut donc aller à la quête de la figure de troisième voie. C’est dans ce cadre que l’émissaire français Jean-Yves Le Drian compte revenir à Beyrouth au cours du mois de janvier. « Mais Nabih Berry ne va pas attendre cette visite. Il s’activera prochainement en vue de tenir la présidentielle », confie le proche de Aïn el-Tiné sans pour autant définir les modalités de la démarche. Pour parvenir à son but, le président de la Chambre semble miser sur les FL. D’autant que c’est grâce à ce parti, le plus important de l’opposition, qu’il a pu réunir la Chambre pour proroger le mandat du commandant de l’armée, Joseph Aoun, le 14 décembre dernier. « Il ne pourra pas compter sur nous s’il veut tenir un dialogue élargi. Seuls les dialogues bilatéraux et multilatéraux limités portent leurs fruits », tient toutefois à préciser Ghayath Yazbeck.
" ... aucun des deux ne pourra remporter la course, il faut donc aller à la quête de la figure de troisième voie " Ce n'est pas vrai ! Il n'y a pas de troisième ou quatrième voie ! Il n'y en a qu'une et c'est celle du respect de la constitution! Si Berry la respectait, le Président aurait été élu dès le premier mois et cela aurait été Moawad ou tout autre Moawad. Le reste n'est que de la fumisterie.
09 h 00, le 04 janvier 2024