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Moyen-Orient - ÉCLAIRAGE / A relire

La mer Rouge, autre point brûlant du conflit à Gaza

Alors qu’Israël prévoit de réduire l’intensité de sa campagne sur l’enclave palestinienne, les États-Unis et les houthis se sont affrontés en direct pour la première fois samedi.

La mer Rouge, autre point brûlant du conflit à Gaza

Capture d'écran d'une vidéo diffusée en novembre montrant des rebelles houthis prenant le contrôle d'un cargo en mer Rouge. Photo AFP

(Dans la nuit du 11 au 12 janvier 2024, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené des frappes sur les houthis au Yémen. Nous vous proposons la relecture de cet article écrit en date du 2 janvier.)

Après plusieurs semaines d’escalade, les États-Unis ont finalement répondu par les armes aux attaques des houthis en mer Rouge. Des hélicoptères de la marine américaine ont coulé trois bateaux pilotés par les rebelles yéménites, qui venaient d’attaquer le porte-conteneurs Maersk Hangzhou par des tirs et des missiles, après s’en être approchés à moins de 20 mètres afin d’en prendre le contrôle, a annoncé samedi le Centcom, le commandement central américain pour la région. Après avoir décollé des porte-avions USS Eisenhower et USS Gravely, les appareils américains ont été accueillis par les tirs des combattants pro-iraniens, avant de riposter. Dix miliciens yéménites ont été tués, alors qu’un quatrième bateau du groupe rebelle a pris la fuite.

Cette confrontation directe entre les États-Unis et les houthis, la première du genre, symbolise l’importance accordée à cette route du transit maritime mondial, qui semble avoir détourné l’attention internationale de la Méditerranée vers la mer Rouge. Elle coïncide en effet avec la troisième phase de la campagne israélienne à Gaza, qui s’annonce de plus faible intensité, s’appuyant davantage sur des opérations commando et des missions d’ingénierie militaire pour détruire le réseau de tunnels et éliminer les hauts dirigeants du Hamas, alors que la pression internationale pour limiter le nombre de morts civils s’accentue.

Gestion « intelligente »

L’armée israélienne a ainsi annoncé dimanche le retrait de cinq brigades (dont deux de réservistes) de la bande de Gaza, alors que ses troupes avancent sur l’enclave réduite en grande partie à l’état de ruines, et où plus de 22 000 personnes ont été tuées, selon le Bureau central palestinien des statistiques, affilié à l’Autorité palestinienne et dont le siège se trouve à Ramallah. Chacune de ces brigades compte plusieurs milliers d’hommes. Le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari, a vanté une nouvelle gestion « intelligente » des forces à Gaza, en permettant notamment aux réservistes de retrouver leur emploi pour aider à relancer l’économie. Ils sont 360 000 à avoir été mobilisés depuis le 7 octobre.

« Nous adaptons les méthodes de combat à chaque zone de Gaza et les forces nécessaires pour mener à bien la mission de la meilleure façon possible. Chaque zone présente des caractéristiques différentes et des besoins opérationnels différents, a-t-il déclaré. Ce soir (le 31 décembre, NDLR), 2024 va commencer. Les objectifs de la guerre exigent de longs combats et nous sommes préparés en conséquence. »

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De leur côté, les houthis ont juré de venger la mort de leurs 10 membres d’équipage tués dans la riposte des hélicoptères américains. « Tout pays qui attaque notre pays et notre peuple aura ses navires comme cible légitime pour nous, tout comme les navires de l'entité israélienne ou ceux qui s'y dirigent », a menacé le dirigeant de facto du territoire contrôlé par les rebelles, Mohammad al-Houthi. L’appel a été relayé par la base populaire de la milice. « L'attaque menée (…) contre nos bateaux militaires est une opération de piraterie qui exigera un lourd tribut », a averti l’influenceur politique Abdel Hafez Maajeb. « Le peuple yéménite se réserve non seulement le droit de réagir, mais coulera également les navires américains au fond de la mer », a défié le journaliste Abdel Rahman al-Ahnomi.

« Les houthis se retrouvent face à un dilemme, car l’escalade de la situation risque d’entraîner des actions militaires sévères de la part des États-Unis et d’autres forces navales en mer Rouge, tandis que rester silencieux pourrait nuire à leur réputation, soulignant un manque de force militaire », note Ahmad Nagi, analyste sur le Yémen au Crisis Group. La milice pro-iranienne n’a en effet cessé de véhiculer une idéologie centrée sur la haine d’Israël et des États-Unis. Le poids de la rue pourrait donc peser sur une possible réaction des houthis, alors que les Yéménites vivant sous leur contrôle ont encore manifesté par milliers en soutien à Gaza vendredi, à l’appel de leurs dirigeants. « Par conséquent, on s’attend à ce que les houthis persistent dans leurs attaques de drones et de missiles contre les navires affiliés à Israël et aux États-Unis, évitant ainsi de déployer des bateaux à vocation militaire. »

Destroyer iranien

C’est dans cet environnement d’extrêmes tensions que l’Iran a annoncé le déploiement de sa frégate IRIS Alborz en mer Rouge, a rapporté l’agence Tasnim lundi, sans avoir précisé la date d’arrivée du navire. Ce dernier se trouvait en réalité dans la zone depuis un mois, le chef de la marine iranienne, Shahram Irani, ayant affirmé à des médias locaux le 2 décembre que l'Alborz effectuait des missions en mer Rouge. Rien de nouveau donc dans ce déploiement, si ce n’est le contexte d'escalade et le timing de l’annonce, seulement quelques heures après que les États-Unis ont coulé les trois bateaux houthis. Celui-ci apparaît comme un message de défi à Washington, sans toutefois dépasser le cadre de la dissuasion. « Malgré quelques améliorations récentes, l'IRIS Alborz a plus de 50 ans et n'a que peu de chance d’entrer dans une confrontation directe avec l'US Navy, explique Albert Vidal, analyste à l’International Institute for Strategic Studies et spécialiste en sécurité maritime. Sa présence, cependant, causera quelques problèmes aux planificateurs navals occidentaux et apportera une valeur de propagande à Téhéran. » Car la coalition internationale Operation Prosperity Guardian menée par Washington et formée il y a quelques semaines en mer Rouge visait surtout à assurer un passage sûr aux navires commerciaux et pétroliers qui empruntent cette route où transite 12 % du marché mondial. L’objectif était plus dissuasif et défensif que combatif.

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Et il reste le but premier du déploiement américain au Moyen-Orient, bien que le groupe aéronaval du porte-avions USS Ford quittera la région dans les prochains jours pour retrouver son port d’origine en Virginie, a annoncé lundi la US Navy. Son service avait déjà été allongé de plusieurs mois afin de protéger Israël en Méditerranée orientale. « La marine américaine, avec toutes ses priorités concurrentes (particulièrement en mer de Chine du Sud, NDLR), ne maintiendra pas indéfiniment deux forces porteuses dans la même zone, à moins d’avoir une très bonne raison », souligne Albert Vidal, en référence à l’USS Eisenhower qui continuera, lui, à opérer en mer Rouge.

« L’arrivée de l'USS Ford en octobre dernier était un signal important, mais il n’a pas fait grand-chose ces derniers temps et le conflit a évolué, poursuit l’expert. Avec le départ du Ford et de ses escortes, on ne sait cependant pas s'il y aura suffisamment de navires pour patrouiller en mer Rouge. » Le transporteur sera en effet remplacé par le navire d'assaut amphibie USS Bataan et les bâtiments de guerre qui l'accompagnent, l'USS Mesa Verde et l'USS Carter Hall, arrivés en mer Rouge dès la mi-octobre. Alors que la dissuasion en Méditerranée servait à éviter un embrasement du front libanais, le récent redéploiement américain pourrait être réévalué après l’attaque attribuée mardi soir à Israël dans la banlieue sud de Beyrouth qui a tué le numéro deux de la branche politique du Hamas, Saleh el-Arouri, et un commandant de la branche armée des brigades el-Qassam. L’État hébreu affirme se préparer à des représailles de la part du Hezbollah.

(Dans la nuit du 11 au 12 janvier 2024, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené des frappes sur les houthis au Yémen. Nous vous proposons la relecture de cet article écrit en date du 2 janvier.)Après plusieurs semaines d’escalade, les États-Unis ont finalement répondu par les armes aux attaques des houthis en mer Rouge. Des hélicoptères de la marine américaine ont coulé...

commentaires (4)

160000 soldats appuyés par 360000 réservistes sur 425000 que possède Israël pour combattre 30000 combattants du Hamas. Et vous les appelez terroristes. La honte sur vous et sur vos militaires qui usent d’un arsenal capable de détruire en moins de 24 heures des ennemis, et cela dure depuis presque trois mois et vous avez 175 soldats tués, (archi faux) car vos morts dépassent les 300, sinon plus. Et combien de chars et de tanks détruis. Le Hamas combat pour mourir en martyrs et les soldats sionistes combattent pour survivre.

Mohamed Melhem

21 h 11, le 04 janvier 2024

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Commentaires (4)

  • 160000 soldats appuyés par 360000 réservistes sur 425000 que possède Israël pour combattre 30000 combattants du Hamas. Et vous les appelez terroristes. La honte sur vous et sur vos militaires qui usent d’un arsenal capable de détruire en moins de 24 heures des ennemis, et cela dure depuis presque trois mois et vous avez 175 soldats tués, (archi faux) car vos morts dépassent les 300, sinon plus. Et combien de chars et de tanks détruis. Le Hamas combat pour mourir en martyrs et les soldats sionistes combattent pour survivre.

    Mohamed Melhem

    21 h 11, le 04 janvier 2024

  • Suite.. Par contre si on veut vraiment une paix régionale à long terme il faudra sérieusement s’occuper du régime Iranien en priorité car Hamas, Hezbollah, Houthis, Assad ne sont que des bras qui tomberont d’eux même une fois le cerveau visé.

    Liban Libre

    13 h 04, le 03 janvier 2024

  • La stratégie de l’Iran est claire, on se bat jusqu’au dernier palestinien, yéménite et libanais. On fait semblant de rallier une cause dont on a cure pour rallier le maximum de populace dans le monde musulman qui comme prévu réagit par émotion. Tout cela ne changera rien car les arabes sont dirigés par les 10% qui ont un cerveau et qui ont l’intérêt et le développement de leur pays en priorité.. A suivre

    Liban Libre

    13 h 04, le 03 janvier 2024

  • Il était grand temps de réagir. Ces pirates en herbe se sont sentis leur pousser des ailes lorsque leur première attaque est restée sans réaction alors qu’elle a été perpétrée sous le nez du plus puissant pays du monde. L’Iran doit comprendre qu’il y a des lignes rouges à ne pas dépasser au risque de payer le prix fort de ses actes de provocations à travers ses proxy implantés un peu partout et qui ne font pas le poids face au bulldozer américain. Iront ils jusqu’à renouveler l’expérience pour titiller encore et encore et savoir jusqu’où ils peuvent aller dans la provocation? Wait and see.

    Sissi zayyat

    11 h 35, le 03 janvier 2024

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