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Politique - Conflit

Pourquoi Aïta el-Chaab, Yaroun et Meïs el-Jabal sont parmi les villages les plus ciblés au Liban-Sud par Israël

Les localités frontalières se situent dans un périmètre défini par les règles d’engagement, dans le cadre d’une guerre « limitée ou réglée » et non « ouverte ou totale », indique un ancien stratège militaire.


Pourquoi Aïta el-Chaab, Yaroun et Meïs el-Jabal sont parmi les villages les plus ciblés au Liban-Sud par Israël

Un mur qui a été frappé par un obus israélien à Aïta el-Chaab, le 27 novembre 2023 au Liban-Sud. Photo Olivia Le Poidevin

Lundi 18 décembre, 12h30, sur la place publique de Aïta el-Chaab, au Liban-Sud. Une roquette s'abat à quelques mètres du convoi funèbre de Hassan Srour, un habitant tué la veille alors qu’il tentait de secourir dans le village des personnes blessées par une frappe israélienne. Si, lors des funérailles du secouriste, l’agression n’a heureusement pas causé de victimes, elle n’en diminue pas moins la colère des villageois, ainsi que celle des habitants des localités voisines, Yaroun et Meïs el-Jabal, devenues les principales cibles de l'armée israélienne depuis le début des affrontements enclenchés le 8 octobre, au lendemain de l'opération « Déluge d’al-Aqsa » lancée par le Hamas.


Pourquoi un tel acharnement sur ces villages ?

« Se trouvant sur les lignes de démarcation de la frontière sud, Aïta el-Chaab, Yaroun et Meïs el-Jabal sont considérées comme des régions militaires », déclare à L’Orient-Le Jour une source proche du Hezbollah, sous couvert d’anonymat.

« Les localités en question sont situées à moins de 3 km de la frontière, et donc dans le périmètre de 5 km défini par les règles d’engagement », explique, pour sa part le général Amine Hoteit, ancien officier de l’armée et stratège militaire, proche du Hezbollah. « Elles se situent face à des postes militaires israéliens », ajoute-t-il, soulignant qu’« elles font partie d'une zone délimitée par la géopolitique, incluant 14 villages positionnés entre Naqoura et Mtollé» .

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« La géopolitique a imposé à la guerre actuelle une forme réglée (ou limitée), à la différence de la guerre ouverte (ou totale) de 2006 », observe ce militaire à la retraite. « Dans le conflit actuel, les objectifs, zones et moyens de combat sont bien définis, à l’opposé d’une guerre dans laquelle il est permis de cibler tout emplacement, et d’utiliser tout armement pour la destruction de l’adversaire », explique-t-il.

M. Hoteit indique plus particulièrement que dans les affrontements en cours, l’armée israélienne vise de manière spécifique les points d’où partent des tirs lancés par le Hezbollah. Il affirme, à cet égard, que celui-ci frappe à partir de « postes mobiles », réfutant l’existence de « tout déploiement permanent » et de « toute infrastructure militaire » du parti chiite dans les localités en question.

Des cellules du Hezbollah ?

Pourquoi, en présence de règles aussi strictes, des civils, ainsi que des régions très éloignées des frontières, sont-ils parfois touchés ? « Comme toute règle, les règles d’engagement comportent des exceptions », répond M. Hoteit, estimant que « celles-ci ne dépassent pas toutefois 20% » des cibles atteintes par Israël. Un observateur interrogé par L’OLJ, estime, pour sa part, que « certaines résidences ont été visées parce qu'elles abritent des cellules du Hezbollah ». Il pense également que « le bombardement d'autres habitations a pu se baser sur de faux renseignements donnant à croire qu'elles hébergent des membres de telles cellules ».

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Du côté de Meïs el-Jabal, le président du conseil municipal, Abdel Menhem Choucair, affirme à notre journal qu’ « il y a un mois, un civil a été tué, alors qu’il se trouvait dans sa maison ». « Depuis le début de la guerre, plusieurs personnes ont été blessées et une vingtaine de logements endommagés », ajoute-t-il, précisant toutefois que « ceux-ci étaient inhabités ». Pas plus tard que lundi, les abords du village ont été visés par des tirs israéliens.

« Nous sommes confrontés à un ennemi féroce »

M. Choucair attribue les attaques continues contre son village au fait qu’il se situe face à Manara, un kibboutz situé dans le nord d’Israël. « A la moindre friction, nous sommes exposés à des bombardements », déplore-t-il.

« Nous sommes confrontés à un ennemi féroce », renchérit, dans ce sillage, un habitant de Yaroun, une localité également touchée, il y a quelques jours, par des tirs israéliens. Il évoque des dégâts considérables causé par de précédents bombardements  « dans les bâtiments privés, mais aussi dans la mosquée et l’église du village ».

Pour un membre du conseil municipal de Aïta el-Chaab, qui s’exprime auprès de L’OLJ sous anonymat, « les attaques d’Israël sont tantôt ciblées, tantôt indiscriminées ». « Des champs boisés ont été incendiés », commente-t-il,  rappelant que dans cette région, « les terres ne sont pas à découvert,  en raison des reliefs et des forêts ». Dès le début du conflit, l'aviation militaire israélienne a largué à maintes reprises des munitions au phosphore blanc sur de nombreux hectares de végétations, qui constituaient « une protection » des combattants du Hezbollah.

« Un tiers des maisons de Aïta el-Chaab a, par ailleurs, subi des dégâts », ajoute ce cadre municipal du village , évoquant « un exode de centaines de familles vers des régions plus sûres ». « Lors de la guerre de 2006, les habitants qui avaient fui leurs maisons avaient pu y retourner après l’accord sur la cessation des hostilités, alors que dans le conflit actuel, aucun cessez-le feu n’a encore été conclu », déplore-t-il, appelant « le monde libre, civilisé, qui se targue de défendre les droits de l’homme », à intervenir pour mettre fin à la guerre.
Lundi 18 décembre, 12h30, sur la place publique de Aïta el-Chaab, au Liban-Sud. Une roquette s'abat à quelques mètres du convoi funèbre de Hassan Srour, un habitant tué la veille alors qu’il tentait de secourir dans le village des personnes blessées par une frappe israélienne. Si, lors des funérailles du secouriste, l’agression n’a heureusement pas causé de victimes,...

commentaires (4)

HN a pris possession de la frontière sud de notre pays et ses habitants en otages comme fait le Hamas avec les résidents de Gaza. Il conclut des accords avec Israël quant aux positions à bombarder et vient accuser les libanais patriotes de trahison s’ils croisent sur le chemin un israélien. Voilà la stratégie de ces vendus qui constitue à sacrifier le peuple libanais et ses terres pour servir leurs maîtres qui se contentent de compter les morts et additionner les pertes à leur palmarès de destruction méthodiquement planifiée en se cachant derrière la cause palestinienne. À d’autres…

Sissi zayyat

11 h 18, le 30 décembre 2023

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Commentaires (4)

  • HN a pris possession de la frontière sud de notre pays et ses habitants en otages comme fait le Hamas avec les résidents de Gaza. Il conclut des accords avec Israël quant aux positions à bombarder et vient accuser les libanais patriotes de trahison s’ils croisent sur le chemin un israélien. Voilà la stratégie de ces vendus qui constitue à sacrifier le peuple libanais et ses terres pour servir leurs maîtres qui se contentent de compter les morts et additionner les pertes à leur palmarès de destruction méthodiquement planifiée en se cachant derrière la cause palestinienne. À d’autres…

    Sissi zayyat

    11 h 18, le 30 décembre 2023

  • "L’armée israélienne vise de manière spécifique les points d’où partent des tirs lancés par le Hezbollah". "Certaines résidences ont été visées parce qu'elles abritent des cellules du Hezbollah". Le général Hoteit, "proche du Hezbollah" confirme bien ainsi la TOTALE responsabilité de la milice iranienne dans l’insécurité où vivent les habitants du Sud-Liban. 

    Yves Prevost

    07 h 34, le 29 décembre 2023

  • - QUAND LES BARBES JOUENT AUX STRATEGES, - ET PARLENT DES LOIS DU PING PONG, - C,EST QUE LE BUT DE LEURS MANEGES, - EST LA MAINMISE A LA MAISON. - ILS CRAIGNENT LA CONFRONTATION, - CAR RISQUE D,ERADICATION. -

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 00, le 28 décembre 2023

  • Tant que c’est le sud ça va mais qu’il ne commence pas a bombarder tout le Liban car ils sont capables

    Eleni Caridopoulou

    18 h 44, le 28 décembre 2023

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