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Moyen-Orient - Diplomatie

Les ressortissants du Golfe désormais exemptés de visa pour l’Iran

La mesure, qui concerne au total 33 pays, vise entre autres à rétablir la confiance entre Riyad et Téhéran en renforçant les liens économiques.

Les ressortissants du Golfe désormais exemptés de visa pour l’Iran

Les couleurs de la République islamique. Joe Klamar/AFP

Le rapprochement entre Riyad et Téhéran se poursuit à petit pas, parallèlement à la guerre à Gaza et sur un tout autre terrain. L'Iran a annoncé jeudi qu'il supprimait l'obligation de visa pour 33 pays, y compris des pays du Golfe comme Bahreïn, après avoir entretenu avec la petite monarchie des relations d’un froid polaire pendant des années, l'Arabie saoudite, avec qui la République islamique a signé un accord de détente en mars après six ans de rupture des relations, ou encore les Émirats arabes unis, qui ont renvoyé un ambassadeur à Téhéran en 2022 après avoir réduit leurs liens diplomatiques avec l'Iran en 2016 en soutien à Riyad. Entretenant de bonnes relations avec Téhéran, le Qatar est également concerné par la mesure, alors que les citoyens du sultanat d'Oman étaient déjà exemptés de visa auparavant.

« Le ministère du Tourisme estime qu'une politique de la porte ouverte montrera la détermination de l'Iran à s'engager avec différents pays du monde », a déclaré à l’agence semi-officielle ISNA. Au total, les ressortissants de 45 pays pourront désormais se rendre en Iran sans avoir besoin d’obtenir un visa.

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L’annonce intervient alors que des discussions pour rétablir les vols directs entre Riyad et Téhéran sont prévues, selon le vice-ministre iranien des Routes et du Développement urbain, Mohammad Mohammadibakhsh. « Un groupe de travail bilatéral entamera la semaine prochaine les négociations finales pour avoir des vols en dehors de la période du hajj entre les deux pays », a-t-il déclaré dimanche à l'agence de presse officielle ILNA, en référence au pèlerinage musulman annuel à La Mecque.

Le tourisme non religieux

Pour la première fois depuis huit ans, des pèlerins iraniens ont par ailleurs reçu l’autorisation d’effectuer le petit pèlerinage de la Omra dans la ville sainte saoudienne à partir du 19 décembre, selon les médias iraniens – 70 000 d’entre eux devraient se rendre en Arabie d'ici à fin février 2024, selon l’agence Fars. S’agissant du Bahreïn, le premier vice-président du Parlement, Abdelnabi Salmane, avait révélé en mars que les vols entre son pays et l'Iran reprendraient « bientôt ».

Ces mesures s’inscrivent dans le sillage de l’accord de détente conclu le 10 mars entre l’Iran et l’Arabie saoudite sous l’égide de la Chine, visant à endiguer des années de tensions et de guerres par procuration dans la région. Téhéran et Riyad ont ainsi rouvert leurs ambassades respectives en juin et en août, alors qu’un diplomate américain avait annoncé selon l'agence Reuters, en juin également, un prochain rétablissement des relations avec Manama, qui doit encore se concrétiser.

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L’exemption de visa iranien et les discussions pour relancer les vols directs visent à booster le tourisme de ressortissants du Golfe vers l’Iran et d’Iraniens vers le Golfe, y compris en Arabie saoudite pour des motifs non religieux. Riyad a fait du tourisme un pilier de son programme de diversification économique Vision 2030, allouant au secteur un budget de 1 000 milliards de dollars, et Téhéran espère de son côté attirer des investissements saoudiens vers des secteurs non sanctionnés. Une délégation de responsables de la Banque centrale iranienne s’est ainsi rendue dans le royaume wahhabite le 14 novembre pour renforcer les liens économiques entre les deux pays, selon l’agence de presse IRNA.

Le commerce bilatéral

L’Iran vise à porter le commerce bilatéral à un milliard de dollars avec l’Arabie saoudite, a annoncé en avril le gouvernement iranien sans préciser d’échéance, tout en précisant que les exportations iraniennes vers le royaume avaient atteint 15 millions de dollars en 2022. Téhéran cherche à développer ses relations économiques comme base pour tenter de restaurer la confiance avec ses voisins, alors que la sécurité régionale, et notamment dans le golfe d’Aden et en mer Rouge, reste fragile.

Le rapprochement progressif entre l’Iran et ses voisins du Golfe reste toutefois empreint de méfiance, et rien n’indique pour l’heure que l’exemption de visa ou la reprise des vols directs signifieront une libre circulation pour tous les ressortissants de ces pays où l’interdiction de voyager pour des critiques ou opposants politiques est couramment appliquée. La question se posera en particulier pour les Bahreïnis, une population à majorité chiite gouvernée par une couronne sunnite, qui a notamment accusé Téhéran d’avoir attisé le soulèvement populaire de 2011, dans la quasi seule monarchie du Golfe gagnée par le printemps arabe. Le renforcement des liens économiques et l’assouplissement de la circulation se déroulent ainsi dans le cadre d'une entente selon laquelle l'Iran n'essaiera pas d'intervenir dans les affaires intérieures de ses voisins du Golfe. Reste à voir dans quelle mesure la République islamique respectera cette condition.

Le rapprochement entre Riyad et Téhéran se poursuit à petit pas, parallèlement à la guerre à Gaza et sur un tout autre terrain. L'Iran a annoncé jeudi qu'il supprimait l'obligation de visa pour 33 pays, y compris des pays du Golfe comme Bahreïn, après avoir entretenu avec la petite monarchie des relations d’un froid polaire pendant des années, l'Arabie saoudite, avec qui la...

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