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Société - Liban-Sud

« Il semble que nous devrons nous résoudre à refaire nos valises »

Les habitants de la région frontalière expriment leur peur alors que, comme à Gaza, la trêve a volé en éclats. 

« Il semble que nous devrons nous résoudre à refaire nos valises »

Hussein Jaber, un villageois de Mhaibib au Liban-Sud, constate, le 28 novembre 2023, les dégâts dans sa maison touchée par un bombardement israélien. Aziz Taher/Reuters

À Gaza comme au Liban-Sud, la trêve n’est plus. Vendredi, alors qu’Israël a annoncé la reprise des combats contre le Hamas dès 7 heures du matin, mettant fin à une accalmie de sept jours, les affrontements à la frontière entre l’État hébreu et le Hezbollah ont également repris de plus belle. Deux personnes, une mère et son fils, ont été tuées dans le village de Houla (caza de Marjeyoun), après que leur maison a été directement touchée par l’artillerie israélienne en fin d’après-midi, a déclaré le chef de la municipalité de Houla à notre correspondant dans la région, Mountasser Abdallah. Le Hezbollah a annoncé dans la soirée que le jeune homme était l’un de ses combattants. Selon notre correspondant, un autre civil aurait aussi perdu la vie et au moins deux autres auraient été blessés dans une frappe menée par un drone contre la localité d’al-Jebain. Les frappes israéliennes ont ainsi touché à partir de 16h environ les alentours des localités de Houla, Wadi Sallouki, Adaissé, Kfarkila, Meïs el-Jabal et Deir Mimas. Un peu plus tôt, l’armée israélienne a tiré douze obus sur la région de Hamoul, près de Naqoura, et cinq autres dans la région d’al-Hamra, près de Qaouzah, à Nabatiyé, selon des habitants. Trois obus israéliens ont également été tirés dans la zone qui s’étend de Labbouné à Jal al-Alam, non loin de la frontière avec Israël. L’Agence nationale d’information (ANI, officielle) a également indiqué que « les forces de l’ennemi israélien ont ouvert le feu » sur des éleveurs de chèvres et a fait aussi état du survol d’avions de surveillance israéliens. De son côté, dans un communiqué, le Hezbollah a revendiqué une opération lors de laquelle il a « pris pour cible, à 16h43, un rassemblement de soldats de l’ennemi (israélien) près du site de Marj ainsi que la caserne israélienne de Ramim avec les armes adéquates (...) en soutien à notre peuple palestinien inébranlable à Gaza et en solidarité avec sa résistance courageuse et honorable ». Le parti pro-iranien a également revendiqué quatre autres attaques, notamment contre des troupes et une caserne. Vendredi matin, Hassan Fadlallah, député du Hezbollah, avait déjà donné le ton. « Personne ne pense que ce qui se passe à Gaza ne peut pas affecter la situation au Liban », a-t-il déclaré dans des propos rapportés par l’agence Reuters, alors que dès le lendemain de l’opération Déluge d’al-Aqsa, lancée par le Hamas le 7 octobre dernier, le parti chiite a érigé le Liban-Sud en « front de soutien » au mouvement palestinien, menant des frappes sporadiques contre le nord d’Israël.

« J’espérais que le calme dure »

Avant la reprise des combats vendredi, un calme précaire régnait dans la bande frontalière, où les habitants s’attendaient à une escalade à tout moment. « Les routes entre les localités sont quasiment vides », raconte Mohammad*, un habitant de Houla. « Depuis la fin de la trêve, les habitants sont extrêmement prudents et ne se déplacent qu’en cas de nécessité, alors que les jours précédents, l’activité était redevenue normale », dit-il. Dans cette localité, les conversations tournent toutes autour du conflit. « Chacun se demande si les affrontements reprendront (entre le Hezbollah et Israël) », confie-t-il. Le père de famille raconte avoir passé la semaine dans son village avec sa famille pendant l’arrêt des hostilités. « C’était calme et j’espérais que cela dure »,

observe-t-il. Mais aujourd’hui, depuis la fin de la trêve à Gaza, il ne cache pas sa peur pour les siens et a même décidé de repartir à Beyrouth chez des proches qui les ont hébergés dès le début du conflit. « Au village, le bruit des bombardements et des avions est si effrayant que nous n’en dormions pas », avoue-t-il. Cela ne veut pas dire pour autant que les habitants de la zone frontalière ont pris le chemin de l’exode, mais plutôt qu’ils prennent leurs précautions et optent pour la prudence, qu’ils anticipent, taraudés par la peur.

« La vie en paix n’a pas d’égal »

Fatmé, une mère de quatre enfants de Kfar Kila, espère de tout son cœur que la trêve sera reconduite. « La vie en paix n’a pas d’égal », résume-t-elle, évoquant la frayeur des bombardements, les bruits des avions, mais aussi les difficultés de l’exil chez des proches, loin de chez soi, avec un budget serré. « Il semble que nous devrons nous résoudre à refaire nos valises pour repartir », se désole-t-elle, se disant « prête à plier bagage à la première bombe » pour protéger sa famille. Car le village a été la cible de bombardements intensifs depuis le début du conflit, faisant une victime, une femme âgée. Et elle ne voudrait pas qu’elle et les siens « reçoivent des bombes sur la tête ».

Selon le président de la municipalité de Houla, Chakib Koteiche, si la population « a bien le droit d’avoir peur, une poignée seulement de familles ont quitté le village en prévision d’une reprise du conflit ». Il rappelle dans ce cadre que 130 maisons ont été endommagées par les derniers bombardements israéliens.

De son côté, le président de la municipalité de Naqoura, Abbas Awada, reconnaît que la « peur se propage ». Les habitants préfèrent toutefois attendre avant de quitter leurs maisons, car « ils n’ont plus les moyens de partir », après avoir dépensé les maigres économies qu’ils avaient amassées les semaines précédentes.

*Les personnes citées n’ont pas souhaité communiquer leur nom de famille.

À Gaza comme au Liban-Sud, la trêve n’est plus. Vendredi, alors qu’Israël a annoncé la reprise des combats contre le Hamas dès 7 heures du matin, mettant fin à une accalmie de sept jours, les affrontements à la frontière entre l’État hébreu et le Hezbollah ont également repris de plus belle. Deux personnes, une mère et son fils, ont été tuées dans le village de Houla (caza de...

commentaires (3)

Le pire dans ça c’est où aller? Israël menace tout le Liban de destruction totale, alors faudrait il une valise pour l’au delà? Je ne croit pas. Bientôt nous serons tous logés à la même enseigne et il n’y aurait pas de jaloux ni de différence d’appartenance ethnique ou politique puisque nous servirons de boucliers pour assurer leur triomphe de nos tortionnaires attitrés. BRAVO quel peuple!

Sissi zayyat

12 h 13, le 05 décembre 2023

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Commentaires (3)

  • Le pire dans ça c’est où aller? Israël menace tout le Liban de destruction totale, alors faudrait il une valise pour l’au delà? Je ne croit pas. Bientôt nous serons tous logés à la même enseigne et il n’y aurait pas de jaloux ni de différence d’appartenance ethnique ou politique puisque nous servirons de boucliers pour assurer leur triomphe de nos tortionnaires attitrés. BRAVO quel peuple!

    Sissi zayyat

    12 h 13, le 05 décembre 2023

  • Qu'à cela ne tienne! Ne sont-ils pas toutes et tous "fida assayed"??? Alors où est le problème? Le "martyre" n'est-il pas le but suprême de tout croyant? Bien que ce que promet la religion musulmane est beaucoup plus alléchant, surtout pour les hommes! Alors que nous, pauvres Chrétiens, on ne sait pas ce qui nous attend, si ce n'est de trouver une place "à droite, parmi les moutons"(de Panurge?)...Ah! ces religions "révélées"!

    Georges MELKI

    12 h 23, le 04 décembre 2023

  • « Il semble que nous devrons nous résoudre à refaire nos valises ». Qu'ils posent la question à Hassan Nasrallah: lui seul détient la réponse.

    Yves Prevost

    08 h 40, le 03 décembre 2023

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