Rechercher
Rechercher

Culture - Documentaire

Trois lieux, trois tragédies... et Chopin

« Chopin. I Am Not afraid of Darkness » est un documentaire projeté au théâtre Béryte dans le cadre du Beirut Art Festival film (BAFF).

Trois lieux, trois tragédies... et Chopin

Leszek Mozdzer dans « Chopin. I Am Not afraid of Darkness » (2022). Photo One Light Studio © Michal Adamczyk

La musique de Chopin est si universelle que ses compositions ont été jouées partout dans le monde. Le documentaire « Chopin. I Am Not afraid of Darkness, projeté le 17 novembre au théâtre Beryte dans le cadre du Beirut Art Film Festival (BAFF), ajoute trois nouveaux lieux à cette liste : le centre-ville de Beyrouth, après la double explosion dévastatrice au port en 2020 où 218 personnes ont trouvé la mort ; le camp de concentration d’Auschwitz en Pologne et la frontière entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, et ce sur le pont Seungil.

Trois lieux qui ont des points communs : ils sont des endroits touchés par des conflits qui ont une longue histoire d’événements sombres et qui ont subi des souffrances inimaginables. Trois endroits, en partie définis par de longues guerres brutales qui ont coûté la vie à un nombre incalculable de personnes, trois endroits extrêmes où personne ne s’attend, peut-être, à écouter un concert. Et pourtant, trois pianistes, Leszek Mozdzer, Fared Marek Basmadji et Jae-Yeon Won se préparent à offrir ce qui pourrait être le plus important ensemble de concerts devant une caméra de professionnel. Convaincus que le pouvoir de la musique œuvre à restaurer les rêves, ces 3 concerts de Chopin vont déclencher des émotions. La musique  aidera-t-elle à panser les plaies, à guérir ces lieux, à arrêter le temps, à inspirer la réflexion et à permettre aux gens de retrouver un moment de répit, même pour quelques instants ?

La musique élimine les différences

Les trois pianistes viennent de milieux très divers, mais sont unis dans leur amour de Chopin et le potentiel thérapeutique de la musique. Suivre leur parcours de reconnaissance sur les lieux où ils se produiront, écouter chacun des musiciens parler, voir leurs différentes personnalités apparaître à l’écran est fascinant. Pour eux, la musique brouille les différences entre les cultures et aide l’auditeur à dépasser les drames de la vie. Le film parle de la beauté des arts et de la capacité de la musique à rassembler des gens qui autrement pourraient être des mondes à part. Pour créer un sentiment de singularité entre les pianistes et leurs environnements, et les traumatismes historiques discutés (l’Holocauste, la guerre de Corée et la guerre civile syrienne), les pianistes ne sont pas officiellement présentés dans le film. Ils sont anonymes pour la durée de leur présence à l’écran, et pourtant, les musiciens ne sont pas des amateurs, mais des pianistes primés et respectés. Leurs noms – Leszek Mozdzer de Pologne, Jae-Yeon Won de Corée du Sud et Farès Marek Basmadji d’Alep (Syrie) – apparaissent uniquement sur l’affiche du film et dans le générique final.

Le pianiste sud-coréen Jae-Yeon Won dans « Chopin. I Am Not afraid of Darkness » (2022).

Le film permet de faire connaissance avec chacun des artistes, de rencontrer les gens qu’ils aiment, de connaître leur histoire par rapport aux endroits où ils se produiront et de comprendre la nature de leur motivation

Pour Leszek Mozdzer, la nature augmente les possibilités créatives. Tout ce qui est bruit, tout ce qui est son est musique ; du bruit du vent dans les arbres au crissement des feuilles sous les pas des passants, du gazouillis des oiseaux au son d’une chaîne de vélo qui tourne, la résonance est une puissance.

Pour Farès Marek Basmadji, artiste à double nationalité, polonaise par sa mère et syrienne par son père, chaque artiste a des devoirs envers son peuple. À défaut de se rendre en Syrie pour des questions sécuritaires, il choisit le Liban, terre de refuge pour 2 millions d’immigrés syriens.

Pour Jae-Yeon Won, pianiste acclamé à l'international, qui vit à 30 km de la frontière avec la Corée du Nord,  le rêve serait de pouvoir un jour, si les deux pays sont réunifiés, partager sa musique avec les citoyens du Nord. 

Et, last but not least, pour Fréderic Chopin, qui, jeune, vivait dans un village près d’une rivière, les bruits de l’extérieur lui ont apporté une certaine compréhension de la nature.

En somme, le film de Joanna Kaczmarek aborde le thème de la brutalité, de l’humanité, tout en capturant la paix de la nature et la résilience inspirante de l’esprit humain. S'il y avait un doute, il ne persiste plus après avoir vu cet opus. La musique aide effectivement à guérir l’âme et réconforte ceux qui ont vécu un traumatisme ou un chagrin. Les photographies aériennes époustouflantes constituent un bonus non négligeable...



Un film incontournable pour les étudiants en musique et les amateurs d’art.


Chopin : I Am Not Afraid of Darkness (VO sous-titrée en anglais).

Documentaire (60 minutes) de Joanna Kaczmarek. Pologne 2022.

Avec Leszek Mozdzer, Farès Marek Basmadji et Jae-Yeon Won. 

Le vendredi 17 novembre au théâtre Béryte.

En partenariat avec l’ambassade de la République de Pologne.

Dans le cadre du Beirut Art Festival Film (BAFF).

La musique de Chopin est si universelle que ses compositions ont été jouées partout dans le monde. Le documentaire « Chopin. I Am Not afraid of Darkness, projeté le 17 novembre au théâtre Beryte dans le cadre du Beirut Art Film Festival (BAFF), ajoute trois nouveaux lieux à cette liste : le centre-ville de Beyrouth, après la double explosion dévastatrice au port en 2020...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut