L’armée israélienne affirme avoir « un plan » pour le Liban-Sud

C’est la journée la plus tendue depuis le 8 octobre au Liban-Sud. Alors que le discours samedi du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah laissait présager que le parti ne cherchait pas une escalade contre Israël, l’échange de tirs s’est intensifié des deux côtés de la frontière libano-israélienne hier. Ainsi, au 37e jour de la guerre opposant Israël au Hamas, dans laquelle le parti chiite est impliqué, dix Israéliens ont été blessés par un missile antichar tiré à partir du territoire libanais. « Un certain nombre de civils ont été blessés », a déclaré l’armée israélienne.

Dans deux communiqués successifs, le Hezbollah a affirmé avoir ciblé « les forces logistiques de l’armée israélienne près de la caserne de Dovev, faisant des victimes », puis « un bulldozer de l’armée israélienne près de la caserne de Dovev, avec des missiles guidés, le détruisant et faisant des victimes ». Les secours israéliens ont recensé un octogénaire parmi les blessés. L’entreprise Israel Electric Corporation a indiqué qu’un missile avait « touché des employés » qui réparaient des lignes électriques endommagées par d’autres frappes récentes dans cette région. La chaîne pro-Hebzollah al-Manar a déclaré quant à elle que les attaques à Dovev ont fait dix victimes, sans préciser s’il s’agissait de militaires ou de civils. Le porte-parole arabophone de l’armée israélienne Avichay Adraee a toutefois qualifié sur son compte X le correspondant de cette chaîne Ali Cheaïb de « menteur », en réponse à un tweet de ce dernier dans lequel il affirme, photos à l’appui, que ce sont des soldats israéliens qui ont été touchés lors de l’attaque près de la caserne de Dovev. « Mentir est votre seule méthode. Les travailleurs de cette zone portaient également des casques en raison des tensions sécuritaires », a-t-il notamment indiqué.

Une autre opération, visant cette fois-ci la localité de Manara, plus à l’est, aurait blessé sept soldats, toujours selon al-Manar. De son côté, le média israélien Haaretz rapporte que 18 soldats et civils israéliens ont été blessés lors de ces deux incidents. Plus tôt, le Hezbollah a assuré avoir lancé un missile vers une cible militaire dans le kibboutz de Yifthah, en face du village libanais de Blida (Marjeyoun). En parallèle, les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, avaient annoncé sur Telegram avoir bombardé le nord de la ville de Haïfa et les localités de Shlomi et Nahariya à partir du Liban-Sud « en réponse aux massacres de l’occupation et des hostilités à l’encontre de (leurs) familles à Gaza ».

« Un plan »

Israël a, de son côté, affirmé avoir répondu à ces attaques en visant « l’origine des tirs ». Hier, des drones de l’armée israélienne ont mené quatre frappes aériennes sur la plaine de Khiam dans l’après-midi, ont indiqué des habitants à notre correspondant dans le Sud Mountasser Abdallah. L’une de ces frappes a visé une maison. Les habitants ont également déclaré à L’Orient Today que des ambulances se sont rendues sur place. Aucune information concernant des blessés n’a filtré. Au moins deux maisons ont été également touchées par les bombardements israéliens dans la localité de Yaroun, dont une qui a pris feu et dont les murs se sont en partie effondrés, ont confirmé des villageois à notre correspondant au Liban-Sud. Les habitants de la maison étaient partis il y a quelques jours. Ce village fait partie des zones visées par les avions de chasse israéliens qui ont effectué une série de raids au Liban-Sud.

L’aviation israélienne a également frappé entre la partie ouest de Marjeyoun et la ferme de Mahmoudiya, mais aussi au-dessus d’une colline située à l’est de Nabatiyé al-Faouqa. Israël a également visé les alentours de Meïs el-Jabal et Blida par des bombes au phosphore blanc. « La sévérité des bombardements nous empêche de nous déplacer », a déclaré le président de la municipalité de ce village Abdel Moneim Choucair à notre journal. Selon l’élu, plus de 30 bombes incendiaires et obus ordinaires ont été tirés.

L’artillerie israélienne a par ailleurs pris pour cibles des zones situées entre les villages de Chihine et Oum al-Tout et la périphérie de Marwahine. Dans ce cadre, le Hezbollah a annoncé dimanche la mort d’un de ses combattants, Jawad el-Bazzal, du village de Bazzaliyyé dans la Békaa. Depuis le début des affrontements, le parti pro-iranien a perdu plus de 70 de ses combattants, contre six soldats côté israélien.

Samedi, suite au discours de Hassan Nasrallah, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a mis en garde le leader chiite, affirmant que Beyrouth pourrait subir le même sort que Gaza si le Hezbollah entraînait le Liban dans une guerre. Après les attaques de dimanche et suite à une réunion sécuritaire dédiée à l’escalade avec le groupe libanais, l’armée israélienne a affirmé avoir « un plan » pour stabiliser la situation sécuritaire dans la région nord.

La force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a elle aussi annoncé que des tirs provenant d’une « source non identifiée » avaient blessé un de ses membres tôt dimanche, ajoutant que le soldat était dans un état stable. « Peu après minuit, la nuit dernière, des soldats de la paix se trouvant dans une position de la Finul, près de Qaouzah, ont signalé avoir entendu des coups de feu à proximité », a déclaré le porte-parole de la mission Andréa Tenenti dans un communiqué. « Un Casque bleu a été touché par une balle et a subi une intervention chirurgicale. Il se rétablit et son état est actuellement stable », a-t-il précisé, ajoutant que la Finul avait ouvert une enquête.

Dimanche, l’Agence nationale d’information (ANI, affiliée à l’État libanais) a indiqué que des avions et des drones israéliens avaient effectué des raids sur les zones frontalières, faisant état de tirs d’artillerie après minuit, notamment près du village de Qaouzah.