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Lifestyle - Spécial Deneuve

À bientôt 80 ans, Catherine Deneuve icône de l’élégance parisienne

Le 22 octobre, elle aura quatre fois vingt ans et, dans ce dernier quart de son éternelle jeunesse, Catherine Deneuve, porte-bonheur d’Yves Saint Laurent, demeure l’incarnation de l’élégance à la française, d’abord par l’attitude.

À bientôt 80 ans, Catherine Deneuve icône de l’élégance parisienne

Catherine Deneuve et Yves Saint Laurent, une belle amitié tout au long de leurs vies. Photo tirée de la page officielle du musée Yves Saint Laurent

La comédienne à la centaine de films, à la trentaine de récompenses, dont deux César de la meilleure actrice et, en 2022, le Lion d’or de la Mostra de Venise pour l’ensemble de sa carrière, est avant tout une référence de l’élégance dès lors que l’on se détourne des modes conceptuelles, des étiquettes et du tape-à-l’œil. Le vêtement, nul ne le sait mieux qu’elle, reflète la personnalité qu’il pare et la sienne est infrangible, inoxydable à l’air léger du temps.

Son histoire publique avec la mode commence en 1965. Elle a alors 22 ans. Séparée de Roger Vadim, le père de son fils Christian, on la retrouve mariée au photographe anglais David Bailey. C’est un « vrai » mariage avec comme témoins Mick Jagger pour lui et sa sœur, Françoise Dorléac, pour elle. Très vite, Bailey lui annonce qu’ils sont invités à un gala en présence de la reine d’Angleterre. Il s’agit de la Royal Variety Performance, retransmise en direct sur les télévisions britanniques, et ce n’est pas du cinéma. Il lui faut une robe, ou plutôt « la » robe. Mais qui pour l’habiller à la fois en accord avec son âge, son statut d’actrice, de jeune épouse et de mère ?

Une longue amitié entre deux êtres sensibles ici, en 1987. Photo Pierre Guillaud/AFP

Une robe découpée dans un numéro de « Elle »

Voilà trois ans qu’un jeune couturier, qui avait remplacé au pied levé Christian Dior en personne, joue en solo dans la cour des grands. En 1962, Yves Saint Laurent avait lancé sa propre marque avec Pierre Bergé. Une première collection haute couture avait ébloui un public qui en avait pourtant vu d’autres. En 1965, il vient de révéler une collection de robes de cocktail inspirée de Mondrian. Un moment historique dans l’industrie de la mode. Sans hésiter, c’est vers lui que se tourne Catherine Deneuve pour cet événement majeur de sa jeune carrière. Elle veut sa robe haute couture. Elle en a découpé la photo dans un numéro de Elle. La robe est blanche, un long fourreau de crêpe avec un plastron rouge d’inspiration slave, préfigurant la sublime collection Opéra – Ballets russes présentée en 1976. Deneuve se présente seule, rue Spontini, à Paris où est installé le créateur. Son audace amuse. Elle est encore presque une inconnue, malgré le succès des Parapluies de Cherbourg de Jacques Demi, sorti l’année précédente. Et puis la robe dont elle rêve fait partie d’une collection ancienne. Haute couture, parce que le prêt-à-porter n’existe pas encore dans le paysage de l’industrie de la mode. La timidité de Saint Laurent n’aide pas, mais les deux futurs monstres sacrés communiquent à travers ce projet. Ils parlent mode, cinéma, personnages. La glace est brisée. C’est le début d’une longue amitié entre deux êtres sensibles qui ont besoin d’admirer et pour qui un lien doit faire sens.

Deneuve toujours magnifiquement habillée par son ami Yves. Photo Pierre Guillaud/Archives/AFP

Tendresse pudique

« Je l’appelle Catherine, ma douceur. Elle m’envoie des roses pâles », confie Yves Saint Laurent au magazine Elle en 1992. « Cher Yves, pour l’éphémère et l’éternel, pour aujourd’hui et pour toujours, plus que jamais, je vous embrasse comme je vous aime, tendrement », écrit Deneuve à ce fragile qu’un rien met dans tous ses états. Une tendresse pudique règne sur cette relation qui se tresse de fil en aiguille, si l’on peut dire, toujours dominée par un motif professionnel, puisque créer, pour Saint Laurent, c’est vivre. Cette douceur passe de robe en robe. La commande suivante sera une robe de soirée pour un événement en célébration des Demoiselles de Rochefort. Et puis, approchée par Luis Buñuel pour le rôle-titre du film inspiré d’un roman de Kessel, elle obtient du réalisateur que ses costumes soient conçus par Saint Laurent. L'un des costumes les plus mémorables du film est la robe de mariée portée par Séverine, le personnage de Catherine Deneuve. Cette robe est d'une blancheur immaculée et d'une simplicité raffinée, mettant en valeur la beauté naturelle de l'actrice. Elle est ornée d'une traîne délicate, et sa coupe est élégante et intemporelle. Séverine porte également une série de tenues élégantes et sophistiquées lors de ses sorties en tant que Belle de jour. Les costumes sont souvent composés de jupes, de chemisiers et de vestes, avec des détails de haute couture, tels que des broderies, des boutons décoratifs et des accessoires assortis. Pour les soirées plus mondaines, les costumes conçus par Yves Saint Laurent pour Catherine Deneuve sont extravagants et luxueux. Ils comprennent des robes de cocktail et des tenues de soirée élégantes, mettant en valeur la grâce et le charme de l'actrice. Ces costumes devenus emblématiques ont marqué l'histoire de la mode au cinéma.

« Ma plus belle histoire d'amour » chantera Deneuve à Yves Saint-Laurent. Photo Pierre Verdy/AFP

« La fin d’une époque »

En 2002, Saint Laurent, affaibli par la maladie, décide de prendre sa retraite. Un défilé spectaculaire célébrant 40 ans de création au Centre Pompidou est donné par sa maison pour lui rendre hommage. Catherine Deneuve s’avance dans l’obscurité chantant a capella Ma plus belle histoire d’amour c’est vous. « Ses créations dureront, continueront de vivre et d'inspirer d'autres gens. Mais le retrait de quelqu'un qui a tellement aimé les femmes, qui les a habillées avec autant de talent, va créer un grand vide. Pour les femmes, pour la mode, c’est la fin d’une époque », déclarera-t-elle plus tard dans une interview avec Libération.

Le 19 janvier, elle met en vente chez Christie’s, à Paris, non moins de 150 pièces qui comptent parmi les plus emblématiques de Saint Laurent. Photo Alain Jocard/AFP

En 2019, Catherine Deneuve qui vient de fêter ses 75 ans décide de s’alléger de ses collections, d’autant qu’elle s’est récemment séparée de sa maison en Normandie où celles-ci, notamment sa garde-robe, étaient conservées. Le 19 janvier, elle met en vente chez Christie’s, à Paris, non moins de 150 pièces qui comptent parmi les plus emblématiques de Saint Laurent : créations de couleurs vives irriguées des lumières de Marrakech, trenchs iconiques, smokings féminins, authentique invention du couturier. « Non sans mélancolie, je me sépare de ces vêtements. Ce sont les créations d'un homme si talentueux qui ne créait que pour rendre les femmes plus belles », avait écrit Catherine Deneuve dans un message transmis par Christie’s.

Il la considérait comme « la plus grande star mondiale ». De son côté, Deneuve affirmait : « Je suis toujours émerveillée de voir Yves Saint Laurent, qui n'est jamais devenu un “monsieur responsable”. Malgré le talent et le succès, il a su garder une inaltérable fraîcheur qui fait de lui cet éternel jeune homme. »

Un dernier hommage au couturier disparu le 1er juin 2008. Photo Éric Feferberg/AFP

À la mort du couturier, le 1er juin 2008, devant le cercueil noyé sous des gerbes de blé, chaque proche et ami ayant apporté la sienne, Catherine Deneuve avait encore dit, en un ultime hommage : « C’est un artiste qui avait du génie. C'est autre chose que du talent », ajoutant : « Il avait des audaces incroyables, des audaces de timide. »

La comédienne à la centaine de films, à la trentaine de récompenses, dont deux César de la meilleure actrice et, en 2022, le Lion d’or de la Mostra de Venise pour l’ensemble de sa carrière, est avant tout une référence de l’élégance dès lors que l’on se détourne des modes conceptuelles, des étiquettes et du tape-à-l’œil. Le vêtement, nul ne le sait mieux qu’elle,...

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