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Culture - Polémique

L’auteure palestinienne Adania Shibli « annulée », plusieurs éditeurs arabes se retirent de la foire de Francfort

Plusieurs maisons d’édition du monde arabe se sont retirées du festival du livre allemand à la suite de l’annulation d’un prix qui était prévu pour récompenser une auteure palestinienne, en raison de la guerre entre Israël et Gaza.

L’auteure palestinienne Adania Shibli « annulée », plusieurs éditeurs arabes se retirent de la foire de Francfort

L’auteure palestinienne Adania Shibli. Photo Hartwig Klappert

Adania Shibli devait recevoir le prix littéraire LiBeraturpreis à la foire internationale du livre de Francfort vendredi prochain. Mais elle ne l’aura pas. Ce prix récompensait la traduction allemande de son roman Minor Detail, qui raconte l’histoire d’une Bédouine palestinienne violée par des soldats israéliens en 1949.

Selon une information rapportée par le Deutsche Welle et le New York Times, les organisateurs du prix LitProm avaient déclaré que la cérémonie avait été annulée en accord avec Shibli, sous prétexte que « personne n’a envie de faire la fête en ce moment ». Cependant, la maison d’édition américaine de l’auteure palestinienne, New Directions, a affirmé sur X que l’auteure n’a pas donné son accord pour renier son prix et a exigé du quotidien new-yorkais la publication d’un démenti.

Le message de New Directions, l’agent littéraire de Shibli. Capture d’écran X

Le directeur de la foire du livre de Francfort, Juergen Boos, avait condamné mercredi l’attaque du Hamas en Israël et déclaré que des « événements spéciaux » étaient prévus pour « rendre les voix juives et israéliennes particulièrement visibles » lors de l’événement.

Les propos du directeur et l’annulation du prix ne sont pas passés inaperçus. Loin de là. Ils ont même provoqué un mouvement d’indignation et de protestation dans divers milieux du livre dans les pays arabes. Plusieurs acteurs du secteur ont ainsi décidé de ne plus participer à l’événement.

L’Association des éditeurs arabes en Égypte, une organisation à but non lucratif qui représente plus de 1 000 éditeurs régionaux, s’est retirée, regrettant « la position partiale et injuste adoptée à l’égard des événements tragiques survenus dans la région », comme l’a indiqué son président Mohammad Rashad dans une lettre adressée au directeur de la foire de Francfort.

« Nous dénonçons certainement toute attaque contre un civil, quel que soit son camp, mais considérer l’affaire sous un seul angle et accepter cette injustice à laquelle le peuple palestinien est soumis depuis des décennies est une grave erreur », a écrit M. Rashad.

« En outre, vos déclarations ne reflètent en rien les relations arabes exceptionnelles qui se sont développées au fil des ans entre les administrations de la foire du livre de Francfort et les éditeurs arabes. À la lumière de votre position, l’Association des éditeurs arabes a décidé de retirer sa participation. »

L’Autorité du livre de Sharjah a également annoncé, dans un communiqué, qu’elle se retirait du Salon allemand. « Compte tenu de la récente annonce faite par les organisateurs de la foire du livre de Francfort, nous avons décidé de retirer notre participation cette année, peut-on lire dans son message relayé sur les réseaux sociaux. Nous défendons le rôle de la culture et des livres pour encourager le dialogue et la compréhension entre les peuples. Nous pensons que ce rôle est plus important que jamais. »


L’Association des éditeurs des Émirats a publié une déclaration sur X prônant le rôle de la culture et des livres pour encourager le dialogue. Capture d’écran

Cheikha Bodour al-Qasimi, présidente de l’Autorité du livre de Sharjah, a déclaré croire fermement aux droits fondamentaux des civils du monde entier à vivre en sécurité, à l’abri des dangers des conflits armés. « En temps de crise et de conflit, je défends fermement le rôle des livres, de la culture, des auteurs, des Salons du livre, des intellectuels et des artistes dans la promotion de l’unité, la résorption des tensions et l’expression de voix diverses, a-t-elle ajouté. Ce sont là des outils qui peuvent améliorer les perspectives de paix et d’harmonie. »


Une copie de la lettre de Mohammad Rashad, directeur de l’Association des éditeurs arabes, adressée au directeur de la foire de Francfort Juergen Boos. Photo DR

L’Association des éditeurs des Émirats a publié une déclaration similaire confirmant qu’elle ne participerait pas à la foire.

En annonçant le prix, avant l’attaque du Hamas contre Israël la semaine dernière, l’association LitProm a déclaré que le roman de Shibli était une « œuvre d’art rigoureusement composée qui parle du pouvoir des frontières et de ce que les conflits violents engendrent chez les peuples ».

Le roman de Shibli, Minor Detail, a reçu des éloges de nombreux critiques.

Sa traduction en anglais par Élisabeth Jaquette a été publiée en 2020 et sélectionnée pour le National Book Award for Translated Literature en 2020, puis pour l’International Booker Prize l’année suivante.

L’ouvrage avait également été critiqué par certains pour ce qu’ils considéraient comme des « récits antisémites ».

L’agence littéraire RCW a affirmé son soutien indéfectible à Adania Shibli qu’elle représente et qui est publiée en Grande-Bretagne par les éditions Fitzcarraldo (la même maison d’édition que le Nobel de littérature 2023 Jon Fosse)  et aux États-Unis par New Directions.

La maison d’édition saoudienne Aseer al-Kotb ainsi que la koweïtienne Dar Souad el-Sabbah ont également annoncé boycotter la foire allemande.

Cette année marque la 75e édition de la foire du livre de Francfort. L’un de ses temps forts sera sans doute la venue de l’auteur indien et britannique Salman Rushdie, qui recevra le prix de la paix de la Fédération allemande du commerce du livre. En août 2022, l’écrivain, menacé par des islamistes, a été attaqué au couteau alors qu’il se trouvait sur scène aux États-Unis, ce qui l’a rendu aveugle de l’œil droit.

Adania Shibli devait recevoir le prix littéraire LiBeraturpreis à la foire internationale du livre de Francfort vendredi prochain. Mais elle ne l’aura pas. Ce prix récompensait la traduction allemande de son roman Minor Detail, qui raconte l’histoire d’une Bédouine palestinienne violée par des soldats israéliens en 1949.Selon une information rapportée par le Deutsche Welle et le New...

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Quelle honte pour ces organisateurs allemands.

Wlek Sanferlou

03 h 40, le 16 octobre 2023

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Commentaires (1)

  • Quelle honte pour ces organisateurs allemands.

    Wlek Sanferlou

    03 h 40, le 16 octobre 2023

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