« Nous sommes en plein génocide », raconte Omar al-Qatta, un photographe vivant à Gaza, à L'Orient Today mardi.
La situation « est très, très mauvaise, je veux dire que c'est indescriptible. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point tout est mauvais ».
Israël bombarde inlassablement la bande de Gaza depuis samedi, tuant des centaines de civils, en réponse à l'offensive du Hamas baptisée « Déluge d'al-Aqsa ». Lundi, le ministre israélien de la Défense a ordonné un « siège complet » de l'enclave déjà bloquée, coupant l'eau et l'électricité. Lors d'une conférence de presse le jour-même, un porte-parole de l'armée israélienne a affirmé que le Parlement et les ministères civils de Gaza constituaient des cibles légitimes.
« Des maisons sont bombardées au-dessus de la tête de leurs habitants, des tours sont détruites, des quartiers entiers ont vu leurs repères modifiés (en raison des bombardements), des régions entières ont vu leur population déplacée », explique M. Qatta. « Il n'y a pas d'électricité, et Internet est coupé dans de très nombreuses zones, et s'il est disponible, il est très lent. Hier, l'occupant israélien a pris la décision de nous priver d'accès à l'eau. Bien sûr, les passages sont fermés, et aucun aliment ni fourniture n'entre dans le territoire », a-t-il poursuivi.
« Les bruits d'avions et de missiles ne s'arrêtent presque jamais, et l'occupation (Israël) utilise divers types de projectiles et de bombes contre nous », indique-t-il. « J'ai été témoin de nombreuses opérations militaires, mais je n'ai jamais rien vu de tel en termes de barbarie et de folie », soutient Omar al-Qatta avant de perdre le signal cellulaire.
« Avichay Adraee, le porte-parole médiatique de l'armée israélienne, a demandé aux habitants du quartier Rimal à Gaza de le quitter... J'habite là-bas, mais je n'ai nulle part où aller », témoigne Rasha Abu Shaban, une travailleuse humanitaire de 37 ans de Gaza. Vivant avec ses deux parents âgés, elle explique qu'ils sont restés à la maison, tandis que beaucoup de leurs voisins ont fui, cherchant « un endroit sûr, mais en réalité toute la bande de Gaza est dangereuse ». « Notre maison a été partiellement endommagée par les bombardements. J'ai vécu de nombreuses guerres auparavant, mais jamais rien de tel. Le quartier où je vis a été touché par 200 missiles », affirme-t-elle. « Le quartier Rimal est principalement composé de maisons, d'écoles, d'universités et de ministères », note-t-elle.
« La principale entreprise de télécommunications de Gaza est située à côté de ma maison et a été bombardée hier, les habitants de la bande de Gaza sont déconnectés du monde », raconte-t-elle, indiquant que sa propre ligne provient d'une autre société de télécommunications plus petite.
Plusieurs journalistes ont également été tués en couvrant l'attaque, et les frappes israéliennes ont touché un immeuble abritant plusieurs médias.
« Notre maison sent la poudre »
« Rien que la nuit dernière, deux journalistes ont été tués. Je ne sais vraiment pas ce qui se passe, notre maison sent la poudre, la poudre est partout, c'est tout ce que je vois. » « Nous soutenons la résistance car elle nous rapproche de la libération » Wissam al-Maqoussi, un journaliste palestinien de 38 ans de Gaza, étudie depuis un an à l'Université arabe de Beyrouth. « Mes parents et ma famille vivent dans des conditions difficiles », raconte-t-il à L'Orient Today. « Il y a actuellement une pénurie de services alimentaires, des coupures d'eau, et le contact entre les familles à Gaza est interrompu, car Internet et les services ne fonctionnent pas. »
Bien que sa maison à Gaza n'ait pas été directement touchée par les frappes israéliennes, elle a subi des dommages matériels à mesure que les bâtiments autour d'elle s'effondraient. « Ma famille se trouve dans des pièces non protégées et instables de notre maison », raconte-t-il.
« Leur moral est élevé, ils soutiennent la résistance et ne partiront pas malgré ce qui se passe. L'occupation envoie des tracts et des messages exhortant les gens à quitter Gaza à la première occasion, mais les gens ne répondent pas, beaucoup ne partiront même pas s'ils en ont la possibilité. Ils ont choisi leur voie : ils sont avec la résistance », a-t-il déclaré.
« Je reçois des informations de cousins, de voisins, d'amis d'enfance qui ont été visés »,dit-il. « Les Palestiniens soutiennent la résistance car c'est la seule voie qui nous rapproche de la libération », conclut-il.
Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré mardi matin que 788 Palestiniens avaient été tués et 4.100 blessés dans les frappes aériennes israéliennes visant l'enclave assiégée depuis que le Hamas a lancé son opération « Déluge d'al-Aqsa » samedi.
« Ni eau, ni nourriture, ni signal ni carburant »
Mohammad Abou Lobda, qui vit dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, est désemparé : « Je ne sais vraiment pas quoi vous dire, je n'ai pas de mots pour décrire ce que nous vivons. Notre ville est en train d'être aplatie. »
« Certaines familles reçoivent des appels de l'armée israélienne quelques minutes avant que leurs maisons ne soient bombardées, les avertissant que les habitants seront touchés. Que pouvez-vous faire en quelques minutes ? », demande-t-il. « Rien ! Vous n'avez pas le temps de faire vos bagages ni d'avertir vos voisins de partir aussi, beaucoup n'ont même pas le temps de sortir du bâtiment avant qu'il ne soit frappé ». « Nous n'avons ni eau, ni nourriture, ni carburant, pouvez-vous imaginer ? »
Bien que sa maison n'ait pas été bombardée, le domicile d'un parent d'Abou Lobda a été complètement détruit lors d'une attaque lundi soir.
« Ils ont dû déménager dans la famille de son frère. De nombreuses familles vivent maintenant ensemble et se solidarisent les unes avec les autres. Israël essaie de nous paralyser. »
A la violence répond la violence et à la barbarie, la barbarie. Et ce cycle infernal dure depuis près de 80 ans. On connaît la logique israélienne, et comment la loi du talion a été quelque peu modifiée: pour un oeil, c;est toute la tête. Assassiner 1000 civils dans le désert du Neguev ou dans les kibboutz ne peut, qu'entraîner la mort, en représailles, d'au moins 10 000 civils gazaouis. Les dirigeants du Hamas ne peuvent l'ignorer, pas plus qu'Hassan Nasrallah en 2006. C'est donc que ces victimes de leur propre peuple font partie intégrante de leur plan. Quand donc les simples citoyens comprendront-ils qu'ils ne sont, au yeux de leurs dirigeants, que de la chair à canon?
07 h 43, le 11 octobre 2023