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Société - Entretien

Le message d’espoir du grand hospitalier de l’ordre de Malte pour « le miracle du Liban »

Le message d’espoir du grand hospitalier de l’ordre de Malte pour « le miracle du Liban »

Le grand hospitalier de l’ordre souverain de Malte, Fra’ Alessandro de Franciscis. Photo DR

Élu grand hospitalier de l’ordre souverain de Malte en janvier 2023, soit l’équivalent du ministre de la Santé et des Affaires sociales, ainsi que de l’Action humanitaire et de la Coopération internationale, pour un mandat de six ans, Fra’ Alessandro de Franciscis – « Juste Fra’ Sandro », insiste-t-il – n’a eu de cesse depuis de visiter les associations de l’ordre de Malte dans le monde pour témoigner de leur action de terrain. Sa visite au Liban, à l’invitation du président de l’Association libanaise des chevaliers de Malte Marwan Sehnaoui, s’inscrit dans le cadre de cette tournée sur ce qu’il appelle « le lieu de l’action ».

« Je suis venu au Liban habité d’une grande curiosité et d’un grand désir de visiter ce pays qui est, pour moi qui suis italien du Sud, très similaire au mien. Le désordre, le chaos, la manière de conduire, même les odeurs de cuisine… c’est tout à fait comme Naples ! Je me suis senti chez moi au Liban », déclare Fra’ Sandro tout de go.

Au cours de son séjour, il a visité les différentes déclinaisons de l’action de l’ordre de Malte au Liban (OML)– sanitaire, sociale et agro-humanitaire– à travers ses opérations de terrain qui s’étendent sur l’ensemble du territoire libanais, soulignant que « l’OML a fait un pari sur l’excellence, dans un monde de plus en plus favorable à la médiocrité, et c’est ce qui lui a permis de convaincre les bailleurs de fonds de soutenir son action. Ce soin apporté à la recherche de la qualité a en effet facilité l’octroi de dons et l’établissement de partenariats importants. Et je pense que l’action de l’ordre au Liban est un exemple à exporter dans les autres pays ».

Entre traditionnel et innovation

Le grand hospitalier s’est montré admiratif devant le fait que « l’ordre au Liban a trouvé le juste milieu entre le traditionnel, exécuté avec excellence – que ce soit dans ses centres médico-sociaux, ses unités médicales mobiles ou la distribution de repas par la cuisine communautaire mobile – et ce défi vers le futur qu’est l’agro-humanitaire, avec cette mission d’ancrer les gens sur leur territoire en leur octroyant la possibilité d’améliorer leur revenu et la vie de toute la famille ». « Pour nous en Italie, c’est le futur, assure-t-il. À ma connaissance, il n’existe pas dans mon pays, qui est pourtant un pays agricole et vinicole, des expériences guidées par des entités bénévoles en matière d’agriculture. Dans la complexité politique et institutionnelle du pays, cette initiative de l’OML s’inscrit dans sa stratégie à freiner l’exode de la population pour prévenir le lent dépeuplement de la Terre sainte du Liban, cette terre que le Christ a foulée, et la préservation du Liban pays de coexistence. »

Fra’ Sandro a également applaudi la grande capacité d’adaptation de l’OML, dont « les différentes initiatives de soutien à la population répondent aux besoins entraînés par les changements dramatiques qui ont émaillé l’histoire de votre pays, et au fait que l’accès aux soins de santé n’est plus donné à tout le monde ».

L’émotion était aussi au rendez-vous lors de ce séjour, notamment pendant la visite du centre de l’OML pour personnes à potentialité différente à Chabrouh : « C’est vraiment quelque chose de magnifique ! Voir le prêtre volontaire s’agenouiller près de la personne handicapée pour la faire doucement communier, comme ça m’a touché ! De voir ces jeunes, dont certains sont de classe aisée, nettoyer sans dégoût aucun la personne dont ils s’occupent… Ce projet est un exemple. »

Un instrument de paix

La découverte des camps de réfugiés dans la Békaa ne l’a pas non plus laissé insensible : « Nous sommes là au cœur d’une pauvreté extrême. Et en tant que pédiatre de formation, regarder ces enfants qui vivent dans des conditions de misère, déplacés, sous une tente, pour des raisons politiques… » Comme un rappel du cri du cœur qu’il avait déjà lancé en mai dernier, lors de son intervention à l’assemblée de l’Organisation mondiale de la santé, s’adressant à ses « chers collègues ministres de la Santé, je vous en prie ! Faites entendre votre voix dans vos pays, montrez-leur combien la santé peut être achetée au prix d’un fusil, d’un char, d’une bombe. (…) La guerre est la première des maladies. Et elle est aussi évitable que n’importe quelle autre maladie. Le remède s’appelle la paix ! ».

Le rôle d’instrument de paix joué par l’ordre de Malte a d’ailleurs été au cœur de la discussion que le grand hospitalier a eue avec le ministre libanais sortant de la Santé Firas Abiad, « conversation qui m’a beaucoup frappé, entre deux hommes passionnés de médecine et de santé publique. Nous avons notamment évoqué l’effort de ne pas forcément chercher la réussite immédiate. Il faut avoir la patience de bâtir la santé d’un peuple à long terme ».

Avant son départ, Fra’ Sandro a souhaité transmettre au peuple libanais « un remerciement pour la contribution historique et culturelle que le Liban a donnée à la Méditerranée, seul vrai lieu de rencontre entre l’Orient et l’Occident. Je ne peux que dire merci au peuple libanais, toutes religions et ethnicités confondues, pour avoir résisté jusqu’à aujourd’hui, et je peux promettre, en tant que religieux de l’ordre, la prière et le soutien inconditionnel, j’espère, pour les années à venir ».

À la question de savoir, en sa qualité de président des Constatations médicales de Lourdes, s’il pensait que le Liban avait lui aussi besoin d’un miracle, Fra’ Sandro affirme : « À travers mes courtes visites touristiques, notamment au centre-ville de Beyrouth et à Byblos, lieu majeur de l’histoire du Liban et de la stratification des différentes civilisations qui sont passées par le Liban, je vois, au-delà de la résilience et de la résistance de ce peuple unique composé de 18 communautés, que le miracle est déjà là. Je repars de Beyrouth avec un optimisme raisonnable quant à l’avenir de ce pays. Les éléments nécessaires existent : la résilience du peuple, une identité, une richesse culturelle et historique qui vous sont propres. Il ne faut pas perdre espoir. »

Élu grand hospitalier de l’ordre souverain de Malte en janvier 2023, soit l’équivalent du ministre de la Santé et des Affaires sociales, ainsi que de l’Action humanitaire et de la Coopération internationale, pour un mandat de six ans, Fra’ Alessandro de Franciscis – « Juste Fra’ Sandro », insiste-t-il – n’a eu de cesse depuis de visiter les associations de...

commentaires (2)

Et bien, cher Fra’ Sandro, avez-vous oublié que nous partageons aussi la pratique mafieuse, bien répandue chez vous à Naples? Pas étonnant que vous vous sentiez un peu comme chez vous…

Mago1

13 h 59, le 01 octobre 2023

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Commentaires (2)

  • Et bien, cher Fra’ Sandro, avez-vous oublié que nous partageons aussi la pratique mafieuse, bien répandue chez vous à Naples? Pas étonnant que vous vous sentiez un peu comme chez vous…

    Mago1

    13 h 59, le 01 octobre 2023

  • Merci à l'Ordre de Malte au Liban pour tous les efforts déployés, mêlant le professionnalisme et le cœur au service des plus démunis ??

    Oumayma Farah

    13 h 12, le 30 septembre 2023

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