Farid Chéhab sur l’IA : il me devait de prévenir mon petit-fils

Après Un pont sur le XXIe siècle publié aux éditions L’Orient-Le Jour, le Libanais Farid Chéhab, publicitaire, fondateur et actuel président d’honneur de la société Leo Burnett pour le Moyen-Orient signe un essai original sur l’intelligence, notamment artificielle. Très troublé par la rapidité des changements technologiques, il fait appel à l’intelligence sous toutes ses formes et lui donne la parole.

Pourquoi était-il important pour vous d’écrire cet ouvrage aujourd’hui ?

L’avènement du numérique va changer les règles de l’évolution. Avant, c’est l’environnement qui dictait le parcours de l’évolution. Et celle-ci se faisait au rythme de la nature. Le numérique change la donne. Il agit sur l’infiniment petit. Son environnement est le monde quantique. La conséquence est que l’évolution risque de se faire à une allure exponentielle. L’Homo sapiens a cohabité 20 000 ans avec l’Homme du Néandertal avant de l’éliminer. Il semble que le nouvel Homo numericus puisse supplanter l’Homo sapiens en moins de deux siècles.

Il me devait de prévenir mon petit-fils.

M. Chéhab, en la faisant parler, avez-vous apprivoisé Mme Intelligence ?

C’est plutôt à elle qu’il faut poser cette question. C’est Elle qui essaye de nous apprivoiser tant bien que mal, nous les Homo sapiens, cette espèce prétentieuse avec la tendance fâcheuse de toujours nous placer au centre de l’univers, intelligence incluse.

Quelles surprises, bonnes ou mauvaises, nous réserve l'intelligence artificielle ?

Une rupture totale dans notre façon de penser, vivre, nous soigner, créer, produire, consommer, recycler. La plus grande surprise, c’est qu’elle prépare l’avènement d’une nouvelle espèce humanoïde supra intelligente qui va se placer dans le cycle universel de l’évolution.

Quelle est la forme d'intelligence la plus importante à vos yeux ?

Celle qui affûte votre curiosité, qui vous pousse à vous adapter avec agilité et qui vous fait assimiler des concepts innovants capables de vous élever dans le cycle de la connaissance.

*À la Fondation Charles Corm, à 15 heures. Signature et table ronde avec Jennifer Fischer, Chawki Azouri, Wadad Wazen, Michel Zoghzoghi et Farid Chéhab.