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Moyen-Orient - Entretien/Dans nos archives

Dans les négociations avec Israël, « les Saoudiens n'offrent rien aux Palestiniens »

Prérequis posé par Riyad à tout accord de normalisation avec l’Etat hébreu, la question palestinienne patine. Omar Rahman, analyste au sein de l’institut de recherche Middle East Council on Global Affairs basé à Doha, répond aux questions de « L’Orient-Le Jour ».

Dans les négociations avec Israël, « les Saoudiens n'offrent rien aux Palestiniens »

Nayef bin Bandar al-Sudaïri (D), ambassadeur d'Arabie saoudite en Palestine, s'adresse aux journalistes en compagnie du ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Maliki (G) au siège du ministère palestinien à Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 26 septembre 2023. Photo AHMAD GHARABLI/AFP

Les Palestiniens peuvent-ils encore espérer peser dans la balance des négociations qui prennent corps entre l’Arabie saoudite et Israël ? A en croire Nayef al-Sudaïri, récemment nommé ambassadeur saoudien pour les Territoires palestiniens, ils représentent même un « pilier fondamental » de la politique extérieure du royaume. Accompagné d’une délégation à Ramallah, en Cisjordanie occupée, marquant ainsi la première visite officielle saoudienne sur ces terres depuis les accords d’Oslo en 1993, l’ambassadeur a tenu ce mardi à rassurer le gouvernement palestinien : « Il est certain que l’initiative de paix arabe (...) est la pierre angulaire de tout accord à venir ». Il y a quelques semaines, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avait annoncé qu’il ne saperait pas les efforts de création d’un État palestinien sous condition que l’Autorité palestinienne (AP) mette fin à la violence en Cisjordanie. Le chemin s’annonce pourtant encore long, alors que les raids israéliens se sont intensifiés ces derniers jours dans les territoires occupés, notamment à Gaza, et que le gouvernement israélien, le plus à droite de l’histoire d’Israël, refuse pour le moment toute concession aux Palestiniens. En attendant, les tractations israélo-saoudiennes battent leur plein sous l’égide de Washington, le ministre israélien du tourisme Haïm Katz étant même arrivé en Arabie saoudite mardi à l’occasion d’une rencontre internationale. Omar Rahman, analyste au sein de l’institut de recherche Middle East Council on Global Affairs basé à Doha, fait le point pour « L’Orient-Le Jour ».

L'éditorial de Issa Goraïeb

Arabi(bi)es ...

Quelles conditions les Saoudiens pourraient-ils offrir aux Palestiniens dans le cadre de leur négociation autour d’un accord de normalisation avec Israël ?

Les Saoudiens n'offrent rien aux Palestiniens en soi. Ils essaient d'obtenir quelque chose des Israéliens, et peut-être des Américains, au nom des Palestiniens et, en échange, d'obtenir l'acceptation par l'opinion publique palestinienne de leur décision de normaliser les relations avec Israël. Au mieux, cela inclurait un retrait israélien des territoires occupés et la création d'un État palestinien. Au pire, il s'agirait du transfert d'une partie des territoires occupés en Cisjordanie, actuellement classés en zone C (sous contrôle administratif et sécuritaire israélien) en zone B (sous contrôle administratif de l'Autorité palestinienne mais sous contrôle sécuritaire israélien). Par ailleurs, l'AP tente d'obtenir des fonds des Saoudiens, car elle est confrontée à une crise financière et se trouve au bord de l'effondrement.

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Quoi qu'il en soit, les Saoudiens envoient de nombreux signaux contradictoires, affirmant à la fois leur soutien à un État palestinien et leur refus d'une normalisation sans cet État, mais aussi des choses beaucoup moins concrètes, telles que « l'amélioration de la vie des Palestiniens ». Il est difficile de savoir dans quelle mesure ils seraient prêts à accepter et à faire pression sur les dirigeants de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et l’AP pour qu'ils acceptent. Les Saoudiens ne comprennent pas vraiment la complexité de la question israélo-palestinienne, ils ne s'embarrasseront donc pas de détails. Si les dirigeants de l'OLP et l’AP leur disent que c'est acceptable, ils accepteront probablement. Cette situation est très problématique, car les dirigeants de l'OLP et l’AP ne sont plus les représentants légitimes de leur propre peuple et de leurs aspirations.


En ce qui concerne la création d'un État palestinien, quelles sont les propositions de l'Arabie saoudite, que souhaitent les Palestiniens et qu'est-ce qu'Israël serait prêt à accepter ?

Depuis 2002, la proposition saoudienne de création d'un État palestinien s'inspire des paramètres de l'initiative de paix arabe, qui appelle à la création d'un État le long des frontières de 1967 et à une résolution juste de la question des réfugiés palestiniens. Les Palestiniens, et j'entends par là les dirigeants de l'OLP et l’AP, espèrent la même chose en ce qui concerne un État palestinien. Les Saoudiens restent fidèles à cette position, bien qu'il soit possible qu'ils l'abandonnent pour moins que cela. Car, aucun gouvernement israélien ne serait disposé ou préparé à faire une concession, même mineure, à cet égard. Tout gouvernement qui céderait des territoires à l'AP s'effondrerait, sachant qu’il est impossible de former une coalition gouvernementale en Israël aujourd'hui sans membres de la droite, qui s'opposent fondamentalement à la création d'un État palestinien et/ou qui considèrent comme sacrée la souveraineté israélienne sur l'ensemble de la Palestine historique. La politique israélienne a considérablement changé depuis les premiers jours d'Oslo dans les années 1990.


Comment l'AP pourrait-elle tenter de se renforcer à cette occasion ?

L'AP pourrait obtenir une garantie de financement à long terme de la part des Saoudiens. Cela permettrait d'éviter la crise financière à laquelle elle fait face. Mais cela ne contribuerait guère à résoudre la crise de légitimité à laquelle elle est confrontée auprès de son propre public.

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Le président Mahmoud Abbas bénéficie d'un soutien très faible de la part du peuple palestinien et sa formation est considérée par la majorité des Palestiniens des territoires occupés comme « un fardeau pour la cause palestinienne », selon les sondages. Le financement ne contribuera en rien à remédier à l'absence d'horizon politique ou de vision stratégique de la part de ces dirigeants. Il ne fera qu'aider l'Autorité palestinienne à renforcer son appareil de sécurité, qui est un instrument de répression plutôt que de libération.

Les Palestiniens peuvent-ils encore espérer peser dans la balance des négociations qui prennent corps entre l’Arabie saoudite et Israël ? A en croire Nayef al-Sudaïri, récemment nommé ambassadeur saoudien pour les Territoires palestiniens, ils représentent même un « pilier fondamental » de la politique extérieure du royaume. Accompagné d’une délégation à Ramallah, en...

commentaires (4)

- QUE PEUT-ON AUX AUTRES OFFRIR, - QUAND NOTRE OCCUPATION PREMIERE, - N,EST AUTRE QUE DE GARANTIR, - NOTRE INDIVIDUEL DERRIERE ?

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 12, le 07 octobre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • - QUE PEUT-ON AUX AUTRES OFFRIR, - QUAND NOTRE OCCUPATION PREMIERE, - N,EST AUTRE QUE DE GARANTIR, - NOTRE INDIVIDUEL DERRIERE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 12, le 07 octobre 2023

  • Ni l’Arabie, ni les arabes, ni le liban ne doit quelque chose aux palestiniens. Ils ont eu plus de 70 ans pour aider leur peuple avec les centaines de millards de dollars que l’Arabie a donné aux organisations palestiniennes. L’argent ayant atterri dans diverses poches de leurs leaders. Pendant que les combats de coqs entre leaders battait ( et bat encore) son plein. Aujourd’hui, chaque pays doit nettoyer devant sa porte . « Les causes » de l’époque n’existent plus. Le liban a assez de problème par exemple pour ne plus s’occuper des autres pays. Idem pour l’Arabie qui pense au futur de son pays post pétrole. Ce produit n’est pas éternel. Pour résumer : Désormais, les palestiniens doivent s’assumer tout seul

    LE FRANCOPHONE

    09 h 12, le 28 septembre 2023

  • Ce n’est pas Mahmoud Abbas qui a besoin d’une aide saoudienne, mais tous les palestiniens désirants vivre côte à côte auprès d’Israël dans des frontières de 1967. Pour cela, il faudrait que l’Union européenne et les États Unis parlent d’une seule voix pour exiger d’Israël de se retirer sans exception de tous les territoires occupés et surtout de reconnaître l’état de Palestine. Assez de considérer Israël comme un état menacé par des terroristes.

    Mohamed Melhem

    20 h 41, le 27 septembre 2023

  • Avec MBS ,il faut s'attendre à tout. Avec l'Iran,avec Israël,tout à la fois,ce qui rend cette approche difficilement productive, à moins qu'il ne soit l'intermédiaire de la paix régionale.

    Esber

    19 h 05, le 27 septembre 2023

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