Le prince héritier Mohammad ben Salmane (MBS) a accordé un entretien exclusif à Fox News diffusé dans la nuit de mercredi. Voilà les deux éléments les plus importants.
Normalisation saoudo-israélienne
Ce qu’il faut retenir : « On s'en rapproche tous les jours. » Si un accord pour établir des relations diplomatiques n’est pas encore conclu, Mohammad ben Salmane (dit MBS) a rejeté les rumeurs d’un arrêt des discussions sur l’établissement de relations diplomatiques entre l’Etat hébreu et le royaume wahhabite. Le dossier reste en tête des priorités de l’administration de Joe Biden avant la présidentielle de 2024, ainsi que de Benjamin Netanyahu, qui marquerait ainsi une victoire diplomatique inégalée. Courtisée, l’Arabie saoudite entend obtenir des concessions, y compris sur le dossier palestinien. « Pour nous, la question palestinienne est très importante. Nous devons la résoudre. Et les négociations se poursuivent bien jusqu'à présent. »
Depuis des mois, les bruits courent autour d’une normalisation. Chaque partie met ses exigences et concessions sur la table afin de pouvoir obtenir un deal qui pourrait changer la face du Moyen-Orient. Les Saoudiens souhaiteraient obtenir des garanties sécuritaires de Washington, son assistance dans l’établissement d’un programme nucléaire civil, ainsi que des avancées sur la cause palestinienne. De leur côté, les Américains chercheraient à limiter l’influence de la Chine et de la Russie dans la région, ainsi qu’à mettre un terme au conflit yéménite. Tandis que les Israéliens escomptent surtout obtenir la reconnaissance de leur existence par le chef de file de la communauté musulmane sunnite, sans avoir à trop concéder sur le dossier palestinien.
Pourquoi c’est important : C’est la première fois que le prince héritier s’exprime publiquement dans un entretien télévisé sur la question des négociations en cours autour de la normalisation avec Israël. Et ce pour annoncer ; en anglais, que les pourparlers avançaient en ce sens.
Nucléaire
Ce qu’il faut retenir : « S'ils en obtiennent une, on devra en avoir une nous aussi. » C’est la réponse qu’a donnée MBS à la question de savoir ce qu’il ferait si l’Iran obtenait l’arme nucléaire. Un message qui apparaît comme un avertissement, alors que les négociations pour un retour à l’accord nucléaire de 2015 sont au point mort, la date butoir du 18 octobre approchant à grands pas pour la levée des sanctions. Si la République islamique a ralenti son rythme d’enrichissement d’uranium ces derniers mois, alors qu’un échange de prisonniers était en négociations avec les États-Unis via le Qatar et Oman, Téhéran et Washington insistent pour dissocier officiellement les deux dossiers.
Aujourd’hui, plus qu’un retour aux conditions prévalant avant le retrait unilatéral de Donald Trump de l’accord de Vienne en 2018, il s’agirait plutôt de préserver le statu quo actuel. L’objectif serait de limiter l’enrichissement de l’uranium à 60% ainsi que de geler les attaques des milices pro-iraniennes contre des intérêts américains au Moyen-Orient, voire de limiter les exportations de défense iraniennes vers la Russie. Téhéran obtiendrait en échange une garantie de ne pas se voir imposer des sanctions supplémentaires, tout en bénéficiant d’une certaine marge de manœuvre pour exporter plus de pétrole malgré les sanctions en vigueur. De quoi contribuer à faire baisser les prix des hydrocarbures sur les marchés internationaux, alors que les baisses de production imposées par l’Arabie saoudite et la Russie dans le cadre de l’OPEP+ participent actuellement à un retour de l’inflation.
Pourquoi c’est important : L’une des conditions saoudiennes pour conclure un accord de normalisation avec Israël consiste à obtenir une assistance américaine pour développer un programme nucléaire civil. Jusqu’à présent, Riyad avait toujours nié y voir une portée militaire. La perspective d’une course au nucléaire inquiète surtout les Etats-Unis et Israël, qui ne bénéficierait alors plus d’un avantage militaire qualitatif dans la région. Afin d’avancer l’accord de normalisation, Washington tente de proposer des solutions comportant des restrictions claires pour contenir le risque d’une militarisation, comme par exemple l’interdiction d’enrichir de l’uranium directement sur le sol saoudien. Une condition qui représente encore un point de contentieux essentiel, alors que le royaume saoudien refuse pour le moment de plier.
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Les conditions que pose son excellence Mohamed Ben Salman sont les bases d’une normalisation des relations diplomatiques entre l’Arabie Saoudite et Israël. Que Netanyahu diminue son clapet et se met en branle pour contenter son interlocuteur ou qu’il ferme sa gueule à jamais. Un état de droit et de justice n’est pas un état d’armements et de guerres, mais la reconnaissance de la cause palestinienne et le démantèlement de toutes les colonies israéliennes saufs s’ils acceptent d’être sujets de l’état palestinien aux frontières de 1967.
Mohamed Melhem
21 h 25, le 21 septembre 2023