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Société - Liban-Nord

La sécurité des habitants reste menacée à Tripoli, une semaine après l'effondrement d'une bâtisse

La question est de savoir quelle est la cause de l'effondrement d'un immeuble de trois étages dans le quartier historique de Zahria à Tripoli

La sécurité des habitants reste menacée à Tripoli, une semaine après l'effondrement d'une bâtisse

Les ruines d'un immeuble détruit à Zahria, à Tripoli, le 21 septembre 2023. Photo João Sousa

Les rues grouillent d'activité. et les piétons se faufilent sur les trottoirs, aux abords des ruines de l'immeuble qui s'est effondré lundi dernier dans le quartier historique, mais mal préservé, de Zahria, à Tripoli (Liban-Nord). La moitié de l'une des rues est délimitée par d'imposantes barrières de béton ornées de panneaux signalant « Danger d'effondrement ». Les passants regardent le site et les décombres qui s'étalent partiellement dans la rue.

Un employé du ministère de la Culture, présent sur les lieux, explique à L'Orient Today que c'est au ministère qu'il incombe de déterminer ce qu'il adviendra de l'édifice et de ses débris. Il a requis l'anonymat car il n'est pas autorisé à parler au nom du ministère, et affirme que des efforts sont en cours pour inspecter le site et enquêter sur les causes de l'effondrement, car de nombreuses questions subsistent.

Vue de la rue dans laquelle un immeuble s'est effondré à Zahria, Tripoli, le 21 septembre 2023. Photo João Sousa

« Attention ! Danger d'effondrement »

Les résidents se souviennent, eux, d'avoir vu des panneaux d'avertissement posés autour du bâtiment par la municipalité environ quatre ans auparavant, portant l'avertissement suivant : « Attention ! Danger d'effondrement ». Le panneau était signé par la « Municipalité de Tripoli » .

Tarek el-Mir, le propriétaire du bâtiment, affirme que le complexe a 95 ans. Il comprenait 35 appartements, qui ont tous été détruits pendant la guerre civile entre 1975 et 1990.

La famille Mir, qui possède également la boulangerie voisine, a acquis la propriété en 2000, et indique avoir été confrontée à des « obstacles bureaucratiques » depuis 2007 pour obtenir l'autorisation de démolir la structure précaire, et avoir notamment déposé « plus de 40 demandes ». La famille a même engagé un architecte pour soumettre une demande officielle de permis de démolition, ce qui, selon elle, corrobore son affirmation que le bâtiment était sur le point de s'effondrer.

Tarek el-Mir et l'architecte, Omar Kabbara, soulignent catégoriquement que la structure, malgré son âge, n'est pas un vestige d'importance historique, et qu'il n'était de toute manière pas possible de la réhabiliter.

Panneau indiquant un risque d'effondrement, à Tripoli, le 21 septembre 2023. Photo João Sousa

Effondrement « délibéré »

La municipalité ne partage pas cet avis. Khaled Tadmori, membre du conseil municipal de Tripoli et président de la sous-commission du patrimoine et des vestiges historiques de la municipalité, affirme que l'effondrement du bâtiment lundi dernier était « délibéré ». Il rappelle que la structure était classée « historique » et que « malgré les demandes persistantes de l'entrepreneur pour obtenir un permis municipal de démolition, celui-ci ne lui a jamais été accordé ». La municipalité avait exigé que l'homme réhabilite la structure, en lui donnant la liberté d'introduire de nouveaux designs ou matériaux, mais l'entrepreneur insistait pour la démolir, selon M. Tadmori.

Il affirme que M. Mir « a altéré la structure du bâtiment jour après jour jusqu'à ce qu'il s'effondre », basant ses accusations sur des images partagées sur les réseaux sociaux, que L'Orient Today n'a pas pu vérifier. Tarek el-Mir nie les accusations de la municipalité, ajoutant que les vidéos circulant sur les réseaux sociaux sont « fausses ». Le fils de M. Mir, que L'Orient Today a pu rencontrer près du chantier la semaine dernière, affirme que sa famille n'a rien à voir avec l'effondrement de l'immeuble. « Comment pourrions-nous provoquer un tel effondrement, alors que des gens passent régulièrement à proximité et pourraient mourir ? Nous ne pourrions jamais assumer une telle culpabilité ».

Vue de la structure effondrée depuis un immeuble voisin. Tripoli, le 21 septembre 2023. Photo João Sousa

Immeuble « historique » ?

M. Mir ajoute que le complexe a été gravement touché par le tremblement de terre du 6 février et que la famille a insisté auprès de la municipalité pour qu'elle réagisse et accorde enfin un permis de démolitiion. Aujourd'hui, il dit attendre que la municipalité évacue les débris du bâtiment, car il ne peut rien faire sans permis.

L'architecte Kabbara, chargé par les propriétaires de l'immeuble effondré d'inspecter les lieux, a de son côté déclaré à L'Orient Today que l'immeuble « se trouve dans un quartier à caractère historique, mais le ministère de la Culture ne l'a pas classé lui-même comme +historique+ ». Le ministre sortant de la Culture, Mohammad Mortada, n'a pas répondu immédiatement à nos demandes de commentaires.

M. Kabbara explique, en outre, que le site est composé de plusieurs blocs, dont trois seulement se sont effondrés lundi dernier. Les autres sections risquent toujours de s'écrouler. Une rue adjacente à la propriété a été fermée à la suite de l'effondrement, mais a été partiellement rouverte quelques jours plus tard, avec des dizaines de voitures, de motos et de piétons passant à proximité chaque minute. L'architecte ajoute qu'il a soumis un rapport au ministère expliquant que les sections restantes de la structure pourraient bientôt s'effondrer.

Les rues grouillent d'activité. et les piétons se faufilent sur les trottoirs, aux abords des ruines de l'immeuble qui s'est effondré lundi dernier dans le quartier historique, mais mal préservé, de Zahria, à Tripoli (Liban-Nord). La moitié de l'une des rues est délimitée par d'imposantes barrières de béton ornées de panneaux signalant « Danger d'effondrement ». Les...

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