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Monde - Vatican

Avant une messe géante à Marseille, le pape appelle à la solidarité avec les migrants

« Ceux qui risquent leur vie en mer n'envahissent pas, ils cherchent hospitalité », lance le souverain pontife.

Le Pape François rencontre le Président français Emmanuel Macron (à droite) au Palais du Pharo dans la ville portuaire du sud de Marseille le 23 septembre 2023. Photo ANDREAS SOLARO/AFP

Accueilli en rock-star, le pape François a conclu samedi par une messe géante au stade Vélodrome de Marseille une visite dans la deuxième ville de France largement dominée par la dénonciation du sort réservé aux migrants. « Bonjour Marseille, bonjour La France », a lancé le pape devant près de 60.000 fidèles, en présence du président Emmanuel Macron et de son épouse Brigitte, au milieu d'un dispositif de sécurité « hors norme ».

Sous un grand soleil, le chef de l'Eglise catholique a été acclamé en faisant en papamobile le tour de la pelouse de l'antre de l'OM, emblématique club de foot de la ville, accueilli par des « tifos » (messages dessinés par la foule), et notamment un immense « Merci ». Dans son homélie, il a dénoncé le « tragique rejet de la vie humaine, qui est aujourd'hui refusée à nombre de personnes qui émigrent », martelant une dernière fois ce message d'accueil des migrants qui a scandé son séjour de moins de 48 heures dans ce grand port de la Méditerranée, à l'histoire et à la population façonnées par les migrations.

Dans la matinée, il avait clôturé par un long discours les « Rencontres méditerranéennes » qui ont rassemblé pendant une semaine 70 évêques et jeunes du pourtour de cette mer marquée par la présence des trois grandes religions monothéistes. « Ceux qui risquent leur vie en mer n'envahissent pas, ils cherchent hospitalité », a-t-il lancé, estimant que ce processus doit être géré « avec une responsabilité européenne capable de faire face aux difficultés objectives ».

« Peur et indifférence »

Un écho à ses déclarations de vendredi, quand il avait fustigé dès son arrivée la « peur » et « l'indifférence » face au sort de ceux qui cherchent à traverser la Méditerranée, fuyant la guerre, ou cherchant un avenir meilleur face à la misère ou aux bouleversements climatiques. Des propos forts dans un contexte d'hostilité croissante en Europe envers les candidats à l'exil et alors même qu'une nouvelle vague d'arrivées sur l'île italienne de Lampedusa a mis à l'épreuve la solidarité de l'Union européenne.

Le pape s'exprimait devant de nombreux responsables français et des institutions européennes, dont le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui avait affirmé mardi que son pays n'accueillerait pas de migrants venus de Lampedusa, tandis que la droite et l'extrême droite fustigeaient une « submersion migratoire ». Le souverain pontife a aussi plaidé pour une « intégration » des migrants plutôt qu'une « assimilation », qui « compromet l'avenir » en « provoquant hostilité et intolérance ».

Après avoir loué vendredi ceux qui secourent les migrants en mer, lors d'une cérémonie à l'emblématique basilique Notre-Dame-de-la-Garde, il a reçu samedi en audience des responsables de l'ONG SOS Méditerranée, basée à Marseille, qui affrète un bateau de secours. En fin de matinée, le pape s'est entretenu pendant une demi-heure avec Emmanuel Macron, dont le gouvernement doit prochainement présenter une nouvelle loi sur l'immigration, où la question de la régularisation des travailleurs sans-papiers fait débat. Il s'agit de la quatrième rencontre entre les deux hommes, qui entretiennent des relations cordiales et se tutoient. Le pape a aussi évoqué indirectement la loi attendue en France sur la fin de vie, mettant en garde contre la « perspective faussement digne d'une mort douce ».

Calme et paix

Selon la présidence française, les deux hommes ont notamment évoqué ces deux sujets lors de leur entretien, avec « une vraie volonté conjointe de lutter » contre les passeurs « et d'apporter des solutions humaines ». Par contre, ils ne sont pas entrés dans le détail du texte sur la fin de vie, qui pourrait aller jusqu'à inclure une « aide active à mourir ».

Ce voyage, le premier d'un souverain pontife à Marseille en près de 500 ans, semble avoir suscité un engouement moins fort qu'attendu, notamment sur le parcours en papamobile en route pour la messe, où la foule semblait nettement moindre que les 100.000 personnes attendues, même si aucun chiffre officiel ne sera disponible. « Le pape me remplit de calme, de paix. Quand il parle, il me fait ressentir quelque chose d'énorme », témoignait Sandra Vélez, Colombienne de 53 ans installée en France, accompagnée par sa fille et son fils.

Ovationné par une foule debout, le pape a conclu la messe en la cathédrale du Vélodrome en appelant, en français, à lui apporter du soutien: « N'oubliez pas de prier pour moi, c'est un travail pas facile », a-t-il lancé, après avoir évoqué, en italien, les 86 victimes de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice. Le souverain pontife devait quitter immédiatement Marseille pour Rome, après un dernier bref entretien avec Emmanuel Macron à l'aéroport.

Accueilli en rock-star, le pape François a conclu samedi par une messe géante au stade Vélodrome de Marseille une visite dans la deuxième ville de France largement dominée par la dénonciation du sort réservé aux migrants. « Bonjour Marseille, bonjour La France », a lancé le pape devant près de 60.000 fidèles, en présence du président Emmanuel Macron et de son épouse...

commentaires (2)

La charité enevers les migrants est, certes, un devoir, mais il ne faut pas oublier que "charité bien ordonnée commence par soi-même". L'Etat est responsable, en premier lieu, du bien être de ses citoyens. Par ailleurs, il est étrange que, depuis plusieurs décennies que dure ce phénomène, on n'entende jamais parler d'une étude sur les causes et les remèdes possibles. Je suis sûr qu'une intervention (intelligente, il va de soi) dans les pays d'origine serait infiniment moins coûteuse pour les pays d'accueil.

Yves Prevost

07 h 19, le 25 septembre 2023

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Commentaires (2)

  • La charité enevers les migrants est, certes, un devoir, mais il ne faut pas oublier que "charité bien ordonnée commence par soi-même". L'Etat est responsable, en premier lieu, du bien être de ses citoyens. Par ailleurs, il est étrange que, depuis plusieurs décennies que dure ce phénomène, on n'entende jamais parler d'une étude sur les causes et les remèdes possibles. Je suis sûr qu'une intervention (intelligente, il va de soi) dans les pays d'origine serait infiniment moins coûteuse pour les pays d'accueil.

    Yves Prevost

    07 h 19, le 25 septembre 2023

  • Très belle messe je l’ai vu

    Eleni Caridopoulou

    20 h 35, le 23 septembre 2023

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