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Moyen-Orient - ÉCLAIRAGE

Benjamin Netanyahu coincé entre le deal saoudien et sa coalition

Le Premier ministre israélien est bloqué par ses partenaires, qui refusent toute concession palestinienne en échange d’une normalisation avec Riyad.

Benjamin Netanyahu coincé entre le deal saoudien et sa coalition

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (à gauche) discutant avec le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir. Photo d'archives AFP

Il est l’un des sujets les plus brûlants de la scène régionale ; la priorité de l’administration Biden au Moyen-Orient avant que la présidentielle de 2024 n’empiète sur l’agenda du leader démocrate ; tout comme celle du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Alors que la mobilisation massive des Israéliens contre la réforme de la justice menée par la coalition au pouvoir a largement écorné l’image du chef de gouvernement, ce dernier est sans aucun doute pressé d’apparaître comme l’homme qui a arraché l’établissement des relations diplomatiques entre son pays et l’Arabie saoudite, gardienne des deux villes saintes de l’islam, La Mecque et Médine. Mais le chemin pour y parvenir se heurte à un obstacle de taille : ses partenaires de coalition. 

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 « Netanyahu est dans l’impasse et il n’existe pas de stratégie de sortie facile : un accord avec l’Arabie saoudite contribuerait à garantir son héritage, mais entraînerait probablement l’effondrement de sa coalition, compte tenu de la nécessité d’aborder la question palestinienne, note Daniel Kurtzer, ancien ambassadeur américain en Israël. En décidant de privilégier la stabilité de la coalition au détriment d’un accord avec les Saoudiens, il manquerait ce qui pourrait être une occasion historique. »

« On s’en rapproche tous les jours »

Ces dernières semaines, plusieurs membres de la coalition au pouvoir en Israël – la plus à droite de l’histoire –ont fait savoir plus d’une fois qu’il n’y aurait aucune concession aux Palestiniens, arguant que cette question n’était aucunement liée aux contacts avec le royaume saoudien, qui en fait pourtant l’un de ses prérequis pour normaliser ses relations avec l’État hébreu. Des déclarations prononcées en ce sens au cours des derniers jours, notamment par l’ultranationaliste et suprémaciste juif Bezalel Smotrich, à la tête du portefeuille des Finances, et Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité intérieure et chef du parti d’extrême droite Force juive. « Certains partenaires de la coalition de Netanyahu, y compris de son propre parti, le Likoud, la quitteront si une percée saoudienne contient ne serait-ce qu’un petit élément palestinien », renchérit Ghaith al-Omari, chercheur au Washington Institute for Near East Policy. Deux heures avant la rencontre entre Joe Biden et Benjamin Netanyahu mercredi en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, une dizaine de députés du Likoud ont publié une lettre à l’intention du chef de l’exécutif, indiquant qu’ils bloqueraient tout effort de céder des terres aux Palestiniens en échange de la paix avec le royaume saoudien. Une référence à la liste de concessions demandées par l’Autorité palestinienne à Riyad, parmi lesquelles la modification du statut de certaines régions de Cisjordanie en zones B (où Israël exerce un contrôle sécuritaire) et C (contrôle israélien total), comme l’ont rapporté le 30 août dernier six sources américaines et israéliennes au fait du dossier, interrogées par Axios.

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Face à cette intransigeance, le site d’information saoudien Elaph a rapporté au cours du week-end dernier que Riyad suspendait les négociations avec Washington et Israël. Des allégations pourtant balayées d’un revers de la main par le prince héritier Mohammad ben Salmane (MBS) au cours d’un entretien exclusif avec Fox News diffusé dans la nuit de mercredi. « On s’en rapproche tous les jours », a ainsi rétorqué MBS au sujet de la normalisation.

Coalition gouvernementale alternative

Conscient que l’établissement de relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite signerait une victoire diplomatique de taille, le prix à payer pour Benjamin Netanyahu est néanmoins élevé. « La logique voudrait que Netanyahu aille de l’avant avec les Saoudiens, mais dans ce cas, cette logique pourrait le conduire en prison si son procès se poursuivait sans que la Knesset ne lui accorde une forme d’immunité », observe Daniel Kurtzer. Alors qu’un Premier ministre israélien en exercice peut être poursuivi par la justice, le chef du gouvernement est embourbé dans trois affaires de corruption, fraude et abus de confiance. Il a donc tout intérêt à ne pas se mettre à dos ses alliés, qui pourraient par exemple l’aider à supprimer du code pénal certains chefs d’accusation qui le visent.

Les options dont dispose Benjamin Netanyahu, confronté à un dilemme, semblent limitées. Dans ce contexte, Washington aurait alors suggéré une voie de sortie lors de la visite de l’ancien Premier ministre et chef de l’opposition Yaïr Lapid (centriste) auprès d’officiels américains début septembre. Selon le quotidien israélien Haaretz, les conseillers du président démocrate ont examiné à cette occasion la possibilité de créer une coalition gouvernementale alternative. D’autant que l’administration démocrate ainsi que l’Arabie saoudite préfèrent sans aucun doute conclure un accord de normalisation avec un gouvernement plus modéré. Depuis plusieurs mois, les sorties de la coalition israélienne au pouvoir n’ont fait qu’embarrasser les pays arabes signataires des accords d’Abraham et provoquer des tensions sans précédent avec Washington. Si le président démocrate et le Premier ministre israélien se sont rencontrés mercredi – pour la première fois depuis la prestation de serment de ce dernier à la tête du cabinet actuel –, le fait que cet échange n’ait pas eu lieu à l’occasion d’une visite officielle à la Maison-Blanche a fait office de sanction. Aux yeux de certains observateurs, la visite de Yaïr Lapid à Washington était moins liée à la volonté de favoriser tel ou tel opposant à Benjamin Netanyahu que d’« indiquer que l’administration Biden a un problème avec le gouvernement israélien actuel, mais pas avec Israël en tant que pays », estime Ghaith al-Omari.

Des législatives anticipées

Cette option présente en outre de nombreuses limites. « Le Premier ministre n’a pas grand-chose à offrir à ses partenaires potentiels pour qu’ils lui fassent confiance, suggère Daniel Kurtzer. La vraie question est de savoir si une coalition alternative pourrait être formée, étant donné le fossé qui sépare les points de vue de Gantz et Lapid, du Likoud et des partis ultraorthodoxes. » Rejetant la demande saoudienne d’assistance américaine pour développer un programme nucléaire civil – que le gouvernement israélien envisage d’accepter –, Yaïr Lapid a indiqué qu’il ne rejoindrait en aucun cas une coalition dirigée par Benjamin Netanyahu, ajoutant que le député centriste Benny Gantz agirait certainement de la même manière. « La révélation d’une telle manœuvre pourrait en outre entraîner l’effondrement de la coalition actuelle, ce qui conduirait à de nouvelles élections », ajoute l’ancien ambassadeur.

Mais les chances que Benjamin Netanyahu prenne le risque de convoquer un scrutin anticipé semblent faibles, à l’heure où les manifestations massives se poursuivent chaque semaine – à l’intérieur et à l’extérieur d’Israël – contre son chantier judiciaire. Selon une enquête d’opinion réalisée par Channel 12 au mois de juin, le Likoud de Benjamin Netanyahu obtiendrait 28 sièges, contre 32 actuellement, si des élections législatives venaient à être organisées aujourd’hui.

Il est l’un des sujets les plus brûlants de la scène régionale ; la priorité de l’administration Biden au Moyen-Orient avant que la présidentielle de 2024 n’empiète sur l’agenda du leader démocrate ; tout comme celle du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Alors que la mobilisation massive des Israéliens contre la réforme de la justice menée par la...

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Et si Trump était élu ? Que fera MBS? Le dilemme….

Eleni Caridopoulou

20 h 16, le 22 septembre 2023

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  • Et si Trump était élu ? Que fera MBS? Le dilemme….

    Eleni Caridopoulou

    20 h 16, le 22 septembre 2023

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