Offensive de l'Azerbaïdjan au Karabakh : Bakou appelle les Arméniens à capituler

Merci d'avoir suivi notre couverture en direct du lancement d'une offensive meurtrière de l'Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh. 

Pour tout comprendre sur le contexte et les enjeux de ces affrontements, retrouvez ici notre repère : Ce qu’il faut savoir sur l’escalade de violence au Haut-Karabakh

Emmanuel Macron condamne "avec la plus grande fermeté le recours à la force par l’Azerbaïdjan" au Haut-Karabakh, et appelle Bakou à "une cessation immédiate de l'offensive", déclare la présidence française dans un communiqué.

Lors d'un appel avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, le chef de l'Etat français a aussi exhorté "à une reprise sans délai des discussions pour trouver une solution à la crise humanitaire au Haut Karabakh, parvenir à une paix juste et durable entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et garantir les droits et la sécurité des habitants du Haut Karabakh, dans le respect des engagements pris et du droit international".

Le service de sécurité arménien met en garde contre le risque de "troubles généralisés" dans le pays, après des manifestations anti-gouvernementales dans la capitale arménienne et le déclenchement d'une offensive azerbaïdjanaise au Haut-Karabakh. "Il existe actuellement un vrai risque de troubles généralisés en Arménie", a prévenu le service, promettant des "mesures pour maintenir l'ordre constitutionnel" et demandant aux citoyens de "ne pas céder aux diverses provocations".

L'armée azerbaïdjanaise déclare avoir pris plus de 60 positions arméniennes lors de son offensive au Haut-Karabakh. "Plus de 60 positions de combat des forces (séparatistes, ndlr) arméniennes sont désormais sous le contrôle de nos forces armées", affirme un porte-parole du ministère de la Défense, Anar Eyvazov, lors d'une conférence de presse.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken appelle Bakou "à cesser immédiatement" son offensive. "Ces actions aggravent une situation humanitaire déjà difficile au Haut-Karabakh et sapent les perspectives de paix", affirme-t-il dans un communiqué, en soulignant que le recours à la force était "inacceptable" et appelant à "une cessation des hostilités".

L'inaction de la communauté internationale pour parvenir à un accord de paix durable au Haut-Karabakh est à l'origine de l'offensive militaire azerbaïdjanaise, déplorent les séparatistes arméniens de cette enclave. "L'agression militaire azerbaïdjanaise contre l'Artsakh (nom donné par les Arméniens au Karabakh, ndlr) est le résultat direct de l'échec de la communauté internationale à agir", fustige dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères des séparatistes arméniens.

L'opération militaire azerbaïdjanaise au Nagorny Karabakh a fait à ce stade 25 morts côté séparatiste arménien, dont deux civils, annoncent les autorités sécessionnistes de l'enclave. "Selon les informations reçues de la morgue de Stepanakert par le Bureau du défenseur des droits de l'Homme, à 20h00 (16H00 GMT), il y a 25 victimes de l'attaque terroriste de l'Azerbaïdjan, dont 2 civils", indique sur X (ex-Twitter) Gegham Stepanian, le défenseur des droits de la région séparatiste.

Des échauffourées ont éclaté à Erevan entre des policiers protégeant le siège du gouvernement arménien et des manifestants, selon des images des médias arméniens. Le cordon policier, qui a été ciblé par des jets de bouteilles, résistait dans la soirée à une foule de manifestants le pressant pour pénétrer dans le bâtiment. Plus tôt, des protestataires avaient appelé à la démission du Premier ministre Nikol Pachinian, lui reprochant de ne pas défendre le Nagorny Karabakh. 

(Photo Vahram Baghdasaryan/Photolure via REUTERS)

Les civils de six localités du Nagorny Karabakh ont été évacués à la suite du lancement de l'opération militaire d'envergure par l'Azerbaïdjan dans la région, annoncent les autorités séparatistes arméniennes. "La population civile de six localités de l'Artsakh (le nom donné par les Arméniens au Karabakh, ndlr) a été évacuée", déclare sur X (ex-Twitter) Gegham Stepanian, le défenseur des droits de la région séparatiste.

Des dizaines de manifestants arméniens se sont rassemblés devant l'ambassade de Russie à Erevan, dénonçant son inaction pour empêcher l'offensive armée azerbaïdjanaise au Haut-Karabakh. "Tout cela est la conséquence de la politique de la Russie, ils (les Russes) ne veulent pas défendre Artsakh" (le nom donné par les Arméniens au Karabakh, dit à l'AFP l'un des protestataires, sans vouloir être identifié. 

La Turquie qualifie de "nécessaire" l'opération militaire azerbaïdjanaise en cours au Haut-Karabakh, appelant toutefois Bakou et Erevan à revenir à la table des négociations.

"L'Azerbaïdjan a été contraint de prendre les mesures qu'il juge nécessaires sur son propre territoire souverain", indique le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué, exhortant en parallèle à la "poursuite du processus de négociations entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie".

La mission de maintien de la paix russe au Nagorny Karabakh appelle l'Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens à un cessez-le-feu "immédiat". "Le commandement du contingent russe de maintien de la paix appelle les parties au conflit à cesser immédiatement le feu, à prendre des mesures pour désamorcer la situation et à poursuivre le processus de négociation", indique le ministère russe de la Défense en commentant le travail des soldats de la paix russes déployés sur place.

Des manifestants réunis devant le siège du gouvernement arménien appellent à la démission du Premier ministre Nikol Pachinian, qui a dénoncé des appels à un "coup d'État" dans le pays, en pleine opération militaire azerbaïdjanaise au Haut-Karabakh.

Certains manifestants scandent: "Nikol, traître !", "Nikol, démission !" et "Artsakh ! Artsakh !" (le nom donné par les Arméniens au Haut-Karabakh), constate une journaliste de l'AFP. Face à plusieurs centaines de protestataires, la police a bouclé les entrées du bâtiment gouvernemental.

(Photo : Vahram Baghdasaryan/Photolure via REUTERS)

Les forces armées séparatistes arméniennes du Nagorny Karabakh font état de combats tout au long du front, affirmant que l'armée azerbaïdjanaise usait de son artillerie et de son aviation notamment. "Les combats se poursuivent sur toute la ligne de contact. Les forces armées azerbaïdjanaises recourent à des tirs d'artillerie et de roquettes, à des drones d'attaque, à l'aviation de combat", indique l'armée séparatiste sur X, l'ex-Twitter.

Les combats au Haut-Karabakh ont fait au moins 5 morts et 80 blessés, parmi lesquels 15 civils, selon un nouveau bilan publié mardi par les autorités séparatistes arméniennes de cette région disputée. Des "femmes, des personnes âgées et des enfants" comptent parmi les victimes.

(Photo : une frappe sur une ''position arménienne'' au Haut-Karabakh, d'après Bakou. AFP/Ministère de la Défense de l'Azerbaïdjan)

Le Karabakh dit que des combats sont en cours le long de "toute la ligne de contact" avec l'Azerbaïdjan.

L'Azerbaïdjan annonce un premier bilan d'un civil tué dans les affrontements au Haut-Karabakh. Un ingénieur en construction "est mort d'une blessure par éclats d'obus à la suite d'une attaque des forces armées arméniennes qui ont utilisé des armes de gros calibre, y compris des mortiers contre Choucha", une ville contrôlée par l'Azerbaïdjan, indique le Parquet azerbaïdjanais dans un communiqué.

La présidence azerbaïdjanaise appelle les forces séparatistes arméniennes du Haut-Karabakh à rendre les armes, y voyant la condition pour le début de négociations. "Les forces armées arméniennes illégales doivent hisser le drapeau blanc, rendre toutes les armes et le régime illégal doit se dissoudre. Autrement les opérations antiterroristes continueront jusqu'au bout", indique l'administration présidentielle azerbaïdjanaise qui assure être disposée, le cas échéant, à des pourparlers "avec les représentants de la population arménienne du Karabakh à Yevlakh", une ville azerbaïdjanaise.

L'Azerbaïdjan promet de respecter les "droits et la sécurité" des Arméniens du Haut-Karabakh.

"Les droits et la sécurité des civils d'origine arménienne au Karabakh seront respectés conformément à la Constitution et aux obligations internationales de l'Azerbaïdjan", déclare Hikmet Hajiev, un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev.

L'Azerbaïdjan annonce bloquer "temporairement" l'accès au réseau social TikTok, quelques heures après avoir lancé son opération militaire.

"L'accès à TikTok en Azerbaïdjan a été temporairement bloqué à partir du 19 septembre 2023", indique à l'AFP le ministère azerbaïdjanais du Développement digital, sans donner plus de précisions.

De la fumée au-dessus de collines surplombant Stepanakert, capitale de l'enclave du Haut-Karabakh, après des tirs d'artillerie. 

(Photo : Marut VANYAN / UGC / AFP) 

Les autorités du Nagorny Karabakh appellent l'Azerbaïdjan au cessez-le-feu et à des négociations, quelques heures après le lancement par Bakou d'une opération militaire.

"Artsakh (le nom que les Arméniens donnent au Karabakh, ndlr) appelle la partie azerbaïdjanaise à cesser le feu immédiatement et à s'asseoir à la table des négociations", indique sur X (ex-Twitter) le ministère des Affaires étrangères du territoire séparatiste.

#Artsakh side calls the #Azerbaijan’i side to immediately cease the fire and sit at the negotiating table to address the situation.

— MFA of Artsakh (@mfankr) September 19, 2023

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a évoqué au téléphone avec le président français Emmanuel Macron l'opération militaire lancée par l'Azerbaïdjan au Haut-Karabakh, appelant à la "désescalade". "La situation au Nagorny Karabakh après l'attaque de l'Azerbaïdjan a été discutée", indique sur Facebook la porte-parole de M. Pachinian, Nazeli Baghdasaryan. Selon elle, les deux dirigeants ont jugé "inadmissible" le "recours à la force" et estimé "nécessaire" une "désescalade" dans l'enclave.

M. Pachinian a également eu un entretien téléphonique avec le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, pour évoquer la situation au Haut-Karabakh. "Les deux parties ont souligné l'inadmissibilité du recours à la force et la nécessité d'utiliser les mécanismes internationaux de désescalade", indique Nazeli Baghdasaryan.

(Photo : Nikol Pachinian lors d'une interview à Erevan, en juillet 2023. Karen MINASYAN / AFP)

Les images du lancement de cette offensive par l'Azerbaïdjan au Haut-Karabakh

L'opération militaire dans l'enclave est "illégale, injustifiable, inacceptable", réagit Catherine Colonna, la ministre française des Affaires étrangères, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.

"Je voudrais souligner que nous tenons l'Azerbaïdjan responsable du sort des Arméniens du Haut-Karabakh", dit-elle à quelques journalistes, ajoutant que la France était en contact avec ses partenaires européens, son partenaire américain ainsi qu'avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Des habitants de Stepanakert fuyant les combats.

(Crédit: Artsakh Public TV/Handout via REUTERS)

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian dénonce des appels à "un coup d'État" dans son pays, après le lancement de l'offensive azerbaïdjanaise. "Nous ne devons pas permettre à certaines personnes, certaines forces de porter un coup à l'Etat arménien. Il y a déjà des appels venant de différents endroits à mener un coup d'État en Arménie", dit-il dans une adresse à la nation, alors que la télévision arménienne fait, elle, état de centaines de manifestants se rassemblant devant le siège du gouvernement arménien à Erevan.

Des partis d'opposition ont en outre appelé à un rassemblement à 19H00 locales (15H00 GMT).

L'opposition arménienne a tenté à plusieurs reprises depuis trois ans d'obtenir le départ de M. Pachinian du pouvoir, l'accusant d'être responsable de la défaite militaire arménienne lors de la guerre de l'automne 2020 au Haut-Karabakh. Après cette déroute, des manifestations avaient éclaté en Arménie, poussant finalement M. Pachinian à convoquer des élections anticipées. Le Premier ministre était lui-même arrivé au pouvoir à la suite d'un mouvement de protestation en 2018.

Bakou précise avoir informé la Russie et la Turquie de ses opérations dans l'enclave, assurant ne viser que des « cibles militaires légitimes » et non civiles. L'Azerbaïdjan affirme par ailleurs mettre en place des « couloirs humanitaires » pour évacuer les civils.

La diplomatie azerbaïdjanaise prévient que « le seul moyen de parvenir à la paix et à la stabilité » est « le retrait inconditionnel et total des forces armées arméniennes » du territoire et « la dissolution du prétendu régime » séparatiste.

Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères condamne l'opération. ''Aucun prétexte ne peut justifier une telle action unilatérale, qui menace des milliers de civils déjà affectés par des mois de blocus illégal et va à l’encontre des efforts déployés par la communauté internationale pour parvenir à un règlement négocié''.

''La France appelle l’Azerbaïdjan à cesser immédiatement son offensive et à revenir au respect du droit international. Elle tiendra l’Azerbaïdjan pour seul responsable du sort des populations civiles du Haut-Karabakh.''

Dans son communiqué, la France "demande la convocation d’urgence d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies."

#HautKarabagh | La France condamne avec la plus grande fermeté le lancement par l’Azerbaïdjan d’une opération militaire au Haut-Karabagh, avec l’utilisation d’armements lourds, y compris contre des zones habitées.

Communiqué ➡️ https://t.co/FZUji5WwU7 pic.twitter.com/V7BjLi0aGZ

— France Diplomatie???? (@francediplo) September 19, 2023

Le ministère de la Défense arménien assure « que l'Arménie n'(a) pas d'armée au Haut-Karabakh », sous-entendant donc que ses alliés séparatistes faisaient face à l'armée adverse. Les séparatistes affirment que la capitale du Haut-Karabakh, Stepanakert, et d'autres villes étaient ciblées par des « tirs intensifs », accusant l'Azerbaïdjan de mener « une opération militaire de grande envergure ».

La Russie a appelé Bakou et Erevan à « mettre fin à l'effusion de sang », a demandé aux deux parties de respecter les accords en vigueur et d'« éviter les provocations ».

Cette opération militaire lancée par l'Azerbaïdjan intervient trois ans après la dernière guerre ayant opposé Bakou à Erevan, durant un conflit de six semaines.

La diplomatie arménienne a dénoncé une « agression à grande échelle » à des fins de « nettoyage ethnique ». Elle a aussi jugé que la Russie, garant d'un cessez-le-feu datant de 2020 avec des forces de la paix sur le terrain, devait « stopper l'agression azerbaïdjanaise ».

Bakou a justifié cette opération militaire par la mort, la nuit précédente, de quatre policiers et deux civils azerbaïdjanais, dans l'explosion de mines sur le site d'un tunnel en construction entre Choucha et Fizouli, deux villes du Haut-Karabakh sous contrôle de l'Azerbaïdjan.

L'Azerbaïdjan a lancé ce jour une opération militaire au Haut-Karabakh, demandant le retrait « total et inconditionnel » de son adversaire arménien de ce territoire disputé.

Bonjour, et bienvenue sur notre couverture en direct des derniers développements au Haut-Karabakh, territoire contesté entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie.