Le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati a estimé lundi qu'« il ne serait pas logique, voire raisonnable, d’élire un président qui antagoniserait le Hezbollah », dans un long entretien accordé au quotidien français Le Figaro. Le Liban est sans président depuis le 31 octobre 2022, date de l'expiration du mandat de l'ex-chef de l'État Michel Aoun.
Le chef du cabinet sortant a également évoqué son déplacement à New York, où il se trouve actuellement pour représenter le Liban lors des réunions de la 78e session annuelle de l'Assemblée générale des Nations unies. Dans les colonnes du Figaro, il a également évoqué l'afflux de migrants au Liban, qui selon lui « bouleversent l’équilibre économique, démographique et confessionnel du pays » et a indiqué qu'il demandera à la communauté internationale de soutenir le Liban face à cette crise.
Ne pas s'immiscer dans la présidentielle, mais...
« Je n’ai pas l’intention de m’immiscer dans l’élection présidentielle, mais il ne serait pas logique, voire raisonnable, d’élire un président qui antagoniserait le Hezbollah », a lancé Nagib Mikati au Figaro. « Car il est l’un des principaux partis de la communauté chiite, qui représente presque un tiers de la population du pays », a-t-il poursuivi.
Le Hezbollah et le mouvement Amal du président du Parlement Nabih Berry soutiennent jusqu'à présent Sleiman Frangié, leader du mouvement Marada, pour la présidentielle. M. Berry a proposé fin août une initiative consistant à tenir des séances électorales ouvertes au Parlement à condition qu’elles soient précédées d’un dialogue élargi, qui réunirait les chefs des groupes parlementaires dans l’hémicycle pendant sept jours.
« Je demanderai aux puissances mondiales d’user de leur influence pour convaincre les différents courants libanais d’élire enfin un président », a également déclaré M. Mikati. « Le Liban a tous les moyens de sa résurrection, il ne tient qu’à sa classe politique de le permettre. L’État existe et pourrait parfaitement bien fonctionner : depuis le départ du président Aoun, j’ai signé pas moins de 1.400 décrets ! », a-t-il observé, lui qui se voit reprocher par ses détracteurs de s'arroger les prérogatives du président de la République en période de vacance, alors que son gouvernement n'est chargé que de l'expédition des affaires courantes. Le Liban est pour la première fois de son histoire dans une vacance totale de l'Exécutif, sans président et avec un gouvernement démissionnaire.
« Nous soutenir face à la crise migratoire »
À une question du Figaro sur ce qu'il compte demander à la communauté internationale à New York, Nagib Mikati a répondu : « Nous soutenir face à la crise migratoire. Nous hébergeons déjà plus d'un million de réfugiés syriens, et des centaines de migrants supplémentaires arrivent chaque jour au Liban et bouleversent l’équilibre économique, démographique et confessionnel du pays. »
« L’accueil des migrants au Liban, fourni par le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (l’UNHCR), a le défaut de constituer une incitation financière forte à l’immigration illégale, sans traiter le problème à la source. Il faudrait que l’UNHCR négocie directement avec les autorités syriennes », a-t-il également estimé. Par ailleurs, il a estimé que les Nations unies devraient aider le Liban « à délimiter une frontière terrestre claire » avec Israël, alors que Beyrouth et Tel Aviv sont toujours techniquement en état de guerre et que la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) est toujours présente au Liban-Sud depuis 1978.
Le chef du gouvernement sortant s'est également entretenu avec Antonió Guterres, secrétaire général de l'ONU. Dans un communiqué consulté par notre correspondante à New York Sylviane Zehil, l'ONU indique que M. Guterres « a souligné l'engagement continu des Nations unies à soutenir le peuple libanais. Le secrétaire général a exprimé sa gratitude pour la générosité du Liban dans l’accueil des réfugiés, tout en soulignant les efforts visant à trouver des solutions pour leur retour sûr et digne. »
Le texte se conclut ainsi : « Le secrétaire général et M. Mikati ont discuté de l'importance des résolutions 1559 (2004) et 1701 (2006) du Conseil de sécurité et de la contribution de la Finul au maintien de la stabilité ». Ces résolutions exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban.
Par ailleurs, selon plusieurs médias libanais, le groupe des Cinq (France, États-Unis, Arabie saoudite, Qatar, Égypte) s'est réuni mardi, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, pour discuter du dossier libanais, notamment de la présidentielle. Aucun communiqué n'a été publié à l'issue de la réunion.
Un clown triste ce Mikati, comme le Liban. Enfin pas si triste que ça avec ses millions, que dis-je ses milliards !
12 h 09, le 20 septembre 2023