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Campus - SANTÉ

L’ordre des infirmiers/ères au Liban se mobilise pour les jeunes du secteur

Depuis 2019, le nombre de professionnels ayant émigré s’est accentué. Avec un impact énorme sur les hôpitaux. Afin de changer la donne, l’ordre souhaite améliorer leurs conditions de travail.

L’ordre des infirmiers/ères au Liban se mobilise pour les jeunes du secteur

À l’Université Saint-Joseph (USJ). Photo : ordre des infirmiers et infirmières du Liban

Il n’y a pas de doute, la crise économique du pays pèse lourd sur le corps infirmier. Ces quatre dernières années, plus de 3 000 de ces soignants ont choisi de partir exercer leur profession à l’étranger, selon le nombre inscrit à l’ordre des infirmiers/ères au Liban (OIL). Une émigration qui s’est fait ressentir davantage dans les hôpitaux. « Pas mal d’unités de soins ont dû fermer, par manque de personnel infirmier. Il y a eu aussi une surcharge physique et émotionnelle sur ceux et celles qui sont restés, subissant ainsi stress ou dépression », déplore Rima Sassine Kazan, présidente de l’ordre. S’y ajoute également la migration interne, les salaires dans les régions étant plus bas qu’à Beyrouth. Cela y a créé une pénurie de la profession, les hôpitaux souffrant d’un manque croissant de personnel. Beaucoup de jeunes pensent aujourd’hui qu’étudier les sciences infirmières constitue un passeport vers l’étranger, un avenir meilleur. « Cela nous fait mal au cœur, parce que nous voulons garder nos diplômés. Et c’est pour cette raison que l’ordre a tiré la sonnette d’alarme », assure Rima Sassine Kazan, évoquant le besoin du pays d’une part, et celui d’améliorer les conditions de travail du corps infirmier, de l’autre. En contact continu avec les étudiants en sciences infirmières, les diplômés et les professionnels du domaine, l’OIL s’est fait non seulement le porte-parole de leurs inquiétudes et difficultés, mais œuvre aussi en faveur de la revendication de leurs droits. Il agit ainsi sur différents fronts, institutionnel, académique, ou tout simplement en étant au plus près des jeunes. L’ordre a d’ailleurs soumis une série de propositions à ses partenaires, le ministre sortant de la Santé et les directeurs des lieux de travail, dans le but d’assurer de meilleures conditions de travail au corps infirmier. Ce qui implique notamment de procurer aux

infirmiers/ères un environnement de travail sain. Subissant des actes de violence sur leur lieu de travail, ces derniers avaient exprimé le besoin de se sentir en sécurité. L’OIL a ainsi collaboré avec les ordres des professions de santé, ainsi qu’avec le ministre sortant de la Santé, pour élaborer une stratégie contre la violence qui a été diffusée au corps professionnel de la santé dans les hôpitaux. « On a insisté pour qu’il y ait des sanctions qui prohibent la violence », souligne Rima Sassine Kazan. Parmi les autres propositions faites par l’OIL, le réajustement des salaires et des horaires de travail. « Pour les diplômés, le défi, c’est le salaire, mais aussi les heures de travail. Alors que, partout ailleurs, le corps infirmier effectue 35 heures de travail par semaine, au Liban, les infirmiers/ères travaillent jusqu’à 42 heures par semaine », rappelle-t-elle. Dans le même état d’esprit, figurent également dans les propositions de l’ordre l’octroi d’aides universitaires et scolaires pour les enfants du corps infirmier, ou encore la reconnaissance de la valeur de la profession. « On souhaite que toutes les recommandations que l’ordre a proposées soient formulées en tant que contrat de travail qui sera respecté par les directeurs des lieux d’embauche », affirme la présidente de l’OIL.

Rima Sassine Kazan, présidente de l’ordre des infirmiers/ères au Liban. Photo François Photography

Développer les compétences des étudiants et des diplômés

Par ailleurs, l’OIL s’est toujours engagé dans l’accompagnement des jeunes, en jouant le rôle de mentors, ainsi que dans divers projets, comme ceux organisés par l’association étudiante créée au sein de l’ordre, la LNSA (Lebanese Nursing Student Association), qui regroupe les étudiants en sciences infirmières du Liban, nommés par leurs facultés. L’OIL oriente les jeunes du secteur, développe leurs compétences à travers des conférences, les implique dans ses projets et activités qui se déroulent sur tout le territoire libanais. Quant aux diplômés, pour que leurs compétences soient à jour, ils participent à des formations continues annuelles offertes par l’ordre. Sur le plan académique, collaborant avec le comité des doyens et directeurs des facultés en sciences infirmières, l’OIL a soumis des propositions au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, visant la qualité de l’enseignement, afin que chaque faculté réponde aux critères d’accréditation. Notons que malgré la crise et les défis de la profession infirmière, de plus en plus de jeunes choisissent la filière des sciences infirmières. Le nombre des admis est, en effet, beaucoup plus élevé qu’avant 2019, d’après Rima Sassine Kazan. « C’est une profession où l’on trouve facilement du travail, sur l’ensemble du territoire libanais. Et même certains l’ont choisie par conviction », explique-t-elle. La présidente de l’OIL rappelle également que cette profession a de l’avenir. « L’intelligence artificielle (IA) ne peut pas remplacer le côté humain qui est à préserver », alors que les

infirmiers/ères peuvent utiliser l’IA pour une meilleure qualité des soins. « C’est une formation complète, humaine et scientifique, qui se base sur des données probantes », estime-t-elle ainsi, décrivant le futur infirmier comme étant « créateur, visionnaire et possédant un rôle dans la promotion de la santé, auprès de la population, la famille et la communauté ».


 

Il n’y a pas de doute, la crise économique du pays pèse lourd sur le corps infirmier. Ces quatre dernières années, plus de 3 000 de ces soignants ont choisi de partir exercer leur profession à l’étranger, selon le nombre inscrit à l’ordre des infirmiers/ères au Liban (OIL). Une émigration qui s’est fait ressentir davantage dans les hôpitaux. « Pas mal...

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