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Culture - Spectacle

Hashem Hashem, « Ni tout à fait le même ni tout à fait un autre »

Dans le cadre de La Bâtie-Festival de Genève, la première pièce solo de Hashem Hashem est proposée jusqu’à jeudi soir au théâtre Les Amis avec une mise en scène de Patricia Nammour. Rencontre avec deux artistes sensibles qui interrogent les contours mouvants d’un moi connecté à la ville de Beyrouth.

Hashem Hashem, « Ni tout à fait le même ni tout à fait un autre »

Selon Hashem Hashem, la seule façon de parler de soi est de faire tomber les masques. Photo Noemie della Faille

Ni Tout à fait le même ni tout à fait un autre est une performance solo du poète et dramaturge Hashem Hashem qui a déjà été jouée au Liban en 2021 à Zoukak, Hammana et Mansion (Beyrouth), ainsi qu’à Bruxelles, en mars 2023. « Je suis rentré dans le monde du théâtre en écrivant de la poésie dès l’âge de 6 ans. En 2017, j’ai commencé à la réciter en public, et c’est ce qui m’a conduit à participer à des ateliers de théâtre dans le cadre de « L’Atelier du je » que proposait la comédienne libanaise Patricia Nammour. En 2020, je me suis lancé dans la rédaction de ma première pièce en arabe dans le cadre d’un programme du Goethe Institut de Beyrouth ; notre collaboration dramaturgique ultérieure est née naturellement », confie le jeune auteur, né en 1988, qui a fait des études de genre à Londres, tout en animant des nuits poétiques au Liban et à l’étranger, Bruxelles, Katmandou, Belfast, Mexico… En 2018, il a collaboré à la performance d’Alexandre Paulikevitch, The Last Distance.

Patricia Nammour a opté pour une mise en scène épurée. Photo DR

La trépidante Patricia Nammour est d’abord connue du public pour sa participation à la version libanaise d’Un gars, une fille à la télévision libanaise. « J’ai ensuite consacré beaucoup de temps à « L’Atelier du je », où nous travaillions avec des amateurs et des professionnels pour mettre en scène des histoires personnelles autour de la construction de l’individu, des injonctions sociétales et genrées… Depuis mon installation en Croatie, j’ai fondé une nouvelle association artistique, Udruga Play, afin de poursuivre une expérience théâtrale collective et internationale, envisagée comme un puissant moteur d’ancrage et de transformation collective », explique celle qui a récemment créé la pièce OSE (Orgasm System Error) avec Claire Deguernel.

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La collaboration de Nammour et Hashem Hashem est construite sur une relation de confiance. « Nos liens sont fluides, et il a su mener la transformation de son écriture de la poésie au théâtre avec intelligence et sensibilité en adaptant le ton, tout en gardant la richesse des images. Il est très charismatique sur scène par sa vérité et son humilité », constate la metteuse en scène. L’auteur met à nu les aspects les plus intimes de son être et une transformation de l’ordre de l’indicible. « Patricia a une capacité d’écoute qui lui permet d’appréhender, sur un plan à la fois conceptuel et humain, une expérience profonde et de l’incarner esthétiquement. Elle sait accueillir la vulnérabilité et la considère comme une valeur adjuvante », poursuit le comédien qui se dit honoré de participer à un festival pluridisciplinaire et international de renom. Ce dernier se déploie bien au-delà de la ville de Genève, avec un programme de plus de 240 spectacles.

« Incarner le texte sur la scène était un besoin personnel et politique »

Ni tout à fait le même ni tout à fait un autre est une performance autour d’une crise ontologique qui touche à la fois un homme et sa ville. « Alors que ma ville adorée, Beyrouth, était en proie aux explosions et à une crise globale très violente, j’ai ressenti ces bouleversements physiquement et souhaité explorer ces deux transitions de manière conjointe. Incarner le texte sur la scène était un besoin personnel et politique. Mon titre rappelle qu’en dépit de tous les changements que l’on peut opérer dans les comportements, les apparence, les lieux, on reste les mêmes, avec nos souvenirs, nos désirs, nos rêves… Malgré tout, Beyrouth a gardé son ancrage et ses émotions : le personnage d’Orlando de Virginia Woolf est déterminant dans ma performance, lui qui garde son essence tout au long de sa trajectoire », explique le comédien entre deux répétitions.

Patricia Nammour a opté pour une mise en scène épurée : la lumière d’une lampe, posée sur une table de nuit, accompagne les mots du comédien. « Le texte est tellement intense qu’on avait besoin de simplicité, et le propos est très visuel, c’était inutile d’ajouter du mouvement ou d’autres outils sur scène : ce qui compte, c’est le sentiment d’intimité », enchaîne la comédienne phare de la pièce Shakhta, shakhtein (2018), d’après le texte de Carlotta Clerici, Ce soir j’ovule. Selon Hashem Hashem, la seule façon de parler de soi est de faire tomber les masques. « Le théâtre a été essentiel pour me permettre d’aborder les transformations nécessaires de mon existence, et pour qu’une société soit plus saine, les mots de ses individus doivent être plus authentiques et pouvoir se dévoiler dans un cadre de respect et d’acceptation des différences. J’ai l’impression d’avoir eu plusieurs vies, peut-être que grandir au Liban a accentué cet aspect. Enfant, je naviguais entre des mondes très différents, je ressentais beaucoup de choses que je ne pouvais exprimer. J’avais compartimenté ce que j’étais, entre ce que je pouvais dire à la maison, à l’école ou dans ma tête, ce qui a fragmenté mon identité. Je souhaite le partager avec mon public, tout en insistant sur un effet de continuité malgré tout », précise celui dont la pièce sera ensuite proposée à Paris au Relais de Pantin, le 25 novembre prochain, puis au Centquatre, dans le cadre Singulier.es Festival, les 19 et 20 janvier 2024.

En parallèle, Hashem Hashem est en train d’écrire et de diriger une nouvelle pièce, The Sun Thief, dans le cadre d’un programme avec Zoukak, avec l’acteur Mehdi Chbat, et qui est prévue pour octobre, à Beyrouth. « Il s’agit d’une ville dystopique, où un homme tente de sauver son arbre chéri, alors que l’environnement urbain se craquelle de toutes parts », précise le dramaturge.

Patricia Nammour continue à proposer des ateliers de théâtre en France, au Liban et en Croatie, tout en travaillant actuellement sur une nouvelle pièce avec une danseuse croate, Martina Terzic. « Il s’agit d’un mélange de danse et de performance, dont le titre est Declare Love, où il est question des conflits que l’on vit en changeant de pays, en défendant nos droits à l’intérieur de nous… Les conditions de travail sont difficiles pour les artistes en Croatie, on n’a pas d’espaces de création, et ici aussi, on doit se battre ! » reconnaît la dramaturge à qui les défis ne font pas peur.

Le Festival de Genève propose également ce soir (mercredi 6 septembre), dans le cadre de « Toute la maison écrivait en moi », un texte de Valérie Cachard intitulé Les herbes folles, réalisé pour la Bibliothèque sonore de Julie Gilbert il y a deux ans. Jeudi 7 septembre, aura lieu le débat « Discussions matrimoine-fantômes-héritage » auquel participera l’auteure libanaise.

Ni Tout à fait le même ni tout à fait un autre est une performance solo du poète et dramaturge Hashem Hashem qui a déjà été jouée au Liban en 2021 à Zoukak, Hammana et Mansion (Beyrouth), ainsi qu’à Bruxelles, en mars 2023. « Je suis rentré dans le monde du théâtre en écrivant de la poésie dès l’âge de 6 ans. En 2017, j’ai commencé à la réciter en public, et...

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