Le chef de l’Église maronite Béchara Raï a indirectement encouragé les députés dimanche à participer au dialogue auquel le président du Parlement Nabih Berry a convié en vue d’élire un président de la République. Le patriarche avait pourtant critiqué l’appel au dialogue lancé il y a quelques semaines par l’émissaire spécial français, Jean-Yves Le Drian, dans le cadre d’une initiative française pour une sortie de crise.
Jeudi, Nabih Berry s’était engagé à tenir des séances électorales ouvertes au Parlement, à condition qu’elles soient précédées d’un dialogue élargi qui réunirait les chefs des groupes parlementaires à l’hémicycle pendant sept jours. Son initiative, qui a été saluée par le Hezbollah et le Courant patriotique libre, a été critiquée par l’opposition. « Si le dialogue auquel ils sont conviés a lieu malgré les tiraillements entre acceptation et refus, les députés doivent y participer sans préjugés ni volonté d’imposer leurs idées, projets ou points de vue qui excluent les autres », a plaidé Béchara Raï dans son homélie dominicale. « Il faut en second lieu mettre de côté les intérêts personnels et partisans, mais aussi respecter la Constitution et la considérer comme étant la seule voie à suivre. Il faut également être honnête, admettre les erreurs personnelles et chercher la vérité objective qui libère et unifie », a encore souligné le prélat. Un message qui semble adressé tant à l’opposition qui refuse le dialogue qu’au camp du Hezbollah qui essaie d’imposer son candidat et conditionne toute ouverture du Parlement à la tenue d’un tel dialogue.
Réagissant à l’appel de Mgr Raï, le député des Forces libanaises Ghayath Yazbeck a écrit sur X (ex-Twitter) : « Je suis désolé... nous n’avons pas compris, dans l’homélie d’aujourd’hui, votre appel aux députés à participer au dialogue parce que, dans votre précédente homélie, vous aviez dit : « Personne ne comprend pourquoi la séance électorale de juin a été ajournée en violation de l’article 49 de la Constitution, alors que le dialogue réel et efficace est le vote au Parlement pour élire un président. » »
Plusieurs figures politiques de l’opposition accusent Nabih Berry de violer la Constitution en appelant à un tel dialogue. En période de vacance à la présidence, la Constitution prévoit en effet que le Parlement se réunisse uniquement en tant que collège électoral jusqu’à l’élection d’un nouveau chef de l’État. Mais la Chambre a échoué à douze reprises à le faire et Nabih Berry estimait à chaque fois qu’il s’agissait d’un nouveau premier tour de vote, une interprétation considérée comme illégale par plusieurs experts.
Le dialogue Hezbollah-CPL
Par la voix de ses hauts responsables et députés, le Hezbollah a aussi appelé dimanche à soutenir l'initiative de Nabih Berry. Le cheikh Nabil Kaouk, membre du Conseil central du parti chiite, a estimé dimanche lors d'une cérémonie religieuse au Liban-Sud que l'appel au dialogue constitue « une véritable chance pour sortir de l'impasse », déplorant toutefois que le « groupe de défi et de confrontation ne veut pas de l'entente, ni du dialogue, ni même du sauvetage du pays ». Selon lui, « le Liban est face à deux projets : un qui favorise le sauvetage, un autre qui aggrave la situation ». « Le premier implique que la priorité soit accordée à l'arrêt de l'effondrement, au sauvetage du pays et à l'allégement de la souffrance liée aux conditions de vie. L'autre consiste à entraver toutes les solutions, à refuser le dialogue et à inciter à la sédition », a poursuivi le dignitaire chiite.
S'exprimant aussi au sujet de la présidentielle, le député Hassan Fadlallah a affirmé dimanche à Aïnata, dans le Sud, que « le dialogue avec le Courant patriotique libre se poursuit sérieusement afin de parvenir à des résultats, mais nécessite du temps ».
Les relations entre le parti pro-iranien et la formation aouniste étaient tendues au cours des derniers mois, notamment en raison de la présidentielle. Après avoir soutenu, avec l’opposition, la candidature de l’ancien ministre Jihad Azour, Gebran Bassil a rouvert les canaux de dialogue avec le Hezbollah, après des mois de froid sur fond de divergences autour du soutien de son allié chiite au chef des Marada, Sleiman Frangié, dans la bataille pour Baabda.
Enfin, le chef du groupe parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad a assuré dimanche, au cours d'une cérémonie partisane dans le village de Zebdine, que son parti avait « une alliance étroite (...) avec nos frères au sein du mouvement Amal afin que la présidentielle ait lieu et qu'un président qui ne poignarde pas la Résistance dans le dos soit élu ».
commentaires (17)
Vive Nasrallah Sfeir et paix à son âme!
Wow
22 h 38, le 04 septembre 2023