La sordide affaire de la petite Lynn Taleb suit son cours judiciaire. Jeudi, la juge d’instruction du Liban-Nord, Samaranda Nassar, a rendu un acte d’accusation incriminant l’oncle, la mère et les grands-parents maternels de la petite, décédée à l'âge de 6 ans le 29 juin dernier des suites d’un viol. La juge Nassar a ainsi accusé l'oncle de la fillette, Nader Bou Khalil (35 ans), d’être l’auteur de ce viol, et d’avoir commis un homicide intentionnel, selon l'acte d'accusation dont L'Orient-Le Jour a consulté une copie. La mère, Waad (36 ans), la grand-mère, Hayate el-Rezz (53 ans), et le grand-père de l’enfant, Fawaz Bou Khalil (61 ans), sont également accusés d'homicide intentionnel.
Concernant le viol, la magistrate s’est fondée sur les articles 503 et 504 du Code pénal, qui punissent d’une peine minimale de 5 ans quiconque aura forcé une personne à des rapports sexuels par les menaces ou les violences, notamment si cette personne était « hors d’état de résister en raison d’une insuffisance physique ou psychique ».
Quant à l’homicide intentionnel, l’article 549 du Code pénal punit de mort l’auteur et les complices de ce crime, notamment lorsqu’il est commis avec préméditation sur un descendant des coupables, et accompagné de « sévices et (d’) actes cruels ».
Bains d'eau salée et sourates du Coran
L'histoire de cette fillette de parents divorcés, dont le décès est survenu lors d'un séjour chez ses grands parents maternels à Minié, dans le nord du Liban, a suscité beaucoup d'émoi à travers le pays.
L'acte d'accusation revient sur certains détails du calvaire de la petite, du viol commis par son oncle jusqu'à son décès. Selon le texte, la petite Lynn refusait catégoriquement de passer aux toilettes pendant les cinq derniers jours qui ont précédé sa mort, ce qui laisse penser qu'elle a pu être violée aux toilettes. Elle avait également arrêté de boire et de manger et vomissait sans arrêt. La petite avait développé des comportements hystériques et refusait d'être approchée par les hommes, y compris les médecins qui ont tenté de l'ausculter.
Pour tenter de masquer le viol, la mère et la grand-mère de la fillette l'ont forcée à prendre des bains d'eau salée, ce qui a aggravé son cas et augmenté sa douleur. La famille, qui refusait d'hospitaliser Lynn, l'a même emmenée chez un cheikh pour que ce dernier lui récite des sourates du Coran, dans le but de la guérir. La famille maternelle a également tenté de semer la confusion parmi les enquêteurs en lavant les vêtements portés par la petite lors du viol.
Deux médecins légistes mandatés par les autorités et cités dans l'acte d'accusation ont confirmé pour leur part que la fillette avait succombé à une hémorragie due au viol. Elle avait développé une infection et une forte anémie qui ont conduit à sa mort.
Indifférence lourde
Des sources judiciaires haut placées bien informées sur le déroulement des interrogatoires avaient révélé début août à L'OLJ que les audiences de la famille maternelle s'étaient déroulées dans un climat d'indifférence lourde. La mère, elle, ne semblait nullement secouée par les détails évoqués, malgré leur gravité, selon une des sources judiciaires interrogées.
La famille avait continué à nier les faits, malgré la découverte de traces de l'ADN de l'oncle sur les habits de la fillette. Ce dernier avait nié avoir violé Lynn et racontait qu'elle l'aimait bien parce qu'il lui achetait des confiseries.
La source avait alors révélé que le viol aurait été commis alors que l'oncle maternel et Lynn étaient seuls au domicile du premier, situé dans le même immeuble que celui des grands parents. L'épouse de l'oncle, qui venait tout juste d'accoucher se trouvait chez ses beaux-parents, les grands-parents de Lynn, afin qu'ils l'aident avec le nourrisson.
UN EST LE CRIMINEL. LES AUTRES COUVRENT LE CRIME POUR LE PROTEGER. UN DOIT ETRE JUGE A VIE SANS PAROLE. LES AUTRES DES PEINES STRICTES POUR LEUR COUVERTURE.
12 h 59, le 01 septembre 2023