Rechercher
Rechercher

Politique - Reportage

Le « musée du Jihad » ouvre ses portes à Baalbeck

À Baalbeck, le Hezbollah a ouvert samedi dernier un deuxième lieu commémoratif pour célébrer son engagement en Syrie. 

Le « musée du Jihad » ouvre ses portes à Baalbeck

Un drapeau du Hezbollah avec des portraits de figures-clés du parti qui ont été tués dans le « musée du Jihad » de Baalbeck. Photo João Sousa

Une nouvelle attraction touristique s’est invitée sur les hauteurs de Baalbeck. À quelques centaines de mètres à vol d’oiseau du temple de Bacchus, un musée pas comme les autres a ouvert ses portes : le « musée du Jihad » du Hezbollah. Le lieu se veut symbolique, puisque c’est dans cette ville de la Békaa que le groupe armé a vu le jour en 1982, et c’est sur cette colline même que les premières manœuvres militaires du parti ont débuté.

Inauguré samedi dernier, l’édifice commémore la « seconde libération » du Liban, annoncée par Hassan Nasrallah, le secrétaire général du parti, lors de l'évacuation des derniers miliciens du groupe État islamique (EI) encore présents sur le territoire, dans le cadre d'un accord controversé qu’il avait chapeauté. « C’est notre histoire, notre courage. Désormais, la seconde libération est mise en avant… Nous attendions ce musée depuis bien longtemps », se réjouit Ahlam, qui vit à Baalbeck et espère que ses six enfants suivront le même « chemin » que leur père, combattant au sein de la milice.

Lire aussi

Comment la guerre syrienne a transformé le Hezbollah

Le nouveau musée n’a pas encore l’envergure de celui de Mlita avec ses bunkers et ses souterrains, ou ses vidéos de propagande diffusées en boucle dans une salle de projection. Celui-là, situé au cœur du Liban-Sud, avait été inauguré dix ans après le retrait israélien en mai 2000. Dès l’entrée, une banderole installée sur une barricade avec le portrait du « sayyed » souhaite la bienvenue. Des canons bordent la route qui mène vers l’une des artères principales du lieu. Dans un fortin bardé d’un filet camouflage, la « frise chronologique de la mémoire de la Résistance » accueille les visiteurs, tout comme les portraits de « martyrs » et de personnages-clés, à l’instar de Imad Moughniyé – ancien chef des opérations militaires du Hezbollah assassiné en 2008, à Damas.


Des visiteurs découvrent une « frise chronologique de la mémoire de la Résistance » dans le nouveau musée du Hezbollah. Photo João Sousa

À l'instar de la vidéo de Mlita, la frise glorifie la « Résistance » en revenant sur la fondation du parti, ses différents attentats-suicides, mais aussi sur la libération du Sud, et la « grande victoire divine » (contre Israël) de 2006. Avec toutefois une mise à jour : l'intervention militaire en Syrie qui a débuté en 2013 pour soutenir le régime Assad et assurer la voie terrestre le liant à l’Iran. Ici, l’engagement militaire est glorifié et présentée comme une « guerre orchestrée par les américains et les sionistes pour faire plier la résistance », raconte le guide. « L’histoire du Liban indépendant a commencé avec la fondation du Hezbollah…C’est grâce au sayyed et à la résistance que je peux dire que je suis libanaise », va jusqu’à lâcher Mirvat, tout émue, après avoir fait la visite.

« Le butin de guerre »

À l'extérieur, le musée a des airs de camp militaire. Chars, blindés, missiles, défense antiaérienne, drones kamikazes, voitures tout-terrain… La centaine de véhicules et pièces militaires exposés sont des « butins » obtenus en partie lors de l'occupation israélienne, puis lors de leur intervention militaire en Syrie. « Nous avons pris certaines armes aux mains des « takfiris », et d’autres ont été offerts par le régime de Damas », raconte Haj Hamzi, l’un des nombreux anciens combattants reconvertis en guides touristiques. « Nous les avons fait venir en une nuit… nous pouvons les sortir aussi rapidement si besoin », se vante-t-il avant de dévoiler son engin préféré. Le « Sam 6 », un système d'arme antiaérien équipé de missiles sol-air. « Nous avons bien mieux, ici l’on ne montre que les vestiges », fanfaronne Djibril, son acolyte, à l’heure où une large partie de l’opinion publique appelle au retrait des armes du parti chiite, suite à l’épisode d’affrontement à Kahalé, le 9 août courant.

Lire aussi

Dans l’arène de Aaramta, un show tout en muscles du Hezbollah

Mais plutôt qu’une provocation volontaire à l’égard de ces derniers, ce nouvel étalage de la puissance de feu du parti relèverait d’une stratégie « culturelle » plus large du Hezbollah, selon certains analystes. «Il s’agit de réécrire l’histoire des chiites libanais », explique Mohannad Hage Ali, chercheur au Carnegie Middle East Center. « Les musées sont là pour présenter l'histoire commune d’une nation. Alors que le Liban est à peine capable de préserver le musée national, l'organisation étend son réseau axé sur sa double identité interconnectée, la résistance et l'islam khomeyniste », poursuit-il.

Le nouveau musée du Hezbollah, où l'artillerie militaire est exposée. Photo João Sousa

Avec l’accord officel des autorités ? « Lorsque la résistance a été fondée, nous n’avons demandé l’autorisation de personne », répond Haj Hamzi, en riant. Contacté, le ministre du Tourisme a expliqué que ce lieu relève de la prérogative du ministère de la Culture car « c’est un musée ». Une affirmation contestée auprès de L’OLJ par son collègue concerné, Mohammad Mortada, proche du tandem chiite, qui lui renvoie à son tour la balle, au prétexte qu’il s’agit d’« une exposition, car il ne s’agit pas de ruines mais d’armes ». Avant d'ajouter, à propos de l'appellation employée par son allié politique : « Nous allons leur demander d’utiliser le terme d’exposition… ». 

Une nouvelle attraction touristique s’est invitée sur les hauteurs de Baalbeck. À quelques centaines de mètres à vol d’oiseau du temple de Bacchus, un musée pas comme les autres a ouvert ses portes : le « musée du Jihad » du Hezbollah. Le lieu se veut symbolique, puisque c’est dans cette ville de la Békaa que le groupe armé a vu le jour en 1982, et c’est sur cette...

commentaires (15)

Was this music built on public land or private land? The Lebanese people should demand that Hezbollah and Iran compensate us for the loss of lives, the handicapped, victims of Hezbollah's wars in Lebanon, Syria, and faraway lands, for the destruction from these wars notably in summer 2006, May 7, 2008, the victims of extrajudicial violence perpetrated by their armed militia against politicians, journalists, activists, and civilans, and for the losses in economic activity and investments, estimated in $billions. Hezbollah and Iran have caused more damage to the Lebanese people and society than Israel and Syria combined. Hezbollah leaders must be prosecuted for their many crimes.

Mireille Kang

05 h 43, le 01 septembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (15)

  • Was this music built on public land or private land? The Lebanese people should demand that Hezbollah and Iran compensate us for the loss of lives, the handicapped, victims of Hezbollah's wars in Lebanon, Syria, and faraway lands, for the destruction from these wars notably in summer 2006, May 7, 2008, the victims of extrajudicial violence perpetrated by their armed militia against politicians, journalists, activists, and civilans, and for the losses in economic activity and investments, estimated in $billions. Hezbollah and Iran have caused more damage to the Lebanese people and society than Israel and Syria combined. Hezbollah leaders must be prosecuted for their many crimes.

    Mireille Kang

    05 h 43, le 01 septembre 2023

  • Le Liban l'a rêvé...Le Hezb l'a fait Enfin un musée dévolu à l'avenir de nos jeunes, tous martyrs sinon rien . On respire! Merci à l'OLJ de nous relayer cette bonne nouvelle. Vous Pouvez à présent m'indiquer un antidépresseur longue durée et une pharmacie de garde? C'est urgent.

    stop béton

    23 h 50, le 31 août 2023

  • Chere Mme Mirvat. Et avant votre visite historique a cette exposition, vous vous sentiez quoi? Martienne?

    Mago1

    18 h 04, le 31 août 2023

  • En plein coeur de Baalbak, c'est une insulte aux valeurs et à l'histoire de notre pays. Une véritable provocation. Quand la Loi et le Droit seront de retour au Liban - s'ils nous font l'honneur de nous rendre un jour cette agréable visite - c'est sans aucun doute l'un de ces hauts symboles de la présence iranienne sur notre territoire que nous balaierons d'un revers de main. Le barbu au gros index a beau tout tenter pour nous prouver le contraire, les soit disant martyrs n'ont et ne feront jamais partie de notre ADN, tout comme les cultures d'importation au rabais. Triste fin que de terminer sa vie sur une affiche jaune/vert/noir délavée par le soleil et gonflée par la pluie.

    Ca va mieux en le disant

    16 h 22, le 31 août 2023

  • Il n'y a pas lieu d'être fier, tout n'est que mort avec lui, vive la vie !

    Brunet Odile

    15 h 58, le 31 août 2023

  • Après la promotion de l'Abaya, l'apologie du Jihad ! L'Orient-Le-Jour va bientôt diffuser directement les communiqués de presse du parti... Bienvenue au LIRAN !

    Georges Lebon

    12 h 58, le 31 août 2023

  • Prière lire « appartenaient ces terres sur lesquelles » merci

    Sissi zayyat

    10 h 15, le 31 août 2023

  • Il faut ignorer ce type de provocation et ne pas lui offrir de couverture, pour que ça reste confiné aux quelques illuminés qui témoignent dans l'article.

    IBN KHALDOUN

    09 h 58, le 31 août 2023

  • Ils auraient pu l'installer à Baabda ...

    Zeidan

    09 h 58, le 31 août 2023

  • Au lieu de nous garder la paix ils feraient mieux de nous la foutre…

    Gros Gnon

    09 h 48, le 31 août 2023

  • Quelle prouesse. Cet article ne nous dit pas à qui appartenait ces terres sur lesquels le HB édifié des musées et des mausolées? Comment a t-il pu avoir autant de surface aussi bien dans la banlieue sud qu’à la Békaa? Sinon je trouve qu’il manque une photo sur les murs des martyrs qu’on aimerait bien voir pour enfin croire que cette résistance a servi à quelque chose. Suivez mon regard. Ces familles qui sont fiers de sacrifier leurs enfants pour avoir leurs photos sur les murs et sur les routes de l’enfer devraient accepter le fait qu’ils sont morts pour rien et par leur faute. La libération du Liban ne s’est pas faite grâce à leurs armes ni leur sang, c’était suite à un cessez le feu imposé après une guerre provoquée sur ordre donne par l’Iran, donc inutile, qui a détruit notre pays et arraché la vie à leurs chérubins. Sinon, pourquoi le HB continue t-il à dire qu’il veut libérer notre pays s’il est déjà libre? Quant à l’état libanais qui permet ce genre de foire. Quelle mascarade!

    Sissi zayyat

    09 h 33, le 31 août 2023

  • Beaucoup d'émotion de voir le Hezbollah fonder de plus en plus d'institutions qui annoncent à quoi va ressembler le Liban. Ils ont tout à fait raison de le faire puisque je le répète la majorité du peuple libanais est derrière eux. En plus avec un titre pareil, je suis certain que toutes les minorités du pays vont s'y retrouver. J'espère que la diaspora va se déplacer en masse voir cette exposition sur la grandeur de leur nation

    Georges Olivier

    09 h 32, le 31 août 2023

  • La véritable libération du Liban sera lorsque les forces du mal de l’axe iranien syrien nous foutront la paix

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 36, le 31 août 2023

  • Je serai fier de mon pays et du Hezb le jour où on nous présente des œuvres peintes, représentant le pays, ses traditions et l'amour de ses citoyens. Assez de martyrs, il y en a plein les cimetières, et assez de bravoure qui entraîne la mort et la destruction sans aucun gain tangible. Mettez vous plutôt au travail car les armes n'ont jamais fabriqué des héros (plutôt des zéros).

    Citoyen

    23 h 10, le 30 août 2023

  • Oui il est glorieux le jihad pour Bachar. Les co-jihadistes de l’autre côté de l’anti-Liban accomplissent même leurs bonnes actions aux cris de “il n’y a de dieu que Bachar”.

    Citoyen libanais

    22 h 09, le 30 août 2023

Retour en haut