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Monde - Trois questions

La mort du chef de Wagner "serait un signal pour les autres"

Anna Borshchevskaya, chercheuse au Washington Institute, répond aux questions de L'Orient-Le Jour sur l'avenir du groupe que dirigeait Evguéni Prigojine.

La mort du chef de Wagner

Le chef de Wagner, Evguéni Prigojine, quittant le quartier général du district militaire du Sud après le retrait du groupe de la ville de Rostov-sur-le-Don, en Russie, le 24 juin 2023. REUTERS/Alexander Ermochenko

Peu après 18h (heure de Moscou), un avion privé s’est écrasé mercredi dans la région de Tver en Russie, tuant ses dix occupants. On suppose que le patron du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine faisait partie des morts. Le chef mercenaire de 62 ans entretenait des liens étroits avec le président russe Vladimir Poutine avant que les relations entre eux ne se détériorent en juin 2023. En effet, au début de l’été, Evguéni Prigojine avait dirigé une mutinerie éclair contre le commandement militaire russe provoquant la colère du président russe qui l'avait alors traité de traître.

"Poutine ne pardonne à personne", a réagi un conseiller à la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, en commentant le crash et sous-entendant que M. Prigojine a pu être éliminé par le Kremlin. Le président américain Joe Biden s'est lui dit "nullement surpris" de la mort du patron de Wagner. La disparition d’Evguéni Prigojine intervient deux mois jour pour jour après sa rebellion et débarrasse le président russe d'une menace sans égal pour le leadership russe.

Cette situation soulève également de nombreuses questions quant à l’avenir du groupe paramilitaire, qui compte des milliers de combattants et opère dans plusieurs pays. Anna Borshchevskaya, spécialiste de la politique russe au Moyen-Orient et chercheuse au Washington Institute, répond aux questions de L'Orient-Le Jour.

1- Quelles conséquences aura la mort d'Evguéni Prigojine pour Wagner ? Qui prendra la tête du groupe ?

On ne sait pas encore qui pourrait remplacer Prigojine. Il semble que l'homme ait été un micro-manager, mais qu'il ait aussi su gagner la loyauté du noyau dur du groupe Wagner. S'il est donc possible que le groupe ne puisse pas poursuivre ses activités, au moins à court terme, cela pourrait être un coup dur pour lui. Mais cela ne signifie pas qu'avec plus de temps, le Kremlin ne trouvera pas quelqu'un d'autre.

2- Quelles répercussions aura la mort d'Evguéni Prigojine sur les théâtres d'operations de Wagner, notamment au Moyen-Orient ?

Il est difficile d'imaginer que Wagner se retire simplement. En Syrie, le groupe dépendait du ministère russe de la Défense, en particulier pour le transport d'équipements lourds. Il avait toujours besoin du ministère de la Défense d'un point de vue logistique. La question est de savoir si leur travail sera moins bien organisé, s'il sera moins efficace, etc.

3- Evguéni Prigojine avait été à l'origine en juin d'une rébellion dirigée contre l'état-major russe. Que signifie sa mort pour le pouvoir militaire voire politique en Russie ?

Dès le départ, il était surprenant que Poutine ait laissé vivre Prigojine après qu'il a mené une tentative de rébellion. C'est tout à fait inhabituel dans un pays comme la Russie. Il y a deux raisons possibles pour lesquelles Prigojine est resté en vie : il n'a pas critiqué directement Poutine et il a dû être indispensable pour remplir une fonction essentielle que personne d'autre ne pouvait assurer. Il est possible que Poutine n'ait pas pu remplacer Wagner par un autre chef tout aussi efficace, qui aurait pu obtenir la loyauté du groupe. Le fait qu'il soit mort serait un signal pour les autres qu'ils ne peuvent pas faire un coup comme celui de Prigojine et être autorisés à s'en tirer. Le fait est que Poutine a créé un système de loyauté, où celle-ci l'emporte sur la compétence, et qu'il a aussi traditionnellement monté les acteurs en conflit les uns contre les autres afin de se maintenir au sommet de la pyramide du pouvoir. La tentative de rébellion de Prigojine a mis en lumière la faiblesse d'un tel système. Mais si Prigojine a été tué, cela enverra un signal aux autres pour qu'ils réfléchissent à deux fois avant de tenter une autre rébellion.

Peu après 18h (heure de Moscou), un avion privé s’est écrasé mercredi dans la région de Tver en Russie, tuant ses dix occupants. On suppose que le patron du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine faisait partie des morts. Le chef mercenaire de 62 ans entretenait des liens étroits avec le président russe Vladimir Poutine avant que les relations entre eux ne se...

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