La séance du Parlement libanais, qui avait été convoqué à une réunion législative à 11h afin de se pencher, entre autres, sur une loi pour le contrôle des capitaux, a été reportée jeudi faute de quorum, plusieurs députés, notamment des partis chrétiens, ayant boycotté la session.
Ces formations s'opposent à toute réunion du Parlement consacrée au vote de lois, en l'absence d'un président de la République. Ils rappellent que la Constitution prévoit que la Chambre se réunisse uniquement en tant que collège électoral pour élire un nouveau chef de l'Etat.
Vers 11h15, les députés qui se sont présentés à l'Hémicycle ont quitté les lieux après que le défaut de quorum a été constaté, rapporte l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). Seuls 53 députés sur 128 ont répondu présents, selon un communiqué du bureau de presse du chef du législatif, Nabih Berry.
Aucune nouvelle date pour une séance législative n'a été fixée pour le moment.
Le Liban est sans président depuis le 31 octobre 2022, date de fin du mandat de Michel Aoun. Le Parlement s'est depuis réuni douze fois, sans pouvoir élire un nouveau chef de l'Etat, faute d'un accord politique élargi comme il est de coutume.
Les députés étaient appelés à se pencher jeudi sur plusieurs lois, notamment une sur le contrôle des capitaux, ainsi que sur la création d'un fonds souverain.
Les Forces libanaises de Samir Geagea, le Courant patriotique libre de Gebran Bassil, les Kataëb de Samy Gemayel, ainsi que plusieurs députés indépendants, avaient annoncé leur refus d'assister à cette séance.
Une rencontre a neanmoins eu lieu au Parlement avant 11h entre le chef du Législatif Nabih Berry et le Premier ministre sortant Nagib Mikati, rapporte l'ANI.
"Urgence"
Selon des propos rapportés par l'ANI, M. Mikati a critiqué après sa rencontre avec Nabih Berry ceux qui "disent qu'ils ne viendront au Parlement que pour légiférer dans les cas d'urgence. Y a-t-il une plus grande urgence que les projets inscrits à l'ordre du jour de la séance d'aujourd'hui ?". Ces reproches semblent viser le CPL qui ne participe que dans certains cas aux séances parlementaires.
"De nombreux textes de lois sont actuellement au Parlement concernant le plan de redressement et la restructuration des banques (...). Si le Parlement ne se réunit pas pour les adopter dans un court laps de temps, le pays ne pourra pas atteindre la stabilité économique", a prévenu le Premier ministre sortant.
Le député CPL Ibrahim Kanaan, président de la Commission des Finances et du Budget, a pour sa part critiqué "ceux qui veulent hâter l'adoption" d'un fonds souverain. Il a rappelé qu'un premier texte avait déjà fait son chemin au Parlement dès 2017.
Les banques imposent des restrictions illégales à leurs clients depuis le début de la crise économique au Liban en 2019, limitant les retraits et les transferts. Face à cette situation, les appels se sont multipliés pour une réglementation de ces restrictions à travers l'adoption d'une loi sur le contrôle des capitaux.
Un texte avait été adopté en janvier en commissions parlementaires mais devaient encore être voté en séance plénière.
Manifestations de déposants
Parallèlement à la séance parlementaire prévue, des dizaines de manifestants se sont rassemblés près de l'Hémicycle, à l'appel du collectifs "Le cri des déposants". Ils entendaient bloquer l'arrivée des parlementaires à la Chambre.
Ces derniers mois, le pays a connu une vague de braquages au cours desquels des déposants, parfois armés, ont fait irruption dans des agences bancaires pour réclamer leurs propres fonds.
La solution est simple. Application de la Constitution à la lettre, n'est-ce-pas Monsieur Berri ?
17 h 47, le 17 août 2023