Le ministre sortant de la Culture, Mohammad Mortada, et le député des Forces du changement, Marc Daou, se sont livrés à un débat houleux au cours du week-end écoulé sur une proposition de loi signée en juillet par neuf députés, dont M. Daou, visant à abroger l'article du code pénal qui criminalise ce qui est qualifié de "relations contre nature", en allusion aux relations entre personnes de même sexe. Le débat a également porté sur la demande du ministre de la Culture d'interdire le film "Barbie" au Liban.
Samedi, M. Mortada, un proche du Hezbollah et d'Amal, avait évoqué deux articles de la Constitution libanaise pour justifier sa position contre ce qu'il a appelé la "perversion sexuelle", et a indiqué que l'islam et le christianisme "condamnent l'homosexualité".
Le pape François a déclaré à plusieurs reprises que l'homosexualité n'était pas un crime.
"Les articles 9 et 10 de la Constitution imposent à l'Etat le respect des valeurs religieuses et l'interdiction de tout enseignement contraire à ces valeurs morales. Le christianisme et l'islam condamnent la perversion sexuelle qui va à l'encontre du Créateur et appellent à s'opposer à ces phénomènes qui ont un impact désastreux sur la société", a écrit le ministre dans une publication sur X (anciennement Twitter). M. Mortada a joint à son message une photo de la proposition de loi signée par les députés.
المادتان ٩ و ١٠ من الدستور تفرضان على الدولة تأدية فروض الاجلال لله تعالى وإحترام التعاليم الدينية ومنع أيّ تعليمٍ يناقض القيم الأخلاقية المنبثقة عنها.
— القاضي محمد وسام المرتضى وزير الثقافة (@JugeMMourtada) August 12, 2023
المسيحية والإسلام، ينبذان الشذوذ الجنسي المخالف ل"نظام الخالق" ويدعوان إلى مواجهة هذه الظواهر لأثرها الكارثي على المجتمع. pic.twitter.com/9D3C1Uit9e
"Nous espérons que les députés qui ont signé cette proposition de loi retireront leur signature (...)", a ajouté le ministre sur X. "Ceux qui veulent imposer leur vision +libérale+ à la population libanaise devront changer nos croyances en tant que musulmans et chrétiens et modifier notre Constitution (...). S'ils y parviennent, ce qui ne sera pas le cas, nous les aiderons à regarder tous les films qu'ils veulent et à rédiger toutes les lois qu'ils souhaitent pour permettre la perversité", a-t-il ajouté.
M. Daou a réagi samedi aux messages du ministre sur X, déclarant qu'il sagissait d'une "insulte à la culture que cette fonction [de ministre de la Culture] ait été confié à ce personnage [Mohammad Mortada]" et qu'il s'agissait d'une "insulte à la magistrature que ce dernier soit un juge".
Mohammad Mortada était juge avant d'être nommé ministre.
Dans un message posté sur X, le député a rappelé que le préambule de la Constitution libanaise appelle le pays à respecter les pactes internationaux et la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui stipule que "le Liban est une démocratie parlementaire qui prospère grâce au respect des libertés générales, dont la première est le respect de la liberté d'expression et de croyance pour tous ses citoyens, sans distinction ni préférence".
اهانة للثقافة ان يكون لقب وزير منح لهذا الشخص
— Mark B. Daou ?️➕ (@DaouMark) August 12, 2023
اهانة للقضاء ان يكون لديه منصب قاضي
هذا يظن انه وزير الامر بالمعروف والنهي عن المنكر، ويعتقد اننا نعيش في دولة دينية وليس مدنية
هذا وزير يخاف من فيلم باربي، ومن بعض الالوان
اهانة للشعب اللبناني ان يكون هكذا شخص يدعي تمثيل الثقافة… https://t.co/8Am1Uz68qL
Marc Daou a rappelé au ministre que le Liban "n'est pas une république religieuse régie par des lois religieuses".
Dans un communiqué publié dimanche, le bureau de presse de M. Mortada a répondu au député sans le nommer : "Malheureusement, nous vivons à une époque où nous avons des députés pervers comme vous, en raison d'une loi électorale perverse (...) Que votre jalousie vous tue... vous, le député qui a été élu à cause d'une loi électorale perverse. Nous ne répondrons pas à vos absurdités".
Marc Daou a répondu dimanche aux écrits de Mortada : "Il se cache derrière son bureau... il formule des accusations et des insultes (...) révélant sa vraie nature laide et sale. Lorsque les fonctionnaires atteignent des niveaux aussi bas, il vaut mieux regarder Barbie que de perdre son temps avec eux".
Dans une autre déclaration publiée dimanche, M. Mortada a indiqué qu'il ne répondrait pas aux médias qui le critiquent pour avoir demandé l'interdiction du film "Barbie", décision qui a suscité de vives réactions dans le pays.
"Le film va à l'encontre des valeurs morales et religieuses du Liban, car il encourage la perversité et la transformation des genres, appelle au rejet du patriarcat tout en ridiculisant le rôle des mères", avait déclaré M. Mortada pour justifier sa décision de demander l'interdiction du film.
Cependant, le comité de censure des films au Liban, composé de représentants de la Sûreté générale et du ministère de l'Économie, a fait savoir vendredi qu'il n'avait aucune raison de demander l'interdiction de "Barbie", comme l'a confirmé à L'Orient-Le Jour une source au fait des travaux du comité.
La décision finale concernant l'interdiction ou non de ce film revient désormais à la Sûreté générale, selon cette source.
commentaires (32)
Marrant, le drapeau sur la photo rassemble les couleurs des partis politiques libanais…
Gros Gnon
09 h 59, le 17 août 2023