Deux Libanaises, deux projets qui ont récolté des récompenses

Chacune dans son domaine, Amale Andraos, architecte, et Rose Bechara oléicultrice, collectionnent les prix.

L’architecte Amale Andraos source d’inspiration pour Ripka

L’architecte libano-américaine n’a pas changé de discipline, mais elle a signé sa première collection de bijoux pour Judith Ripka, une américaine et pas des moindres puisqu’elle est reconnue comme « une des femmes entrepreneures les plus influentes du monde », récipiendaire du prestigieux DeBeer's Award for Outstanding Jewelry Design, intronisée au temple de la renommée des créateurs de mode américains par le CFDA (Council of Fashion Designers of America), et lauréate du Women’s Entrepreneurship Day Pioneer Award à l’ONU. Elle a même conçu des bijoux pour la Première dame des États-Unis Hillary Clinton, et d’autres personnalités publiques connues comme Oprah Winfrey. Pour cette année 2023, les bijoux Judith Ripka sont dessinés par Amale Andraos, ancienne doyenne de la Columbia Graduate School of Architecture, conseillère à la Columbia Climate School, et cofondatrice avec son mari Dan Wood du cabinet d’architecture new yorkais WORKac, concepteur du futur Beirut Museum of Art (BeMA). Ses croquis ont donné naissance à la collection Ayah. Bagues, colliers, boucles d’oreilles, volontiers d’inspiration Art déco, font la part belle à l’argent massif et au saphir blanc.

Collection Ayah signée Amale Andraos. Photo DR

Mieux encore, l’Académie américaine des arts et des lettres a décerné le prix Arts et Lettres 2023 en architecture au cabinet WORKac. Celui-ci avait reçu de la division new-yorkaise de l'American Institute of Architects, l’AIA New York Design, deux awards : l’un pour le projet résidentiel Marea conçu à Batroun, au Liban ; l'autre pour l’Adam Street Library, bibliothèque municipale à New York située au 9 Adams St, face au Brooklyn Bridge Park, avec vue imprenable sur le sud de Manhattan et ses gratte-ciels. La nouvelle bibliothèque est installée dans un bâtiment industriel de 1901 qui a été une usine de torpilles, puis une installation de recyclage avant de faire place à des appartements et des espaces commerciaux. Grâce à un dialogue entre ancien et nouveau, les architectes de WORKac ont donné au bâtiment existant un nouveau cycle de vie. Le bureau travaille actuellement sur le plan directeur du centre d’art Yerba à San Francisco, en Californie ; sur la rénovation des bureaux de Wieden+Kennedy London, et ceux de Columbia World Projects, une institution qui mobilise les chercheurs et universitaires à relever les défis de demain, auxquels l’être humain et la planète sont confrontés.

Rose Bechara brandit sa médaille d’or de la meilleure huile d’olive au monde

Après avoir reçu en 2020 la médaille d’or en Italie et celle d’argent au Japon, lors de deux concours internationaux mettant en compétition des huiles d’olive extra vierge, Rose Bechara Perini, créatrice de l’huile d’olive extra vierge Darmess, accroche trois nouveaux prix à son palmarès. Elle a reçu cette année deux médailles d’or, à la dernière édition de New York International Olive Oil Competition (NYIOOC) et de l’EVO-IOOC Italy International Olive Oil Contest, à Palmi ; ainsi que la médaille de bronze de l’Olympia Awards Greece pour les huiles phénoliques élevées dans la catégorie santé et nutrition. Force est de reconnaître que ces distinctions sont la confirmation de son engagement envers la qualité au fil des ans.

Rose Bechara Périni, créatrice de l’huile d’olive extra vierge Darmmess. Photo DR

C’est en 2019, à Deir Mimas, dans le caza de Marjeyoun, au Liban-Sud, qu’est née son huile d'olive extra vierge baptisée Darmmess – c’est ainsi que, dans leur dialecte, les villageois prononcent Dar Mimas. Surnommé le « Bordeaux des huiles d'olive libanaises », ce pittoresque petit village perché à 580 m d’altitude compte « 130 000 oliviers, dont l’âge moyen est de 600 ans, mais où l’on trouve aussi des centaines d’arbres vieux de 2000 ans », précise la jeune oléicultrice. Pour la petite histoire, elle décide de lancer sa marque quelques semaines avant la thaoura, la révolte populaire de 2019, puis réalise qu’elle n’avait plus accès à ses économies en raison des restrictions imposées par les banques. Persévérante, soutenue par son époux Stefano Perini, Rose Bechara s’accroche, envers et contre tout, surmonte la crise économique, la pandémie de Covid-19... Le succès sera au rendez-vous. Son credo ? Récolter les olives vertes, les presser le jour même, « car séparées de leur tiges, elles deviennent sensibles à l’oxydation et leur jus se dégrade». Le lendemain, l’huile est filtrée et immédiatement mise en bouteille. C’est un pur jus d’olive qui en sort.

Le score organoleptique de cette huile (le plus élevé au Liban 95/100) a poussé le chef pâtissier et artisan glacier Charles Azar à utiliser le produit pour créer « la glace à l'huile d'olive,» à base de yaourt, mélangée avec des confits d'olives et garnie de fleur de sel. Expérience insolite qui ravira les amateurs de nouvelles saveurs.