S’il est encore tôt pour parler d’une sortie de crise, le département de recherches de Bank Audi note dans son dernier rapport trimestriel l’amélioration de certains indicateurs économiques qui, à moyen et long termes, pourraient entraîner une reprise de l’activité économique. Des améliorations qui ont eu lieu malgré un statut quo politique qui dure depuis plus d’une dizaine de mois et qui permettent d’avoir un peu plus de visibilité à long terme.
Dans ce cadre, le Fonds monétaire international (FMI) a publié fin juin, pour la première fois depuis 2019, son rapport annuel élaboré conformément à sa mission de surveillance des États-membres, selon la procédure prévue par l’article IV de ses statuts. Ce texte alerte tout particulièrement sur les pertes exorbitantes provoquées par le report du lancement des réformes prévues dans l’accord préliminaire (Staff-Level Agreement ou SLA) signé en avril 2022 entre le FMI et les autorités.
Pour le département de recherches de Bank Audi, ce rapport « semble assez constructif ». D’une part, parce qu’il « décrit bien la crise et ses résultats, tout en soulignant équitablement les responsabilités et les défis », et d’autre part, parce qu’il définit clairement ses recommandations en matière de politiques budgétaire et monétaire et de réformes bancaires, pour une sortie de crise.
Des indicateurs positifs
En ce qui concerne les signaux positifs, les auteurs du rapport notent le regain d’activité au niveau de la consommation privée lors des six premiers mois de l’année, porté notamment par les revenus générés par le secteur touristique et le retour des expatriés pour y passer des vacances, alors que les secteurs agricole et industriel peinent encore à renouer avec la croissance. Le nombre de passagers à l’Aéroport de Beyrouth a ainsi enregistré une augmentation de 23,2 % au cours du premier semestre, atteignant 3 160 979 passagers à juin 2023, contre 2 566 113 passagers lors de cette même période l’an dernier.
Autre indicateur positif : le rapport relève une amélioration de la balance des paiements – soit la différence entre l’ensemble des flux d’actifs réels, financiers et monétaires entre les résidents d’une économie et les non-résidents – au cours des cinq premiers mois de l’année. Si celle-ci avait enregistré un déficit de 3,2 milliards de dollars sur l’ensemble de l’exercice 2022, elle est repassée dans le vert jusqu’à mai 2023, avec un surplus de 1,2 milliard de dollars. Une situation qui est due à une contraction de 0,8 milliard de dollars des avoirs extérieurs nets de la Banque du Liban, alors que les avoirs extérieurs nets des banques ont augmenté de 2 milliards de dollars, notent les auteurs.
Selon eux, la baisse des réserves de change de la Banque du Liban au cours de cette période s’explique en grande partie par son intervention sur la plateforme Sayrafa conformément à la circulaire n° 161, à travers laquelle elle injecte des dollars sur le marché. Cela a contribué à freiner l’effondrement rapide de la monnaie nationale sur le marché parallèle, tout en stabilisant son taux.
Le secteur bancaire
Au niveau financier, le rapport revient sur la chute vertigineuse des dépôts en banque depuis le début de la crise économique. Ce niveau est ainsi passé de 168,4 milliards de dollars à fin octobre 2019 à 97,3 milliards de dollars à fin mai 2023, ce qui représente une baisse de 42 % des dépôts. Dans le détail, les dépôts en devises ont diminué de 30,4 milliards de dollars sur cette période, passant à 93,5 milliards de dollars, tandis que les dépôts en livres libanaises ont baissé de 5,7 mille milliards de livres pour atteindre le niveau de 61,7 mille milliards de livres en mai 2023. Le département de recherches de la banque note ainsi que la dollarisation des dépôts est passée de 73,4 % en octobre 2019 à 95,8 % en mai 2023.
En ce qui concerne les prêts, leur niveau a enregistré une chute de 82,5 % pendant cette période, pour atteindre 9,5 milliards de dollars en mai. De leur côté, les fonds propres se sont contractés, passant de 20,6 milliards de dollars à fin octobre 2019 à 5,2 milliards de dollars à fin mai 2023, en raison des pertes nettes des banques.
Cette perte de confiance dans le secteur bancaire transparaît aussi à travers l’ampleur qu’a prise l’économie du cash pendant ces dernières années. Celle-ci a en effet été récemment estimée par la Banque mondiale à 9,9 milliards de dollars en 2022, soit 46 % du PIB, alors qu’elle atteignait 4,5 milliards de dollars en 2020 et 6 milliards de dollars en 2021. Or cette croissance se fait au détriment de l’intermédiation bancaire et financière, elle-même nécessaire à la croissance de la production du pays, soulignent les auteurs du rapport de Bank Audi.
« Lorsque l’économie du cash se développe, l’économie informelle se développe avec tous les inconvénients qui l’accompagnent, du blanchiment d’argent à l’évasion fiscale », notent-ils, ce qui affaiblit à son tour l’efficacité des politiques monétaires et la capacité de l’État à atteindre ses objectifs budgétaires. Pour cela, ils concluent qu’il « est urgent d’adopter un plan global de sauvetage économique et financier », qui soit capable de « rétablir le rôle du secteur financier en tant que principal intermédiaire financier dans le pays ».
Le tourisme, une arme salvatrice pour les uns, et plutôt un motif pour abuser davantage des gens lésés par la crise. En d'autres termes, les commerçants, et les hôteliers et restaurateurs, le transport privé, etc...trouvent leurs gains, tandis que les autres subissent les hausses de prix de l'alimentation surtout, car il y a une demande accrue pour faire bouffer ces nouveaux consommateurs qui payent en touristes. Surtout, les fruits et légumes qui ont dépassés leurs prix au dollar de 1500, et les gens moyens n'arrivent pas à acheter à des prix très élevés. Et ceci a relation avec la sécurité alimentaire de la majorité des citoyens. Contrairement aux voix qui s'élèvent contre l'importation de Syrie, il faut plutôt veiller à faciliter le passage des fruits et legumes6 de Syrie et d'ailleurs.
17 h 54, le 07 août 2023